Après avoir essayé le Rassemblement national, on essaiera quoi? Le suicide collectif?

Un bulletin de vote Rassemblement national lors du premier tour des élections législatives à Pau, le 30 juin 2024. | Gaizka Iroz / AFP
Un bulletin de vote Rassemblement national lors du premier tour des élections législatives à Pau, le 30 juin 2024. | Gaizka Iroz / AFP

Parmi toutes les raisons avancées par les électeurs du Rassemblement national pour expliquer leur vote, une retient particulièrement l'attention: celle de l'essai. Ces braves gens considèrent qu'après avoir donné leur chance à la gauche, à la droite et au centre, l'heure est venue d'essayer l'extrême droite. Je les comprends. Moi aussi, après avoir tout essayé pour déboucher mon évier, bicarbonate de soude, ventouse, Destop, vinaigre blanc, j'ai opté pour une solution bien plus radicale, le bâton de dynamite. Résultat, l'évier a volé en mille morceaux mais au moins, il n'est plus bouché.

On m'excusera pour cette métaphore plombière mais c'est tout ce que j'ai trouvé pour qualifier l'absurdité d'un pareil raisonnement. Choisir un candidat au seul motif que les autres auraient échoué ressemble à une mission suicide. Autant proposer à une personne qui aurait tout tenté pour perdre quelques kilos de s'amputer directement d'une jambe. Certes, sur sa balance, il remarquera une différence de poids mais j'ai peine à croire que sa nouvelle vie d'unijambiste le comblera d'aise. Il aura maigri contre une vie de misère.

On ne choisit pas le prochain parti amené à diriger la France comme on choisit un baril de lessive. Ou un nouvel aspirateur. L'enjeu est trop grave pour céder à cette impulsion un peu infantile de changer pour changer. Ce serait comme de confier toutes ses économies au premier bonimenteur venu, une fois épuisé tous les modes d'épargne possibles. Quand on s'aperçoit de son erreur, il est trop tard: l'escroc a disparu et avec lui, tout son argent.

Qu'attendre d'un parti qui prévoit d'opérer une sélection entre les Français, si ce n'est une cascade de malheurs où la France cesserait d'être elle-même pour épouser le destin d'une nation paria, rejetée de tous? On ne bâtit rien dans l'anarchie ou le désordre. L'histoire est là pour nous le rappeler: quand la France s'est…

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