Ce sondage sur les législatives n’est pas si flatteur avec la majorité que ce que Gabriel Attal veut bien dire

Qui pour faire barrage au RN ? Ce qu’Attal ne dit pas avec ce sondage (photo prise le 20 juin)
ALAIN JOCARD / AFP Qui pour faire barrage au RN ? Ce qu’Attal ne dit pas avec ce sondage (photo prise le 20 juin)

POLITIQUE - Question de point de vue. Gabriel Attal a affirmé, ce jeudi 20 juin, lors d’une conférence de presse pour présenter le programme de son camp pour les élections législatives, constituer le meilleur rempart possible contre le Rassemblement national. Lui, et ses troupes.

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Pour cela, le Premier ministre s’appuie avant tout sur un sondage réalisé par Opinionway et publié le matin même par le quotidien local La Montagne. « Au deuxième tour d’une élection législative, il y a plus de chance pour battre un candidat du RN d’avoir un candidat ensemble pour la république (ceux qui soutiennent le président) que d’avoir un candidat de la Nupes, c’est étayé », a-t-il ainsi expliqué.

Dans son sillage, plusieurs comptes influents liés à la macronie ont publié la même étude avec gourmandise sur les réseaux sociaux pour encourager un semblant de « vote utile » contre le parti lepéniste, tout en fustigeant les contours du Nouveau Front populaire. Mais qu’en est-il vraiment ?

Les macronistes pas barragistes

Le sondage cité dans l’article de La Montagne indique effectivement qu’en cas de second tour entre un représentant du RN et un du NFP, 41 % des électeurs préféreraient une victoire de l’extrême droite (contre 34 % pour la gauche.) A contrario, dans un duel qui opposerait un macroniste à un candidat lepéniste, 44 % de la population préférerait la victoire du candidat soutenant le président de la République (contre 36 % pour un candidat du Rassemblement national.)

L’affirmation du Premier ministre sur le bloc le mieux placé pour faire « barrage » lors d’un second tour n’est donc pas insensée. Il n’empêche. Derrière cet argument, se cache une autre réalité opportunément tue par le chef du gouvernement : les électeurs de la macronie, eux, n’ont pas prévu de se mobiliser pour battre l’extrême droite face à la gauche. C’est en tout cas l’autre enseignement majeur des chiffres publiés par le quotidien local, et pas franchement glorifié par la coalition au pouvoir depuis 7 ans.

Pour résumer : en cas d’élimination du candidat de l’alliance NFP au premier tour, le report de voix vers le représentant du bloc central est effectivement conséquent. Il apparaît en revanche bien moins puissant en faveur de la gauche, dans le cas d’une élimination d’un candidat macroniste après le premier tour.

Les résultats de la campagne Macron-Attal

De là à voir derrière cette tendance les fruits d’une campagne qui tend à mettre le RN et le Nouveau Front populaire sur le même plan, il n’y a qu’un pas. Que certains n’hésitent pas à franchir, à l’image de l’ancien ministre Aurélien Rousseau, désormais candidat du NFP dans les Yvelines.

« C’est à se demander si Renaissance et lui (le président de la République) ont un autre adversaire que le Nouveau Front populaire. Cette stratégie, ces prises de position où tout est mélangé et relativisé, ne font que renforcer le Rassemblement national », souffle-t-il dans un entretien à L’Express alors qu’on ne compte plus le nombre de candidat ou ministres du camp Macron qui refusent pour l’instant de dire clairement qu’ils voteront pour la gauche face au RN.

Difficile dans ce contexte, de demander à ses électeurs de voter pour un candidat du Nouveau Front populaire après avoir fait de ce camp un péril aussi dangereux - si ce n’est davantage - que l’extrême droite. Et plutôt facile, en conséquence, de se présenter comme le meilleur barrage… Grâce aux électeurs de gauche.

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