Tout sauf le RN ou ni-ni? Le camp présidentiel divisé sur ses consignes de vote après le premier tour des législatives

Pas facile de s'y retrouver. Depuis que le premier tour des élections législatives a rendu son verdict ce dimanche 30 juin, avec le Rassemblement national en tête, les différentes figures du camp présidentiel ne disent pas tout à fait la même chose sur la stratégie à adopter.

Ceux qui ont appelé à faire barrage à l'extrême droite lors des deux élections d'Emmanuel Macron à la présidence de la République, varient dans leurs positions, entre ni RN-ni LFI, le cas par cas et l'opposition claire à l'extrême droite.

Le président de la République a lui-même laissé des portes ouvertes dans sa réaction dimanche, appelant à un "large rassemblement clairement démocrate et républicain" contre le Rassemblement national. Sans que l'on sache véritablement qui fait exactement partie de ce vaste ensemble, d'autant que le camp présidentiel a pris le soin depuis des mois d'exclure à la fois LFI et le RN du "champ républicain".

Précision plus tard dans la soirée: le président a demandé dimanche soir à ses équipes d'étudier chaque circonscription pour trouver des alliances, y compris avec certains insoumis, pour faire barrage au RN, a appris BFMTV. Le but étant de faire du "cas par cas" en fonction des profils.

Rien de très clair pour autant à l'heure où nous écrivons ces lignes. Ce qui renforce par ailleurs les interrogations sur l'effet des consignes de votes, d'autant qu'elles sont moins suivies désormais. Le brouillard macroniste, déjà largement présent dimanche, l'est toujours ce lundi. BFMTV.com fait le point sur les réactions des uns et des autres.

• Appel clair à voter contre l'extrême droite

Certains ont tranché sans ambages, appelant à faire front face à l'extrême droite, quitte à voter pour des insoumis. Parmi eux: Clément Beaune, ancien ministre des Transports souvent présenté comme le tenant d'une aile gauche de la majorité sortante.

Celui qui a échoué à se faire réélire à Paris n'y est pas allé par quatre chemins ce lundi sur France info:

"La menace concrète pour le pays, ce n'est pas LFI, c'est bien le RN qui va peut-être avoir une majorité", a affirmé l'ancien conseiller d'Emmanuel Macron, répétant ce qui est loin d'être une évidence dans son parti.

"Il ne faut pas mettre de signe égal entre le Rassemblement national et aucune autre formation politique."

Même son de cloche du côté de Rima Abdul-Malak, ancienne ministre de la Culture, également débarquée du gouvernement en janvier après avoir, tout comme Clément Beaune, fait savoir son désaccord sur la loi immigration. Cette dernière a adressé un message à ses "amis de la majorité présidentielle" sur X, écrivant:

"Le Nouveau Front populaire n’est pas que LFI et LFI n’est pas que Mélenchon. Le dépassement, c’est maintenant."

Roland Lescure s'est lui fendu d'un communiqué ce dimanche. Tout en pointant des "personnalités infréquentables" à LFI, le ministre de l'Industrie met en avant "le vrai danger pour la France" à savoir "une majorité absolue pour le Rassemblement national", à l'issue du second tour des élections législatives.

En ce sens, il "appelle donc tous les électeurs à faire barrage à l'extrême droite sans états d'âme en votant pour le candidat alternatif le mieux placé au premier tour".

Voter pour certains insoumis mais trancher au cas par cas

D'autres macronistes ne sont pas allés jusque-là, à commencer par Gabriel Attal. Le Premier ministre a d'abord martelé que "pas une voix ne doit aller à l'extrême droite", depuis l'hôtel de Matignon dimanche.

Mais dans le même temps, il a livré une formule qui pourrait, dans son esprit, exclure à minima certains insoumis. Celle d'appeler au "désistement de nos candidats, dont le maintien en troisième position aurait fait élire un député Rassemblement national face à un autre candidat qui défend, comme nous, les valeurs de la République."

Viens ensuite Yaël Braun-Pivet. La présidente sortante de l'Assemblée nationale s'est présentée comme "quelqu'un de nuancé" ce lundi 1er juillet sur BFMTV-RMC, assumant de faire "du cas par cas". Autrement dit, la députée sortante des Yvelines n'a "aucune difficulté" à appeler à voter pour des communistes, des socialistes ou des écologistes contre l'extrême droite.

En revanche, concernant les candidats insoumis, elle fait un "distinguo". Pour illustrer son propos, Yaël Braun-Pivet a cité les insoumis "Caroline Fiat et David Guiraud", qualifiant l'une de "grande républicaine" et accusant l'autre de ne pas "adhére[r] aux valeurs de la République" et d'"exprime[r] des idées antisémites".

François Bayrou a prôné un discours similaire dimanche sur TF1, appelant à "regarder circonscription par circonscription". "J'ai un problème avec LFI, pas avec François Ruffin, qui a pris clairement et même violemment ses distances à l'égard de Mélenchon", a affirmé le patron du MoDem et maire de Pau.

• Ni le RN, ni LFI pour plusieurs figures du camp présidentiel

Reste ceux qui apparaissent comme les partisans d'un ni LFI, ni RN. Tel est le cas d'Édouard Philippe. L'ancien Premier ministre a ainsi jugé qu'"aucune voix ne doit se porter sur les candidats du Rassemblement national, ni sur ceux de La France insoumise avec lesquels nous divergeons non pas seulement sur des programmes, mais sur de valeurs fondamentales."

Déclarations similaires du côté d'Aurore Bergé. "Mon adversaire a toujours été le Rassemblement national, mais si vous me demandez ma position personnelle, je n'appellerai jamais à voter pour La France insoumise et c'est très clair", a déclaré la ministre de l'Égalité entre les hommes et les femmes sur France 2 dimanche.

Le lendemain, c'est Bruno Le Maire qui s'en est tenu à ce discours, provoquant la colère et l'émotion de la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier. Lui aussi appelle au vote PS, PCF ou écolo contre l'extrême droite.

Néanmoins, "je ne vote pas pour La France insoumise", a-t-il dit sur France Inter, dénonçant notamment des "positions qui sont contre la nation française", de "'l'antisémitisme" et de la "violence".

Article original publié sur BFMTV.com