Sécheresse: malgré un léger mieux, 40.000 Français sont privés d'eau potable

La France souffre toujours de la sécheresse. La majorité des nappes phréatiques (62%) conservent un niveau en dessous des normales de saison.

Sécheresse: malgré un léger mieux, 40.000 Français sont privés d'eau potable

Les effets d'un été pluvieux en France? Les orages estivaux ont permis de légèrement recharger les nappes phréatiques dans le nord-ouest du pays. L'Hexagone évite - de peu - le scénario catastrophe de l'été 2022.

Pourtant, sur le front de la sécheresse, la situation française reste a minima "préoccupante" selon Violaine Brault, hydrogéologue au bureau de recherches géologiques et minières. Sur 62% du territoire, le niveau des nappes est en dessous des normales de saison. Soit 10 points de moins qu'en juillet de cette année, un léger mieux. Mais aussi une petite amélioration vis-à-vis des 77% connus l'année dernière.

"[En 2022] 77% d'entre elles se trouvaient sous les moyennes et 20% [étaient] très basses", comme l'a souligné mercredi soir le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu dans Libération. Malgré tout, "la crise de l'eau n'est pas derrière nous".

Une situation très variable

Un mieux, oui, mais pas partout. "On a des secteurs dont les niveaux sont beaucoup plus satisfaisants comme en Bretagne ou en Lorraine. Mais nous avons aussi des niveaux qui sont beaucoup plus bas, c'est notamment le cas du couloir du Rhône, de la Saône et le pourtour méditerranéen ", récapitule Violaine Brault.

À Paris, 467 mm d'eau sont déjà tombés sur la ville, sur les 634 mm attendus en moyenne sur l'année. La capitale a donc récolté 74% de son objectif pluviométrique annuel, trois mois avant la fin de l'année. Un bon score lorsqu'on le compare à d'autres villes, notamment du Sud.

À Perpignan, seulement 36% du volume annuel de pluie a été récolté depuis le 1er janvier, pire, à Montpellier, avec seulement 29%. La ville de l'Hérault n'a vu tomber que 183 mm de pluie, contre les 639 mm attendus au fil de 2023.

Plus surprenant, à Brest (Finistère), il tombe en moyenne 1230 mm d'eau par an, soit 123 cm. Pourtant, ne sont tombés dans la ville bretonne que 503 mm, 41% des normales.

40.000 Français sans eau potable

Les conséquences de la sécheresse sont très tangibles pour de nombreux Français. Les nappes phréatiques sont les principales réserves d'eau potable françaises. Celles-ci ne se rechargent d'ailleurs pas en permanence, même lors de pluies intenses, en général, elles recommencent à se gorger à partir du mois d'octobre.

Selon Christophe Béchu, à la date du 8 septembre, 189 communes étaient privées d'eau potable, soit deux fois plus que le 10 août. Une situation certes moins critique que l'an dernier à la même époque, où quelque 700 communes étaient affectées.

"La crise de l'eau n'est pas encore derrière nous", a-t-il tout de même appuyé.

En moyenne, chaque année, un Français consomme 54.000 litres d'eau, soit l'équivalent de 5 camions-citernes. Un volume qui varie en fonction des habitudes de vie, comme le nombre de passages aux toilettes ou l'utilisation d'un lave-vaisselle.

Pour 40.000 Français, il faut cependant conserver la moindre goutte. Pour leur venir en aide, Christophe Béchu veut améliorer l'interconnexion des réseaux d'eau, grâce à de nouvelles campagnes lancées en octobre.

Ces mesures pourraient cependant être insuffisantes face à une situation certainement encore davantage dégradée en 2024. L'année prochaine sera toujours "probablement en tension" selon le BRGM, du fait de l'accumulation des déficits.

Un scénario qui pourrait être évité en cas de pluies particulièrement abondantes tout au long de l'automne et de l'hiver, et même au printemps. L'experte pointe des prévisions délicates en raison des effets du dérèglement climatique.

Article original publié sur BFMTV.com

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