"Revanche", "circonstances historiques": à peine élues, ces eurodéputées sont reparties dans la bataille des législatives

Pour battre la campagne des législatives, il vaut mieux avoir du souffle. Surtout si vous n'avez qu'une heure pour vous remettre du marathon des européennes. Le 9 juin, à 20 heures les résultats tombent: l'insoumise Emma Fourreau (LFI) et les RN Anne-Sophie Frigout et Marie Dauchy sont élues au Parlement européen. Mais pas le temps de relâcher la pression et de profiter. Une heure plus tard, Emmanuel Macron dissout l'Assemblée nationale et une nouvelle campagne commence pour elles. Chacune investies par leur parti, elles sont désormais candidates aux élections législatives.

Si en vertu de la loi, elles ne pourront pas cumuler les deux postes, ce n'est pas le sujet du moment. L'heure est au sprint avant le premier tour prévu le 30 juin, pas au choix entre les deux mandats.

Le RN, "jamais aussi proche du pouvoir"

Anne-Sophie Frigout, en 8e position sur la liste de Jordan Bardella aux élections européennes, était assurée de rejoindre la délégation d'extrême droite à Bruxelles. Elle est aujourd'hui la candidate RN de la deuxième circonscription de la Marne.

Entre la large victoire de Jordan Bardella, qui a raflé la première place aux élections européennes, avec 31,4% des voix, et la dissolution, Anne-Sophie Frigout n'a pas de doutes: "On doit y aller à fond, une dynamique nous porte".

"Les circonstances sont historiques, justifie-t-elle, on n'a jamais été aussi proche du pouvoir". Dans sa circonscription, son parti a terminé premier le 9 juin, avec 33,6% des voix.

Avec une campagne très courte -3 semaines entre les européennes et le premier tour des législatives- "il y a peu de chances que les Français changent leur vote", veut-elle croire.

D'après notre sondage Elabe du 22 juin, les élections législatives pourraient en effet voir le RN remporter une deuxième victoire. Le parti reste premier des intentions de vote avec 36% au premier tour, devant le Nouveau Front populaire à 27%. Distancé, le bloc présidentiel, arrive en troisième position, avec 20%.

"Oui, j'aurais pu ne pas y aller et garder une forme de confort", détaille la candidate, qui a déjà siégé à l'Assemblée quelques mois, au début de la précédente législature. Elue en juin 2022, le Conseil constitutionnel a annulé l'élection après un recours de son adversaire macroniste Laure Miller. Lors des nouvelles élections, elle perd cette fois de peu en janvier 2023. "J'ai une revanche à prendre pour mes électeurs", assure-t-elle.

Empêcher "l'extrême droite au pouvoir"

Plusieurs centaines de kilomètres à l'ouest, Emma Fourreau, en 9e position sur la liste, est la seule candidate insoumise élue aux européennes à se présenter aux législatives. Pour la candidate du Nouveau Front populaire (NFP) dans la première circonscription du Calvados, "la dissolution a changé la donne".

"Par stratégie politique, pour maximiser nos chances de l'emporter, il fallait blinder la circonscription", assume la co-animatrice des Jeunes insoumis. "Et donc investir les candidats les plus à même de remporter l'élection."

Aux européennes, dans sa circonscription, le Parti socialiste, le Rassemblement national et Renaissance ont chacun rassemblé 20% des voix. Déjà candidate aux législatives en 2022, il lui a manqué 200 voix pour être élue. 0,5% d'écart, face au candidat de la majorité présidentielle.

Sa candidature est en forme de barrage contre le Rassemblement national. "À Bruxelles, j'aurais pu défendre la condition animale, et la bifurcation écologique. Des sujets qui se décident surtout au niveau européen". Mais "ce ne sont pas des élections législatives classiques", précise Emma Fourreau. "Il y a le risque de l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir".

"Oui, j'aurais préféré siéger tranquillement à Bruxelles, et pouvoir me reposer après la campagne intense menée avec la France insoumise", assure Emma Fourreau. Si elle remporte l'élection du 7 juillet, direction l'Assemblée nationale. Le premier candidat non élu sur la liste insoumise prendra sa place au parlement européen.

Le choix d'un "mandat plus local"

Dans la montagnarde 3e circonscription de Savoie, la campagne s'annonce aussi sportive pour Marie Dauchy, eurodéputée RN, réélue le 9 juin dernier. Elle est arrivée en 2022 au Parlement européen, après l'élection à l'Assemblée nationale de sa collègue Hélène Laporte.

"Pendant mon mandat à Bruxelles, je suis restée conseillère municipale. La circonscription d'un député européen, c'est la France". Trop vaste pour celle qui "souhaite [s]'implanter davantage sur [s]on territoire". "Députée, c'est un mandat plus local".

Déjà candidate aux législatives en 2017 et 2022, elle n'a jamais atteint le second tour. Son adversaire, la députée LR Émilie Bonnivard, a largement été réélue. Mais Marie Dauchy veut y croire. Le 9 juin dernier, la liste du RN est arrivée très largement en tête dans la 3e circonscription de Savoie. Avec 35,5% des voix, contre 14% pour Raphaël Glucksmann.

"J'espère que les Français vont continuer de se mobiliser, et qu'une victoire va en appeler une autre". Jordan Bardella l'a assuré aux candidats en visioconférence après le scrutin: "Les européennes c'était un tour de chauffe."

Article original publié sur BFMTV.com