Restreindre l’accès à l’IVG augmente le taux de suicide chez les femmes, confirme une étude

Demonstrators march behind a banner reading 'Abortion is fundamental right' as they take part in an abortion rights rally on the annual International Safe Abortion Day in Paris on September 28, 2022. (Photo by Christophe ARCHAMBAULT / AFP) (Photo by CHRISTOPHE ARCHAMBAULT/AFP via Getty Images)

Le nombre de suicides chez les femmes en âge de procréer augmente considérablement dans les mois qui suivent des lois restreignant ou interdisant l’avortement.

AVORTEMENT - Un résultat sans surprise. Outre les dangers sanitaires des avortements clandestins, une étude publiée le 28 décembre 2022 dans la revue JAMA Psychiatry, révèle que le taux de suicide chez les femmes en âge de procréer augmente significativement lorsque l’accès à l’IVG est restreint ou aboli.

Cette étude, réalisée de 1974 à 2016, est la première du genre à vérifier si l’accès aux soins reproductifs est directement associé au suicide. Pour cela, les scientifiques ont analysé les taux de suicide avant et après le vote de lois restreignant l’avortement, et ont observé une augmentation « un taux annuel de suicide 5,81 % plus élevé que dans les années précédant l’application de la loi ».

Cette augmentation concerne uniquement les femmes entre 18 et 45 ans. Les femmes plus âgées, et donc pas en âge de procréer, ne semblent pas affectées par cette conséquence tragique. « [Les chercheurs] ont effectué la même analyse pour toutes les femmes âgées de 45 à 64 ans entre 1974 et 2016. Ils n’ont trouvé aucun effet », précise Ran Barzilay, co-auteur des recherches, dans un communiqué.

La santé mentale au cœur du problème

Selon les scientifiques à l’origine de l’étude, les résultats sont essentiels pour alerter et sensibiliser sur ce phénomène. Le suicide représente actuellement la deuxième et la troisième cause de décès chez les jeunes femmes, respectivement de 20 à 24 ans et de 25 à 34 ans. « Les cliniciens doivent être conscients du stress supplémentaire qu’engendre l’accès restreint aux soins de santé reproductive en ce qui concerne les soins cliniques et la prévention du suicide chez les femmes en âge de procréer », indique l’enquête.

L’étude admet toutefois un biais. Les chercheurs n’ont pas eu accès aux dossiers médicaux des patientes s’étant suicidées. Ils ne sont donc pas en mesure d’analyser des éléments relevant de leur santé mentale ou de leurs expériences personnelles qui auraient pu mener au suicide. « Cette association solide [entre suicide et loi anti-avortement] reste soutenue par les données », tient toutefois à appuyer Ran Barzilay.

D’autant plus que l’étude Turnaway, menée par l’Université de Californie à San Francisco, a montré que les femmes sont plus susceptibles de souffrir d’anxiété et de perte d’estime de soi à court terme après s’être vues refuser un avortement. Diana Greene Foster, co-autrice de l’enquête, a d’ailleurs fait savoir qu’elle ne comprend pas pourquoi, avant d’invalider l’arrêt Roe c. Wade, la Cour suprême des États-Unis n’a pas pris en considération les études qui montrent les multiples impacts négatifs associés à un refus de l’accès à l’avortement.

« C’est un véritable cauchemar. C’est un mépris total pour le bien-être des femmes, des hommes, des familles, des enfants. L’idéologie prime sur leur bien-être », déclarait-elle à Radio-Canada en juillet dernier.

VIDÉO - Line Papin : "D’où vient cette culpabilité que ressentent certaines femmes lors d’un avortement ?"

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