Reconnaissance de l’État palestinien : pourquoi Jean-Yves Le Drian appelle la France à le faire

L’ancien ministre des Affaires Étrangères et de la Défense estime qu’une reconnaissance est « indispensable » pour permettre la mise en place de la solution à deux États.

La reconnaissance par la France de l’État palestinien est « indispensable » pour apaiser de façon durable la situation au Moyen-Orient, juge l’ancien ministre des Affaires Étrangères et de la Défense Jean-Yves Le Drian ce samedi 25 mai, en marge du conflit entre Israël et le Hamas qui s’enlise. Une demande déjà exprimée et qu’il réitère quelques jours après la décision en ce sens de plusieurs pays d’Europe, dont l’Espagne.

Reconnaissance d’un État palestinien : ce que change la décision de l’Irlande, l’Espagne et la Norvège

« À titre personnel, je pense que cette reconnaissance est devenue indispensable si l’on veut maintenir en vie la solution de deux États, se développant dans des frontières sûres et respectées », estime Jean-Yves Le Drian dans une interview au Parisien. « Poser cet acte donnerait une force nouvelle à la seule solution politique possible à nos yeux. Sinon, c’est la guerre sans fin et, au-delà du drame qui frappe la population palestinienne de manière indiscriminée, jamais Israël ne sera en sécurité », ajoute-t-il.

À ce jour, 139 pays sur les 193 États membres de l’ONU, principalement des pays arabes, mais aussi asiatiques, africains et sud-américains, ont reconnu l’État de la Palestine. Le 22 mai, l’Irlande, l’Espagne et la Norvège ont annoncé leur intention de le faire prochainement.

Quid de la France ? Le ministre des Affaires Étrangères français Stéphane Séjourné a fait savoir que la reconnaissance n’était « pas un tabou pour la France » mais que les conditions ne sont pas réunies « à ce jour pour que cette décision ait un impact réel » sur le processus visant la solution à deux États. « Cette décision doit être utile, c’est-à-dire permettre une avancée décisive sur le plan politique », a souligné Stéphane Séjourné dans une déclaration écrite à l’AFP « Dans cette perspective, elle doit intervenir au bon moment pour qu’il y ait un avant et un après », a-t-il ajouté.

Son prédécesseur au Quai d’Orsay ne se prononce pas sur le moment idéal à ses yeux pour franchir ce cap. Mais il met en garde contre « l’impasse tragique » actuelle avec « la radicalisation des extrêmes » que sont le Hamas et « la réponse disproportionnée » israélienne. Il dénonce ainsi « la violence sans borne sous la responsabilité du Premier ministre Netanyahou, sans définition d’un but de guerre réaliste » et l’« usage de l’hyperviolence indiscriminée, ne respectant pas le droit international. » « Cela produira des générations de terroristes », met-il en garde.

Après huit mois de guerre, la riposte israélienne aux attaques du 7 octobre est de plus en plus critiquée et la pression s’accentue sur le Premier ministre Benjamin Netanyahu. La Cour Pénale Internationale a requis un mandat contre le chef de gouvernement israélien et certains de ses ministres, ainsi que contre le mouvement islamiste du Hamas. La France, à l’opposé des États-Unis, a soutenu ces demandes.

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