Le Rassemblement national ne veut pas qu’on le qualifie d’extrême droite, voilà ce que ça veut dire

POLITIQUE- C’est son cheval de bataille depuis des décennies, mais peut-être plus encore dans les perpectives des élections européennes. Comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article, le Rassemblement national mène une lutte permanente - et vaine pour le moment - pour tenter de faire disparaître le terme d’extrême droite qui lui colle à la peau.

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Ce qui ne date pas d’hier. Lorsqu’elle devient présidente du Front national en 2011, Marine Le Pen a une mission : faire du parti hérité de son père un parti comme les autres. Un processus de dédiabolisation qui passe par un changement de nom en 2018 lorsque le Front national devient Rassemblement national. Mais la nouvelle cheffe lepéniste martèle aussi inlassablement que son parti n’est pas d’extrême droite. « C’est un mensonge ! » s’écrie-t-elle au micro de RTL le 6 mars 2018.

Pourtant le Rassemblement national est bien d’extrême droite et c’est le Conseil d’État qui le dit. En effet, en 2023, le Rassemblement national a profité des élections sénatoriales pour tenter une opération… qui s’est finalement retournée contre lui.

Alors que ses candidats étaient placés dans le bloc « extrême droite » de la circulaire du ministère de l’Intérieur, le parti a saisi le Conseil d’État et dénoncé une « erreur manifeste d’appréciation », qui avait de quoi porter « atteinte à la sincérité du scrutin ».

Résultat, ces arguments sont contestés par les juges et la requête est rejetée quelques jours avant le scrutin. Un rejet à nouveau confirmé en mars dernier.

L’urgence des élections européennes

Mais, aujourd’hui, à l’aube des élections européennes, cette bataille sémantique devient urgente pour le RN. Le parti lepéniste siégeait jusqu’ici au sein du groupe ID, Identité et démocratie au Parlement européen. Mais il a récemment rompu avec l’un de ses alliés les plus embarrassants, le parti d’extrême droite allemand, l‘AfD, après une nouvelle saillie aux relents néonazis proférée par sa tête de liste.

Alors, pour peser le plus possible au parlement européen, le RN doit désormais se trouver de puissants nouveaux alliés et fait donc les yeux doux au parti Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni, qui fait lui partie du groupe des Conservateurs et Réformistes européens, le bloc de la droite conservatrice européenne.

Cette alliance est encore incertaine. Mais même si le RN réussit à s’allier à des partis moins sulfureux au parlement européen, il suffit de regarder (au-delà de son histoire) le programme politique du RN, basé sur la préférence nationale et avec pour ligne directrice le rejet de l’immigration, pour affirmer que le Rassemblement national est bien d’extrême droite.

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