Qui sont les Frères Musulmans, avec qui "Benzema est en lien notoire" selon Darmanin

"Monsieur Benzema est en lien, on le sait tous, notoire avec les Frères Musulmans...". Au cours d'une interview sur le plateau de CNews, Gérald Darmanin a accusé le Ballon d'Or et ancien international français de lien avec les Frères Musulmans, qu'il qualifie d'"hydre (monstre à plusieurs têtes, ndlr), parce qu’ils donnent un djihadisme d’atmosphère comme le disait Gilles Kepel".

Les Frères Musulmans sont une organisation religieuse, politique et sociale créée en 1928 en Égypte par Hassan al-Banna. Objectif de l'époque : se débarrasser du joug britannique et prendre le pouvoir dans un pays à nouveau imprégné des valeurs de l'islam.

Au pouvoir en 2011 en Égypte

Pour séduire les Égyptiens, ils optent pour l'organisation d'activités caritatives et sociales qui font une large place à la religion. Mais en 1948, son fondateur est assassiné. Ils optent alors pour la violence politique, et créent une branche armée secrète et clandestine avec comme ennemis les colons britanniques puis l'armée, qui réprime durement le mouvement sous Nasser, rappelle Le Monde.

Reconnus comme organisation religieuse en 1984, ils présentent des candidats à chaque élection jusqu'à remporter les élections après le printemps arabe en 2011. Puis un an plus tard, l’armée reprend le pouvoir, dissout le mouvement et condamne à mort plusieurs de ses leaders. Le mouvement est alors classé comme organisation terroriste dans le pays qui l'a vu naître.

Le Hamas, une émanation des Frères Musulmans

D'autres pays classent également les Frères Musulmans comme une organisation terroriste: la Russie, les Émirats arabes unis ou encore l'Arabie saoudite depuis 2014, où évolue Karim Benzema depuis le mois de juin.

Les Frères Musulmans créent des branches dans de nombreux pays du monde arabe comme en Palestine, une émanation locale qui deviendra ensuite en 1987 le Hamas. L'organisation a longtemps été soutenue financièrement par l’Arabie saoudite, jusqu'à la guerre du Golfe, menant de nombreuses actions violentes notamment en Israël.

Pas interdits en France

En France, les Frères Musulmans, incarnés par l’association Musulmans de France, ne sont pas considérés comme une organisation terroriste, mais une pétition lancée par Reconquête, le parti d'extrême droite d'Éric Zemmour, réclame leur interdiction dans l'Hexagone.

L'organisation est au coeur des débats en France depuis la publication en début d'année du livre de Florence Bergeaud-Blackler consacré à l’influence des Frères Musulmans dans le monde, et qui lui a valu des menaces de mort.

Les Frères Musulmans, objets d'un livre polémique

Un livre qui fait débat dans le milieu de la recherche qui critique ses méthodes considérées plus militantes que scientifiques, comme le rapporte Le Monde : "elle s’est mise en cheville avec Gilles Kepel et Bernard Rougier et elle a adopté une posture polémique. Outre les enjeux de carrière, j’y vois surtout le désir de peser sur la prise de décision publique", raconte Ariel Planeix, enseignant à Paris-I et à l’EHESS. En raison des menaces dont elle est l'objet, Florence Bergeaud-Blackler a été reçue notamment par Gérald Darmanin.

Dans une réponse envoyée à plusieurs médias dont Le Parisien et RMC, le cabinet du ministre Gérald Darmanin développe sa pensée évoquée sur CNews : "Depuis plusieurs années, nous constatons une lente dérive des prises de position de Karim Benzema vers un islam dur, rigoriste, caractéristique de l’idéologie frériste consistant à diffuser les normes islamiques dans différents espaces de la société, notamment dans le sport".

Pourquoi cette accusation de Gérald Darmanin ?

Puis d'illustrer en citant le refus de l’ancien attaquant des Bleus "de chanter la Marseillaise" avec l’équipe de France, du "prosélytisme sur les réseaux sociaux autour du culte musulman", une "photo avec l’imam de Meaux qui avait fait l’objet d’une perquisition dans le cadre de l’assassinat de Samuel Paty", ou encore le "soutien" à la publication du combattant Russe de MMA Khabib Nurmagomedov, "véritable appel à la haine à la suite de la publication de caricatures du prophète Mahomet dans la presse française".

Dans une vidéo promotionnelle diffusée par son club lors de sa signature, l'ancien international français expliquait les raisons extra-sportives qui l'ont poussé à signer en Arabie Saoudite. "Pourquoi l’Arabie saoudite ? Je suis musulman, c’est un pays musulman et j’ai envie de vivre là-bas. C’est différent de l’Europe mais j’ai déjà été en Arabie saoudite. Je me sens bien. Surtout, c’est un pays musulman, qui est beau, et c’est là que j’ai envie d’être. C’est important d’être dans un pays musulman où je sens déjà que les gens m’aiment, ça va me permettre d’avoir une nouvelle vie. J’ai envie de parler couramment la langue arabe, pour moi c’est important. Il y a plein d’autres choses. J’ai la chance d’être en Arabie saoudite, La Mecque est proche. Je suis croyant donc c’est important pour moi. Je suis à ma place, c’est là où je vais me sentir le mieux. Quand j’ai discuté avec ma famille, ils étaient tous très contents, ils vont tous venir. Je sais que notre place est en Arabie saoudite", explique-t-il notamment depuis un pays où les Frères Musulmans sont considérés comme une organisation terroriste.

L'ancien joueur de Lyon et du Real Madrid s'est plus récemment distingué en dehors du terrain en vantant la qualité de vie en Arabie saoudite à l'occasion de la fête nationale saoudienne, ou en publiant un message sur X en direction des habitant de Gaza. "Toutes nos prières pour les habitants de Gaza victimes une fois de plus de ces bombardements injustes qui n’épargnent ni femmes ni enfants", écrivait-il ces derniers jours.

VIDÉO - Le tweet de Benzema pour la Palestine, "un message éminemment politique" commente Riolo