Procès de la "priorité nationale": des amendes et de la prison avec sursis requis contre des élus ou ex-élus RN

La quatrième fois aura été la bonne. Plusieurs fois repoussé, le procès de quatre élus ou ex-élus du Rassemblement national (RN) s'est finalement tenu ce mardi devant le tribunal correctionnel de Nanterre. Poursuivis pour "complicité de provocation à la discrimination" pour avoir promis d'appliquer la "priorité nationale", le ministère public a requis des amendes voire de la prison avec sursis pour trois d'entre eux.

En effet, seuls les cas de Steeve Briois, le maire d'Hénin-Beaumont, Marie-Thérèse Costa-Fesenbeck, l'adjointe au maire de Perpignan et Sophie Montel, ex-secrétaire nationale du Front national (devenu RN, NDLR) chargée des élus, qui a quitté la formation en 2017, ont été examinés. Le cas de l'eurodéputé Jean-François Jalkh, poursuivi pour provocation publique à la discrimination, a lui été disjoint et son procès renvoyé au 3 juin 2025 pour raisons médicales. Ils étaient tous les quatre absents.

Concernant Sophie Montel et Steeve Briois, le ministère public a requis 6 mois de prison avec sursis et 10.000 euros d'amende. Pour Marie-Thérèse Costa-Fesenbeck, pas de peine de prison, mais une amende de 10.000 euros a également été requise. Le délibéré sera rendu le 3 septembre prochain.

Renvoyé trois fois

La justice leur reproche des écrits datant de septembre 2013. Dans un "guide de l'Elu FN" distribué en vue des Municipales de 2014, il était recommandé aux futurs élus d'appliquer une série d'idées du parti frontiste, dont la "priorité nationale" notamment dans l'attribution des logements sociaux des villes qu'ils pourraient être amenés à diriger. Un élu a-t-il le droit d'avancer comme argument de campagne l'application de la "priorité nationale"?

L'association La Maison des Potes avait porté plainte contre les responsables de la publication dès sa diffusion: Steeve Briois, alors secrétaire général du FN, qui avait rédigé l'éditorial préfaçant le "guide pratique", Marie-Thérèse Costa-Fesenbeck, dont l'enquête a établi qu'elle a mis le document en ligne sur le site internet de la fédération des Pyrénées-Orientales du FN qu'elle dirigeait et Sophie Montel qu'elle l'a rédigé.

L'affaire n'a pu être jugée que ce mardi, trois renvois ayant été prononcés. Un doute planait sur la tenue des débats ce mardi, les avocats des prévenus ayant réclamé un nouveau renvoi en raison du contexte électoral actuel. "Un nouveau renvoi nuirait davantage à l'œuvre de justice", a tranché le président du tribunal promettant la "serénité des débats".

Article original publié sur BFMTV.com