Procès des attentats de Trèbes et Carcassonne : jusqu'à 4 ans de prison pour les sept accusés

Sept personnes étaient jugées, depuis le 22 janvier, dans le cadre du procès des attentats de Trèbes et de Carcassonne pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle".

Après cinq semaines de procès, le verdict est tombé. De peines allant de 6 mois jusqu'à 4 ans de prison ont été prononcées par la cour d'assises spéciale de Paris à l'encontre des sept accusés dans le procès des attentats de Trèbes et Carcassonne. Ces attaques, perpétrées par Radoune Lakdim ont fait quatre morts, le 23 mars 2018. Le terroriste, lui, a été abattu par le GIGN.

Cinq de ces six hommes et une femme, des proches de l'assaillant âgés de 24 à 35 ans, sont jugés pour "association de malfaiteurs terroriste", les deux autres pour des délits connexes. Jusqu'à 11 ans de prison avaient été requis, jeudi 22 février, contre ces sept proches de Radouane Lakdim.

"J'ai reconstruit ma vie"

Le 23 mars 2018, Radouane Lakdim, petit délinquant radicalisé de 25 ans, avait "lâchement et par surprise", dit l'avocate générale, abattu un homme sur un lieu de rencontre homosexuel à Carcassonne (Aude), puis tiré sur des policiers faisait leur footing, avant de poursuivre son périple meurtrier au Super U de Trèbes.

Dans le supermarché, il avait abattu un salarié et un client, avant de prendre en otage une caissière. Le gendarme Arnaud Beltrame, qui avait pris sa place, avait été mortellement blessé. Radouane Lakdim sera tué dans l'assaut du GIGN.

Ce vendredi matin, avant que la cour ne se retire pour délibére, les accusés ont eu la parole une dernière fois. "Je veux vous dire que j'ai complètement conscience d'avoir été radicalisée, et que je ne suis plus la même personne que j'étais à 18 ans", a dit à la cour Marine Pequignot, 24 ans, qui était la petite amie de l'assaillant Radouane Lakdim.

Persuadé qu'elle était au courant de "quasiment" tout du projet d'attentat et qu'elle préparait un départ en Syrie, le Parquet national antiterroriste (Pnat) a requis contre elle la peine la plus lourde, 11 ans de réclusion criminelle, et donc un retour en prison.

"J'ai reconstruit ma vie pendant quatre ans et j'aimerais que vous me laissiez la chance de pouvoir continuer", a poursuivi la jeune femme, qui a passé un peu plus de deux ans en détention provisoire.

"Tout le monde savait"

Petit col blanc dépassant de son pull noir, mains jointes, Samir Manaa, 28 ans a répété depuis le box sa "confiance en la justice". "Je suis complètement innocent des faits de terrorisme qu'on me reproche", a soutenu celui contre qui le Pnat a requis 10 ans de prison. Jamais radicalisé, cet ami de Radouane Lakdim l'avait accompagné acheter un couteau dans un magasin de chasse et pêche quinze jours avant l'attentat, tout en sachant, car "tout le monde savait" a répété le Pnat tout au long du procès, que Radouane Lakdim adhérait aux thèses de l'Etat islamique.

Le Pnat a par ailleurs réclamé quatre ans, dont deux ans et demi avec sursis, contre un ami "taiseux" qui ne l'avait pas dénoncé, six ans dont quatre avec sursis pour "provocation directe à un acte de terrorisme" contre un jeune homme qui avait discuté modalités du jihad avec l'assaillant sur internet, huit pour le beau-frère de l'assaillant "arrivé en trombe" pour "faire le ménage" pendant l'attentat - ce qu'il nie.

Aucun des accusés n'est jugé pour complicité, l'enquête ayant montré que Radouane Lakdim avait agi seul. Cinq des accusés, des proches de l'assaillant, sont jugés pour association de malfaiteurs terroriste, les deux autres pour des délits connexes. Dans ses réquisitions, le Pnat, qui a toujours estimé que la qualification terroriste ne tenait pas pour plusieurs accusés, a demandé à ce qu'elle soit abandonnée pour eux.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Julie Grand, l'hôtesse de caisse sauvée par Arnaud Beltrame, témoigne