Le «plan Matignon», une opération de conquête du pouvoir préparée de longue date par le RN

Marine Le Pen quitte Matignon après un entretien avec le Premier ministre, le 11 avril 2023 à Paris. | Anne-Christine Poujoulat / AFP
Marine Le Pen quitte Matignon après un entretien avec le Premier ministre, le 11 avril 2023 à Paris. | Anne-Christine Poujoulat / AFP

À l'annonce de la dissolution par le président de la République le dimanche 9 juin, le Rassemblement national (RN) a activé «un plan Matignon». Concrètement, il s'agit d'une sélection de candidats pour les élections législatives des 30 juin et 7 juillet prochains, avec CV et photos pour les tracts de campagne.

Cette opération –qui est d'abord une opération de communication– est manifestement planifiée depuis quelques mois au sein de l'état-major du parti d'extrême droite, en cas de dissolution, avec l'objectif d'accéder au poste de chef du gouvernement. Ce «plan Matignon» rappelle que le parti de Jordan Bardella et Marine Le Pen travaille, non sans peine, son implantation locale pour capitaliser sur ses succès électoraux.

Implantation locale

Lorsqu'elle arrive à la tête du Front national (FN) en 2011, Marine Le Pen (ré)investit stratégiquement le thème de l'implantation locale comme un levier stratégique de son accession au pouvoir central. Elle devient sa priorité, comme elle l'exprime dans son discours de clôture de l'université d'été du parti en septembre 2012:

«Partout dans nos régions, dans nos villages, dans nos villes, le Front national est en train de se réorganiser, de s'implanter, de professionnaliser ses méthodes. Il devient chaque jour plus présent, plus réactif, en mesure d'utiliser les bonnes volontés qui se présentent à lui. […] Évidemment, l'implantation locale de notre famille à tous est une priorité que j'ai placée en tête de tout. Nous devons être à chaque coin de rue, à la sortie de toutes les usines, au contact de tous les Français qui comptent sur nous.»

C'est un aspect que négligeait davantage Jean-Marie Le Pen. Dans un souci de se démarquer de son père, Marine Le Pen a fait des élections locales un marqueur de sa stratégie politique, s'inscrivant dans les pas de Bruno Mégret, numéro 2 du parti et promoteur de cette approche dans les années 1990.

Ce…

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