« Oppenheimer » : Nolan atomise les codes du biopic

Cillian Murphy, interprète du physicien J. Robert Oppenheimer dans le film de Christopher Nolan.   - Credit:Universal
Cillian Murphy, interprète du physicien J. Robert Oppenheimer dans le film de Christopher Nolan. - Credit:Universal

Incorrigible Christopher Nolan. Dernier apôtre des blockbusters intimistes à prêcher dans le désert hollywoodien (avec James Cameron et Denis Villeneuve), il transforme systématiquement ses œuvres en puzzles plus ou moins inextricables. Avec sa trilogie Batman, il a réinventé le film de super-héros en questionnant la notion même de justicier dans l'Amérique post-11 Septembre.

Dans Interstellar, il détournait l'épopée de SF au profit d'une ode à l'amour palpitant sous une grosse énigme quantique. En 2020, Tenet piratait le concept de techno-thriller avec une relecture sans précédent (et, il faut bien le dire, aussi absconse qu'une équation d'astrophysique) du voyage dans le temps. Quant à Oppenheimer, c'est une déflagration de trois heures qui pulvérise les codes habituels du biopic pour mieux cerner la psyché irradiée du père de la bombe A.

Portrait au super-microscope du génie dépressif Julius Robert Oppenheimer, ce 12e opus nolanien suit l'ascension du célèbre polymathe comme directeur scientifique du projet Manhattan (qui aboutira en 1945 à la mise au point de la première bombe atomique), puis sa persécution par le FBI en plein maccarthysme, après l'élection d'Eisenhower.

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Le cinéaste n'enchaîne pas linéairement ces deux parties mais les tisse en entremêlant sans cesse présent, passé et futur, le tout réparti en deux traitements de la pellicule : la couleur pour symbo [...] Lire la suite