De NTM à PNL, la série documentaire "20 piges" explore l'histoire du rap français

Mettre en parallèle deux générations, c'est le pari de Fif Tobossi, journaliste et co-fondateur de Booska-P, dans sa série-documentaire 20 piges, les deux âges d'or du rap français, diffusée à partir de ce samedi 16 mars sur MTV.

Réalisée par Lionel Hirlé, à qui l'on doit les clips d'Orelsan, de Booba, de Kaaris ou de Soprano, ce programme offre une immersion en cinq épisodes dans les codes et la culture du rap à deux époques majeures de son histoire: son premier âge d'or entre 1995 et 2000 et son second entre 2015 et 2020.

"20 piges" d'histoire racontées par des rappeurs, photographes, beatmakers, journalistes, photographes, producteurs et autres acteurs phares de l'industrie d'hier et d'aujourd'hui.

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A post shared by Viktorija Burakauskas (@toribur) on Jan 21, 2020 at 8:43am PST

Faire un "pont entre les générations"

Basée sur une idée originale de Fif Tobossi, la série-documentaire 20 piges, les deux âges d'or du rap français est née d'une découverte lors du confinement en 2020. "Je faisais un peu de rangement dans mon garage et je suis tombé sur un magazine rap de l'époque", confie le spécialiste rap à BFMTV.com.

"Je me suis dit que c'est dommage que cette nouvelle génération n'ait pas connu cette époque et que c'était très mal documenté sur Internet donc j’ai commencé à gratter quelque chose", précise Fif.

Dans un premier temps, cette idée donne lieu à une émission baptisée Patrimoinezer - d'abord sur YouTube et désormais en plateau - dans laquelle Fif Tobossi aborde des thématiques de la culture rap illustrées grâce à des archives d'époque et des témoignages d'actrices et d'acteurs du milieu. Puis, le projet a évolué en un documentaire afin de perpétuer ce "pont entre les deux générations".

"On dit souvent que la nouvelle génération ne calcule pas l’ancienne et que l’ancienne génération n’a pas transmis le flambeau. Moi je trouve que ce sont les deux faces d'une même pièce", assure Fif.

"Et j'avais envie de montrer par A plus B que, même s'il y a souvent des débats entre ces deux générations, au final si tu fais échanger un quarantenaire et un jeune de 18 ans qui font du rap, ils vont parler de la même chose parce que ça reste des passionnés et des amoureux du rap", ajoute le journaliste.

Un documentaire "honnête et représentatif"

Pour établir ce parallèle entre les générations, Fif Tobossi fait dialoguer dans cette série un casting impressionnant de personnalités issues du monde du rap de l'époque et d'aujourd'hui. On y retrouve ainsi un grand nombre d'artistes à l'instar de Soprano, Bigflo & Oli, Bianca Costa, Mister V, Arsenik, Kerchak, Le Rat Luciano ou Sofiane Pamart mais aussi des beatmakers tels que Flem, BBP, Dany Synthé mais également Djimi Finger.

D'autres acteurs influents de l'industrie sont également mis à l'honneur tels que les réalisateurs de clip William Thomas et Florent-Emilio Siri, Angelo Gopée à la tête de Live Nation France, l'animateur de Skyrock Fred Musa, les journalistes Medhi Maizi, Olivier Cachin et Narjes Bahhar, le photographe Fifou ou la productrice Valérie Atlan.

"Je voulais faire vraiment un documentaire honnête, représentatif, tout en étant factuel et donner la parole à un maximum de personnes pour que même un non-initié au rap puisse quand même comprendre", explique Fif Tobossi.

"C'était important pour moi d'avoir des gens comme Mister V dans ce documentaire pour montrer la tolérance du rap et son évolution. Certains pourraient se dire ‘mais pourquoi lui?’, mais en fait, c’est un passionné de rap, il vient de notre culture et il est crédible dans ce qu'il fait", poursuit le journaliste.

"Je voulais aussi absolument Soprano dans ce documentaire parce que certains aiment dire qu'il ne fait plus du rap mais de la variété. Ok, la forme de sa musique a changé, mais ça reste quand même quelqu'un qui a une culture hip-hop et qui vient du rap. Il ne faut pas qu’on nous enlève nos stars", ajoute Fif Tobossi.

Une nouvelle génération aux styles variés

Avec ce documentaire, Fif Tobossi souhaite également montrer aux jeunes rappeurs l'impressionnante évolution du genre au fil des époques. "L'ère du streaming a fait qu'aujourd'hui un artiste n'a plus besoin de passer en radio, en télé, pour faire des tournées ou avoir des disques d’or et une grosse communauté. (...) Et la nouvelle génération de rappeurs a grandi dans cette normalisation du rap, là où pour le premier âge d’or, chaque chose était un combat", affirme le spécialiste.

"Aujourd’hui on banalise tout. Ceux qui viennent d’arriver pensent que le rap a toujours été là et qu’avoir un attaché de presse, passer à la télé, avoir un contrat en maison de disque ou remplir un Bercy, c’est normal. Mais à l’époque c’était une victoire", déclare Fif.

Et de conclure: "avec cette série, je voulais montrer que les travaux des anciens n'ont pas servi à rien et aussi dire à la nouvelle génération qu’il y avait des gens avant eux qui ont posé les bases."

Article original publié sur BFMTV.com