Une nouvelle majorité se dessine en Pologne

Un changement de gouvernement semble plus que probable en Pologne à l'issue des élections législatives qui ont connu le taux de participation le plus important de l'histoire du pays. Les trois partis d'opposition qui disposent d'une majorité au Parlement se disent prêts à travailler ensemble.

Dans ces conditions, l'ancien président du Conseil européen, Donald Tusk, devrait devenir Premier ministre d'une coalition qui marquerait une rupture politique.

"Ils vont certainement essayer, tout d'abord, de, disons, ramener la Pologne sur la voie de la démocratie, de sorte que le système judiciaire sera libéré. La presse sera à nouveau libre. Et bien sûr, les droits des minorités seront rétablis", estime Monika Sus, professeur à l'Académie polonaise des sciences.

Cette nouvelle direction devrait faciliter les relations avec l'Union européenne après huit années marquées par les tensions avec le gouvernement ultraconservateur.

"Je pense que la Pologne sera à nouveau un partenaire fiable au sein de l'Union européenne. Nous allons certainement essayer d'avoir de meilleures relations avec nos voisins", juge Monika Sus.

La nouvelle coalition devrait toutefois suivre certaines voies déjà tracées par le gouvernement sortant mais avec un changement de ton. La Pologne maintiendra son soutien à l'Ukraine, en revanche la question migratoire devrait continuer à alimenter les difficultés avec les institutions européennes.

"Il y a de nombreuses préoccupations dans le pays liées à la migration, mais aussi à la sécurité, que M. Tusk doit gérer au niveau national. Et nous savons que sa position sur l'immigration n'est pas nécessairement positive lorsque nous parlons du mécanisme de relocalisation obligatoire. Cependant, la manière dont il présentera et s'engagera de manière constructive avec les décideurs européens sera bien sûr différente", prévient Teona Lavrelashvili, analyste au European Policy Centre.

Les observateurs soulignent aussi que la tâche s'annonce difficile pour Donald Tusk pour former et surtout maintenir en ordre de marche une coalition hétéroclite.

"Sur l'avortement, bien sûr, chacun des trois partis est beaucoup plus flexible. Ils sont beaucoup plus ouverts aux droits des femmes que le gouvernement actuel. Mais il y a encore des différences entre eux, allant de : "libéralisons totalement l'avortement" à "établissons certaines règles et travaillons-y, mais nous ne pouvons pas libéraliser totalement l'avortement", précise Monika Sus.

L'introduction de l'euro pourrait être une autre pomme de discorde. Une des formations de la coalition, qui se dessine, souhaite rejoindre la monnaie unique quand les autres partenaires sont plus hésitants.