Nouveau coup dur pour les libéraux de l'UE : le Tchèque Andrej Babiš retire ses sept eurodéputés

Nouveau coup dur pour les libéraux de l'UE : le Tchèque Andrej Babiš retire ses sept eurodéputés

Renew Europe, le groupe libéral du Parlement européen qui a subi des pertes douloureuses lors des élections de juin, a reçu un nouveau coup dur après qu'Andrej Babiš, l'ancien premier ministre controversé de la République tchèque, a annoncé le retrait de ses sept eurodéputés.

Cela signifie que Renew Europe passera de 81 à 74 sièges, ce qui affaiblira encore sa position de longue date de faiseur de roi entre les conservateurs et les socialistes.

Andrej Babiš a demandé le retrait de son parti ANO avec effet immédiat.

Sa décision, a-t-il assuré, "découle de désaccords liés à la politique migratoire et au Green Deal, que Renew Europe, malgré une certaine résistance, a toujours soutenu".

"Nous nous sommes présentés aux élections européennes en disant que nous lutterions contre l'immigration illégale, que nous voulions abroger l'interdiction des moteurs à combustion interne et changer fondamentalement le Green Deal", a déclaré Andrej Babiš vendredi matin.

"Nous voulons avant tout que la République tchèque reste un pays souverain. Les négociations menées jusqu'à présent ont montré que cela ne sera pas possible avec la faction "Renouveau de l'Europe"", a-t-il poursuivi.

L'ancien premier ministre a ajouté qu'il chercherait un nouveau groupe au Parlement "avec lequel nous pourrions promouvoir notre programme", bien qu'il n'ait pas suggéré de nom spécifique.

Milliardaire, Andrej Babiš a été accusé de conflits d'intérêts, d'intimidation de ses rivaux politiques et d'utilisation de structures offshore pour éviter de payer des impôts. Andrej Babiš a été au centre d'une longue affaire pénale de fraude portant sur 2 millions d'euros de fonds européens, qui a déclenché des manifestations de rue. En février, il a été acquitté pour la deuxième fois.

La série de scandales a provoqué des tensions entre Andrej Babiš et ses homologues libéraux en Europe, soulevant des questions sur la durée de ce lien précaire.

Réagissant à la nouvelle, la présidente de Renew Europe, Valérie Hayer, a affirmé que le divorce "était attendu depuis longtemps" en raison de la "voie populiste" d'ANO, qui s'est avérée "incompatible" avec le groupe.

"Au cours du mois dernier, leur divergence par rapport à nos valeurs s'est accrue de manière exponentielle et nous en avons été témoins avec une grande inquiétude", a expliqué Valérie Hayer dans un communiqué.

"Le refus d'ANO de poursuivre son engagement en faveur des valeurs libérales a conduit au résultat d'aujourd'hui. Ils ont tourné le dos à nos convictions et valeurs pro-européennes".

Valérie Hayer, qui pourrait être confronté à un défi de leadership dès la semaine prochaine, a prédit que le départ d'ANO renforcerait Renew Europe et le rendrait "plus uni".

Néanmoins, la sortie de la République tchèque intervient à un moment particulièrement précaire pour les libéraux, qui, chaque jour qui passe, voient leur influence politique à Bruxelles se réduire comme peau de chagrin.

Jeudi, Renew Europe a annoncé l'arrivée d'un eurodéputé du parti belge "Les Engagés". Quelques heures plus tard, il est apparu que Volt Europa, le mouvement fédéraliste qui a obtenu cinq sièges lors des élections, siégerait avec les Verts plutôt qu'avec Renew.

La décision de Volt n'a pas été officiellement confirmée, mais on pense qu'elle s'explique par les relations compliquées qu'entretient Renew Europe avec ANO et VVD, le parti néerlandais qui a récemment signé un accord de coalition avec Geert Wilders, l'un des leaders d'extrême droite les plus en vue d'Europe.

Valérie Hayer s'était initialement engagée à organiser un vote pour expulser le VVD de la famille libérale, mais, après les élections, elle a fait marche arrière, ce qui aurait privé Renew de nouveaux sièges. Au lieu d'expulser le VVD, Renew enverra probablement une mission d'observation aux Pays-Bas pour vérifier si le parti franchit une ligne rouge en termes de valeurs et de principes libéraux, a rapporté Euronews en exclusivité jeudi.

Le retrait des sept eurodéputés d'ANO renforce le groupe de droite dure des Conservateurs et Réformistes européens (ECR) en tant que troisième formation du Parlement, ce qui a été rendu officiel en début de semaine lorsque l'ECR a annoncé une série de nouveaux membres.

Andrej Babiš a déjà exclu de rejoindre l'ECR, car ce groupe comprend déjà le parti du premier ministre en exercice, Petr Fiala, qui a battu Andrej Babiš, aux législatives du 2021 (un résultat pareil, au niveau personnel entre les deux hommes, lors de la présidentielle du 2023).