TOUT COMPRENDRE - Pourquoi des manifestations d'ultradroite sont-elles interdites ce vendredi?

L'ultradroite dans la rue. Après la mort de Thomas, tué lors d'un bal à Crépol samedi au dimanche 19 novembre, les actions de groupes identitaires se multiplient.

· Quelle mobilisation depuis la mort de Thomas?

Samedi 25 novembre, une centaine de militants d'ultradroite venus de différentes villes ont défilé cagoulés dans les rues de Romans-sur-Isère dans le but d'en "découdre" avec les jeunes du quartier de la Monnaie, d'où sont issus plusieurs des mis en cause dans la mort du jeune Thomas. Ils ont été bloqués par les forces de l'ordre, avec lesquelles ils se sont longuement affrontés.

Lundi, six personnes ont été condamnées en comparution immédiate par le tribunal correctionnel de Valence à des peines de six à dix mois de prison ferme pour "participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences" ou "dégradations".

À Lyon, un "cortège sauvage" a défilé lundi dernier dans la ville aux cris de "Français, réveille-toi, tu es ici chez toi". D'autres mobilisations ont eu lieu à Reims, Laval, Grenoble, Aix-en-Provence ou encore Rennes, avec plus ou moins de violences.

Dans la classe politique, plusieurs élus, notamment à gauche, ont dénoncé des "ratonnades". Un terme également utilisé par Gérald Darmanin pour réclamer la dissolution de trois groupuscules d'extrême droite.

En début de semaine, une note du renseignement dévoilée par BFMTV indiquait que "de nouveaux rassemblements organisés par l'ultradroite vont se tenir et sont susceptibles de manifester un niveau de violence égal, voire supérieur, à l'encontre des populations issues de l'immigration et des forces de l'ordre".

· Combien de rassemblements interdits ce vendredi?

À Paris, un rassemblement prévu vendredi à 19 heures a été lancé par Les Natifs, l'un des héritiers de Génération identitaire, dissout en mars 2021. Initialement prévu devant la Sorbonne, il a été déplacé place du Panthéon.

Le préfet de police Laurent Nuñez a indiqué mercredi qu'il allait interdire la manifestation. "Dans ce type de rassemblement, on a des propos tenus qui sont des propos d'incitation à la haine et à la violence", a-t-il déclaré pour justifier cette interdiction.

"Au-delà déjà en soi du trouble à l'ordre public que représente le fait de tenir ce type de propos, il y a des troubles à l'ordre public matériel, on a bien vu ce qu'il s'est passé à Lyon, à Romans-sur-Isère. Donc forcément je vais interdire ce rassemblement", a poursuivi Laurent Nuñez.

À Bordeaux, un rassemblement en hommage à Thomas prévu vendredi à 20 heures a également été interdit par la préfecture. Si le syndicat étudiant UNI, classé à droite, était à l'initiative de l'événement, l'appel à manifester a été largement relayé sur les réseaux sociaux par des groupuscules d’extrême-droite, dont la Bastide bordelaise.

Pour justifier son arrêté d’interdiction, la préfecture de la Gironde explique dans un communiqué que "le risque de réaction violente des groupes antagonistes de l’ultragauche girondine est hautement probable, les affrontements entre les mouvances ultradroite et ultragauche étant réguliers et occasionnant, comme lors de leurs deux dernières confrontations, des blessés dans les deux groupes".

"De plus, ce rassemblement intervient dans le contexte actuel du rehaussement au niveau maximal de la posture Vigipirate, et des violences commises lors des manifestations organisées par des militants de l’ultradroite à Romans-sur-Isère et à Lyon", poursuit le communiqué.

Avant cela, les autorités avaient également interdit le rassemblement à Lyon, cité plus haut, et un autre à Lille, initialement prévu ce mercredi.

· Des recours ont-ils été déposés ?

À Paris, Les Natifs ont annoncé ce jeudi le dépôt "très prochainement" d'un référé-liberté afin de contester "cette interdiction profondément liberticide".

"Cette interdiction ne repose sur aucun argument valable et nos avocats sont déjà sur le dossier, il y a de fortes chances que le rassemblement ait donc lieu comme prévu", indique le groupuscule sur X.

Pour ce qui est du rassemblement de Bordeaux, le syndicat UNI a dit "se plie(r)" à la décision de la préfecture".

"Il est regrettable d'interdire un tel rassemblement en raison de la crainte de débordements de différents groupes extérieurs dont l'action aurait été contraire au cadre voulu par notre association", a pointé l'organisateur sur X.

· Quelles sanctions pour les organisateurs et les participants?

L’organisateur d’une manifestation interdite s’expose à une peine de 6 mois d’emprisonnement et de 7.500 euros d’amende, comme le rappelle dans son communiqué la préfecture de Gironde.

Concernant les participants, la sanction prévue par le Code pénal est "l'amende prévue pour les contraventions de la quatrième classe", soit 135 euros.

Article original publié sur BFMTV.com