La mission IM-1 est arrivée sur le pôle sud de la Lune, une zone très convoitée en raison de la présence d’eau

ESPACE - Les États-Unis ont signé leur retour sur la Lune. Plus de 50 ans après la dernière mission Apollo en 1972, l’alunisseur Nova-C de la start-up américaine Intuitive Machines s’est posé sur le satellite de la Terre ce vendredi 23 février à 00 h 23 (heure de Paris). Plus précisément, l’endroit qui était visé par la mission IM-1 se trouve à environ 300 kilomètres du pôle sud de la Lune.

La mission IM-1 réussit son décollage et fonce vers la Lune (si tout va bien)

Cette zone est particulièrement convoitée en prévision du retour des astronautes sur notre satellite naturel. Ce sont les Indiens qui ont ouvert la marche vers le pôle de sud lunaire. En août 2023, ils sont devenus les premiers à alunir dans cette zone avec leur mission Chandryaan-3, rejoignant par la même occasion, le club très fermé des grandes puissances spatiales ayant réussi à se poser sur la Lune.

Trouver de l’eau sur la Lune

Auparavant, toutes les missions lunaires se passaient au niveau de la zone équatoriale, bien moins risquée sur le plan technique. Mais la découverte d’eau glacée dans des cratères au pôle sud est revenue battre les cartes des prochaines missions vers la Lune, car celle-ci pourrait devenir essentielle pour les prochaines missions.

Qui dit H2O dit possibilité de s’hydrater, produire des aliments pour les futurs équipages, mais dit surtout hydrogène et oxygène, les composants essentiels pour fabriquer du carburant et faire décoller une fusée. Un enjeu d’autant plus important, quand on sait qu’après avoir de nouveau envoyé des astronautes sur la Lune, l’objectif plus loin de la Nasa est d’aller sur Mars.

« Si on décolle de la Lune, où la gravité est beaucoup plus faible que la gravité terrestre, on a moins besoin d’énergie. Donc si on peut fabriquer du carburant depuis les ressources de la Lune, ça fait gagner énormément d’énergie et ça a un impact moindre sur notre environnement terrestre », expliquait il y a quelques mois de cela au HuffPost, Stéphanie Lizy-Destrez, enseignante-chercheuse à l’ISAE-SUPAERO.

Un environnement hostile

Reste qu’aller sur la Lune et plus particulièrement au pôle sud n’est pas chose facile. C’est pour cette raison que la Nasa a prévu d’y envoyer plusieurs engins avant Artemis 3, la mission qui doit voir des astronautes remettre un pied sur notre satellite.

L’agence spatiale américaine a donc développé tout un agenda pour ce type de mission : le programme CLPS (Commercial Lunar Payload Services). Elle charge des sociétés privées d’emporter du matériel scientifique sur la Lune. C’est dans ce cadre-là que se déroule la mission IM-1 d’Intuitive Machines, mais aussi la mission Peregrine d’Astrobotic qui n’a pas abouti au début de l’année 2024.

L’objectif est de mieux comprendre l’environnement lunaire. L’une des difficultés est l’absence d’atmosphère, l’alunissage doit donc être effectué grâce à des propulseurs. Le pôle sud est également un milieu plus hostile que la zone équatoriale et des problèmes de communications peuvent survenir.

« Il faut comprendre que vous voyez la Terre de manière quasiment rasante sur l’horizon. Donc il peut y avoir des interruptions de communications et il faut être prudent pour ne pas perdre le contact », détaille au HuffPost, Patrick Pinet, chercheur du CNRS à l’Institut de Recherche en Astrophysique et planétologue (IRAP).

À cela s’ajoutent les températures extrêmes, puisque celles-ci varient de 123 °C de jour à plus de -170 °C la nuit. On parle ici des températures globales de la Lune, mais le pôle sud étant une zone beaucoup exposée au soleil, les nuits y sont plus que glaciales. Par ailleurs, les cratères dans lesquels l’eau pourrait être conservée n’ont jamais été exposés au Soleil, c’est pour cette raison qu’elle serait restée à l’état de glace. Ces zones sont appelées cratères d’obscurité éternelle et les températures sont de l’ordre de -230 °C. Autant dire qu’il va falloir être bien protégé du froid pour que les robots comme les humains s’y aventurent.

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