Michel L'Hour : "Découvrir l'épave de L'Endurance aurait été impensable il y a trente ans"

Grâce aux récents instruments de prospection, les archéologues sous-marins ont bien plus de facilités à repérer et étudier les navires perdus des anciens explorateurs. Reste à trouver les financements...

Cet article est issu du magazine Les Dossiers de Sciences et Avenir n°218 daté juillet/septembre 2024.

Sciences et Avenir : Vous êtes parti sur les traces de plusieurs grands explorateurs. Pourquoi cet intérêt ?

Michel L'Hour : En 1995, j'ai pu assister aux fouilles de l'épave de La Belle dans la baie de Matagorda, sur la côte du Texas. Ce navire, coulé en 1686, a participé à l'ultime expédition du Français René-Robert Cavelier de La Salle (1643-1687). C'est en me documentant sur ce personnage, premier Européen à s'aventurer sur le Mississippi, que j'ai réalisé à quel point le destin de ces grands explorateurs des 16e, et 18e siècles s'apparente à une tragédie : la plupart d'entre eux ont péri loin de chez eux, souvent de mort violente.

Cavelier de La Salle fut assassiné par des membres de son équipage près de Navasota (Texas). Willem Barentsz a fini, épuisé, dans le Grand Nord. Fernand de Magellan et James Cook ont été tués au cours de batailles avec des autochtones, aux Philippines et à Hawaï. Marc Joseph Marion du Fresne a été dévoré par des Maoris… Et à part ceux dont des camarades ont survécu pour raconter l'histoire, ils ont presque toujours été oubliés. Tous ces personnages me fascinent. Qu'est-ce qui a pu les pousser à prendre de tels risques ?

Michel L\'Hour, directeur du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm) lors d\'une campagne de fouilles sous-marines, le 29 juin 2018 au large de Brest pour retrouver deux bateaux la Cordelière et le Régent
Michel L\'Hour, directeur du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm) lors d\'une campagne de fouilles sous-marines, le 29 juin 2018 au large de Brest pour retrouver deux bateaux la Cordelière et le Régent

Michel L'Hour, directeur du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm) lors d'une campagne de fouilles sous-marines, le 29 juin 2018 au large de Brest. Crédits : AFP/Archives - Fred TANNEAU

Les difficultés à l'organisation des campagnes d'archéologie sous-marine ? "Le financement et la distance"

À partir de quand les archéologues ont-ils commencé à s'intéresser aux explorateurs ?

Quasiment depuis que l'archéologie existe ! Un exemple fameux est celui de La Pérouse, parti en 1785 compléter les découvertes de James Cook dans le Pacifique. Pendant longtemps, on n'a rien su de ce qu'il était advenu de ses deux vaisseaux, L'Astrolabe et La Boussole, disparus en 1788.

Quarante ans aprè[...]

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