"Baratin", "méprisant" : Gabriel Attal s'attire les foudres des oppositions après ses annonces sur l'autorité

À l'occasion de ses 100 jours à Matignon, le Premier ministre Gabriel Attal était en déplacement à Viry-Châtillon pour y faire des annonces suite à plusieurs cas de violences chez les jeunes. Des annonces très critiquées, notamment à gauche.

Le Premier ministre Gabriel Attal s'est rendu ce jeudi à Viry-Châtillon, ville endeuillée après la mort de Shemseddine, frappé à mort à proximité de son collège. (Photo Bertrand GUAY / AFP)
Le Premier ministre Gabriel Attal s'est rendu ce jeudi à Viry-Châtillon, ville endeuillée après la mort de Shemseddine, frappé à mort à proximité de son collège. (Photo Bertrand GUAY / AFP)

Le Premier ministre Gabriel Attal était ce jeudi à Viry-Châtillon, ville marquée par la mort de Shemseddine, 15 ans, passé à tabac près de son collège. Le Premier ministre y a fait des annonces sur l'autorité. Le thème de la violence des mineurs est au coeur de l'actualité après notamment la mort d'un jeune de 22 ans à Grande-Synthe (Nord). Deux mineurs ont été placés en garde à vue dans cette affaire.

Au-delà des annonces sur l'autorité, Gabriel Attal est invité ce jeudi soir sur BFMTV à l'occasion de ses 100 jours à Matignon, où il devrait aborder les questions d'éducation mais aussi de politique internationale avec l'escalade des tensions entre Israël et l'Iran.

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  • "Baratin", "méprisant", les premières réactions au discours d'Attal

    Des annonces, notamment concernant l'école, qui ne manquent pas de susciter de nombreuses réactions. Le président de l'Union syndicale lycéenne, premier syndicat au lycée, Gwenn Thomas-Alves, réagit au "sursaut d'autorité" souhaité par le Premier ministre. "De notre côté on appelle à un sursaut de financements dans l’école publique. Qu’il arrête avec cet argumentaire qui tend à faire plaisir à l’extrême droite, la seule solution est d’avoir de bonnes conditions d’études !", écrit-il sur X.

    Un "sursaut d'autorité", qui fait également réagir la députée LFI Clémence Guetté. "'Sursaut d'autorité' au menu des 100 jours d'un Premier ministre méprisant, responsable de la casse de l'Éducation nationale. Que répondez-vous aux parents qui m'interpellent parce que leur enfant en CP n'a pas d'instituteur depuis 6 mois ? Vous en êtes responsable", écrit-elle sur X.

    Depuis la Réunion, Marine Le Pen a préparé sa réponse avant même le discours de Gabriel Attal : "J'ai vu qu'il [Gabriel Attal] comptait faire un discours sur l'autorité. Comme le dit une réflexion populaire, je trouve que l'autorité va à Gabriel Attal comme un tablier à une vache", a taclé la cheffe des députés Rassemblement national.

    Le député RN Roger Chudeau a lui dénoncé "un numéro de commentateur de l’actualité" et "un exercice de communication martiale". "Les mesures annoncées relèvent elles du cosmétique ou du gadget : assister à des audiences judiciaires, inscrire la mention « fauteur de troubles « sur le dossier Parcourssup, TIG pour les parents défaillants. On est à des années lumières d’un sursaut d’autorité. Attal ou l’incompétence dans un costume", écrit le député RN

    Du côté de Fabien Roussel, député PCF, c'est la proposition de travaux d'intérêt général pour les "parents défaillants", qui le fait réagir. La députée Nupes Sandrine Rousseau dénonce elle une stigmatisation de la jeunesse.

  • Ce qu'il faut retenir :

    Gabriel Attal a fait plusieurs annonces, qui visent à "prendre le mal à la racine". Il a déterminé trois axes.

    - Les parents :

    Le Premier ministre annonce vouloir "aider les parents" et notamment les femmes seules". Il annonce vouloir "lutter contre l'oisiveté" et permettre "un accueil en continu, de 8 heures à 18 heures au collège, en priorité en ZEP".

    Autre annonce, concernant les internats. Gabriel Attal veut proposer aux parents d'enfant "aux mauvaises fréquentations" d'envoyer leur enfant en internat "avant qu'il ne glisse vers la spirale de la délinquance et parfois du crime"'.

    Aux parents "qui se dérobent", Gabriel Attal rappelle que "c'est un devoir quand on a un enfant de le remettre dans le droit chemin. Il souhaite réprimer davantage les manquements aux obligations des parents, avec la possibilité de travaux d'intérêt général pour les parents défaillants.

    Mais également la possibilité pour les juges de prononcer des amendes pour les parents "qui ne se rendent pass aux convocations".

    Quand un jeune fait des dégâts, les parents paieront les réparations, y compris si l'un d'entre eux a quitté le foyer.

    - Les écrans :

    Gabriel Attal souhaite réguler les usages des écrans, selon lui "les réseaux sociaux catalysent désinhibent, organisent la violence", ajoutant que "la violence virtuelle ne tarde pas a se déverser dans le réel", estime le Premier ministre qui cite en exemple les émeutes suite à la mort de Nahel en juillet dernier.

    Gabriel Attal rappelle la volonté d'un contrôle réel et efficace avec une majorité numérique à 15 ans et la volonté d'interdite l'usage des écrans en crèche et chez les assistantes maternelles.

    La commission concernant la régulation des écrans doit rendre ses conclusions d'ici la fin du mois. "Nous n'excluons aucune piste", fait savoir le chef du gouvernement.

    - École et laïcité :

    "Il n'y aura pas de guerre de religions à l'école" a martelé le Premier ministre, réaffirmant son combat pour laïcité. "Le pas de vague c'est fini". Gabriel Attal relève que "de plus en plus, les jeunes se défoulent sur fond de contestation des valeurs républicaines, de contestation de la laïcité", et affirme qu'avec le ministre de l'Intérieur "nous serons vigilants partout, notamment dans les écoles, notamment dans les clubs de sport".

    Gabriel Attal a également fait des annonces sur l'école, "un sanctuaire" qu'il veut protéger. Il annonce une extension des cours d'empathie, dont la mise en place est récente, ainsi que des mesures de "bon sens" qu'il souhaite voir appliquer : "se lever quand un professeur entre, faire participer les élèves aux tâches commune dans l'établissement".

    Concernant les élèves perturbateurs, Gabriel Attal annonce des "commissions éducatives dès l'école primaire, avec des sanctions adaptées". Il a également affirmé que les élèves perturbateurs seront "sanctionnés dans leur obtention de diplôme avec une mention 'fauteur de trouble' indiquée dans Parcoursup. Seul moyen de supprimer cette mention sur le bulletin, faire des travaux d'intérêt général", a encore indiqué le Premier ministre.

    Gabriel Attal a également estimé que la lutte contre le trafic des stupéfiants est un des axes de lutte contre la délinquance, et appelle sa volonté de recruter davantage de force de l'ordre et annonce la multiplications des opérations places nettes, lancées ces dernières semaines, contre le trafic de drogue.

    Face à la multiplication des faits divers impliquant des mineurs, plusieurs élus de droite réclament la fin de l'excuse de minorité ces dernières semaines. Sur ce sujet, Gabriel Attal s'est dit prêt à ouvrir le débat sur des "atténuations à l'excuse de minorité".

    Plus d'infos dans cet article : Viry-Châtillon : qu'est-ce que l'excuse de minorité, que François-Xavier Bellamy et Xavier Bertrand veulent supprimer ?

  • Attal évoque la crainte d'un glissement vers "la décivilisation" d'une partie de la jeunesse

    Lors de ce discours dans lequel Gabriel Attal appelle à un "sursaut d'autorité" face à la sidération de nos concitoyens", le Premier ministre déplore une "addiction d'une partie de nos adolescents à la violence". Gabriel Attal rappelle la crainte d'un glissement vers "la décivilisation" d'une partie de la jeunesse.

    Gabriel Attal cible également les réseaux sociaux qui ont servi de "base arrière "aux violences que l'on a connues" et met en garde contre "l'entrisme islamique qui va croissant contre lequel nous devons lutter sans relâche", sans oublier l'addiction aux écrans, pour expliquer cette violence.

  • Gabriel Attal prend la parole

    "Notre pays reste rassemblé derrière des valeurs : le civisme, la règle commune, les droits et les devoirs, le respect de l'autorité (...) L'autorité et la règle commune sont trop souvent défiés par certains jeunes. Une partie de nos ados glisse vers l'individualisme voire une violence déchainée, morbide, sans règle. Mais c'est une minorité d'adolescents", détaille le Premier ministre pour commencer sa prise de parole.

  • Grenelle, Ségur, Beauvau... à quoi servent réellement ces grandes concertations ?

    Alors qu'Emmanuel Macron a annoncé sa volonté de lancer un "Grenelle" sur la violence des mineurs, le mot est fréquemment utilisé ces dernières années pour désigner de grandes concertations, comme le Grenelle des violences conjugales ou encore le grenelle de l'environnement.

    Une utilisation fréquente du terme "Grenelle" depuis la présidence de Nicolas Sarkozy qui a un but précis pour les différents gouvernements.

    À travers le terme “Grenelle”, le gouvernement montre qu’il “se préoccupe de la thématique abordée”, expliquait en 2019 pour Yahoo Actualités Christian Delporte, professeur à l'université de Versailles, spécialisé dans l’histoire politique. À l’origine, la symbolique du Grenelle était celle “d’un moment important pour la société. Des mesures très fortes, dans un domaine pas encore abordé, devaient sortir de ces discussions”, nous précise-t-il.

    Plus d'infos dans cet article : Les Grenelles se suivent, mais leur impact est très discutable

    À travers ces discussions, “l’Etat essaie d’encadrer la demande de participation des citoyens. Il y a un côté managérial. On donne une autonomie dans les échanges, mais toujours sous le patronage du gouvernement”, complète Luc Rouban, directeur de recherches au CNRS.

    Des grandes concertations aux noms différents dont les résultats sont très discutables. Ces “grand-messes sous l’égide du gouvernement se sont enchaînées, sans beaucoup plus de résultats concrets. Ils sont toujours très ambitieux, mais parfois décevants”, analysait Luc Rouban, directeur de recherches au CNRS, en octobre 2019.

    Plus d'infos dans cet article : Grenelle, Ségur, Beauvau... à quoi servent réellement ces grandes concertations ?

  • Attal se met en scène pour ses 100 premiers jours à Matignon

    Gabriel Attal fête aujourd'hui ses 100 premiers jours à Matignon, un cap symbolique qui est l'occasion d'un premier bilan. Dans une vidéo, le Premier ministre rappelle sa "détermination totale" et fait un premier récapitulatif de son action.

  • Un couvre-feu pour les mineurs à Pointe-à-Pitre

    En marge des annonces attendues de Gabriel Attal sur l'autorité, et alors qu'Emmanuel Macron a annoncé sa volonté de lancé un "Grenelle" sur la violence des mineurs, Gérald Darmanin a annoncé la mise en place d'un couvre-feu pour les mineurs à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), lors d'un déplacement.

    La ville a été touchée par plusieurs nuits d'émeutes urbaines ces dernières semaines. Il y a 15 jours, le maire écologiste de la commune, Harry Durimel, a dénoncé un "coupe-gorge" en "faillite totale" et "sans forces de l’ordre à la hauteur des défis". "Si j’ai les moyens, je continue, si je n’ai pas les moyens, j’arrête !" a alors averti l’édile.

    Ces derniers mois, la sous-préfecture de la Guadeloupe a été le théâtre de plusieurs faits divers. Notamment en mars, une commerçante y a été tuée lors d’un braquage, puis des touristes en croisière ont été blessés à l’arme blanche par une femme atteinte de troubles psychiatriques. Quelques jours plus tard, le croisiériste Virgin Voyages annonçait la fin de ses escales à Pointe-à-Pitre la saison prochaine : ses clients n’ont pas aimé cette ville trop pauvre à leur goût (36 % de chômage) et ses quartiers défraîchis, en proie à la drogue, la prostitution et la violence.

  • Vers un Grenelle sur la violence des mineurs

    Gabriel Attal est attendu à Viry-Châtillon, ville marquée par la mort de Shemseddine, 15 ans, roué de coups à proximité de son collège le 4 avril. Trois mineurs et un majeur ont été mis en examen dans cette affaire et placés en détention provisoire. Plus d'informations dans cet article

    Un drame qui remet en avant la question de la violence des mineurs, évoquée l'été dernier lors des émeutes consécutives à la mort de Nahel, et sur le devant de l'actualité avec la mort d'un jeune de 22 ans à Grande-Synthe (Nord). Deux agresseurs présumés de 14 et 15 ans ont été interpellés dans cette affaire.

    Lors du Conseil des ministres mercredi, Emmanuel Macron a annoncé sa volonté de lancer un "Grenelle" sur la violence des mineurs, dont Gabriel Attal devrait donner les détails ce jeudi lors d'un discours sur l'autorité.

    "L'autorité doit s'appliquer partout, pour tous", a déclaré mercredi la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot. Le Premier ministre doit "détailler un plan d'action bien précis sur cet enjeu qui est attendu de tous, dans la continuité de notre action depuis 2017", a-t-elle dit.

  • Bonjour et bienvenue dans ce direct dédié aux 100 jours de Gabriel Attal à Matignon. Le Premier ministre est attendu dans la matinée à Viry-Châtillon pour des annonces sur l'autorité avant d'être invité de BFMTV ce jeudi soir.