Les Grenelles se suivent, mais leur impact est très discutable

Le Grenelle des violences conjugales s'ouvre ce 3 septembre. Les discussions à ce sujet dureront près de trois mois, comme l'avait annoncé Marlène Schiappa en juillet dernier.
Le Grenelle des violences conjugales s'ouvre ce 3 septembre. Les discussions à ce sujet dureront près de trois mois, comme l'avait annoncé Marlène Schiappa en juillet dernier.

Le gouvernement a lancé ce mardi 3 septembre son Grenelle des violences conjugales. Trois mois de discussion au nom hautement symbolique, mais dont l’impact pose question.

Le Grenelle des violences conjugales a débuté ce mardi 3 septembre. Un rendez-vous à l’initiative du gouvernement qui réunit les représentants de différentes organisations pour lutter contre ce fléau.

Une initiative pleine de bonne volonté, dont l’efficacité est en revanche critiquée par certaines associations, qui redoutent un coup de com’ du gouvernement. De quoi se demander si ces Grenelles qui se multiplient depuis le mandat de Nicolas Sarkozy ont un réel impact.

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Une symbolique en mutation

À travers le terme “Grenelle”, le gouvernement montre qu’il “se préoccupe de la thématique abordée”, décrypte pour Yahoo Actualités Christian Delporte, professeur à l'université de Versailles, spécialisé dans l’histoire politique. À l’origine, la symbolique du Grenelle était celle “d’un moment important pour la société. Des mesures très fortes, dans un domaine pas encore abordé, devaient sortir de ces discussions”, nous précise-t-il.

Mais les choses ont quelque peu évolué. “Le Grenelle montre que le gouvernement prend au sérieux un problème social, économique ou politique, même si la résolution de ce problème lui échappe en partie”, analyse Luc Rouban, directeur de recherches au CNRS. À travers ces discussions, “l’Etat essaie d’encadrer la demande de participation des citoyens. Il y a un côté managérial. On donne une autonomie dans les échanges, mais toujours sous le patronage du gouvernement”, poursuit-il.

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La société a changé, les Grenelles aussi

Dans les faits, les choses ont bien changé depuis la première réunion au ministère du Travail, rue de Grenelle, en 1968. À l’époque, le gouvernement n’avait réuni que deux parties : les syndicats et le patronat. “À la fin des années 60, l’Etat était plus fort. Il avait le contrôle du dialogue social et économique”, commente Luc Rouban. Résultat : le tout premier Grenelle avait mené à des réformes et des mesures importantes, notamment sur la revalorisation des salaires et les accords d’entreprise.

Mais le contexte a bien changé. En 2007, lorsque Nicolas Sarkozy a ouvert un Grenelle de l’environnement, l’Etat avait déjà perdu de son pouvoir. Finies, les négociations entre deux parties avec les ministres en guise de médiateur. “Le gouvernement prend désormais l’initiative de réunir tous les acteurs concernés sur un sujet, et pas uniquement des partenaires en conflit comme ce fut le cas à l’origine”, constate Christian Delporte.

Mais surtout, avec l’environnement, le gouvernement s’est attaqué à un thème qui ne dépendait pas uniquement de son pouvoir, comme nous le précise Luc Rouban. “La question abordée était très complexe et elle impliquait notamment différents pays”.

Des résultats décevants

Le Grenelle de l’environnement s’est soldé par “des projets d’avenir avec des objectifs, mais pas d’accord contraignant”, rappelle le directeur de recherches au CNRS. D’ailleurs, du propre aveux du site Vie publique (dépendant du gouvernement), “la seule mesure réellement passée dans les faits à la fin de cette année [2008, ndlr] concerne le bonus-malus sur les véhicules neufs.”

Grenelle de l’insertion, du très haut débit, de la Mer, des ondes… Ces “grand-messes sous l’égide du gouvernement” se sont enchaînées, sans beaucoup plus de résultats concrets. “Ils sont toujours très ambitieux, mais parfois décevants”, constate Luc Rouban.

De son côté, le spécialiste en histoire politique Christian Delporte estime que “le problème, c’est qu’on ne peut pas faire des Grenelles tous les quatre matins sur tous les sujets, sinon, ça n’a plus de sens”. D’ailleurs, il n’est pas sûr “que dans l’imaginaire, le terme Grenelle veuille encore dire quelques chose”. Reste désormais à savoir si celui concernant les violences faites aux femmes apportera des réponses.

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