LFI, PS, EELV, PCF... Qui pèse le plus à gauche après le premier tour des législatives?

La composition de l'Assemblée nationale sera métamorphosée au soir du dimanche 7 juillet. En effet, jamais le nombre de députés du Rassemblement national n'aura été aussi élevé. 38 candidats RN ont été élus dès le premier tour et pas moins de 297 de ses candidats et alliés arrivent en tête. Selon les projections de notre partenaire Elabe, ils pourraient rafler 255 à 295 sièges, de quoi obtenir une majorité absolue ou relative après ces élections législatives anticipées.

Selon les projections des sondeurs, l'union des gauches sous la bannière du Nouveau Front populaire sera la principale force d'opposition au Rassemblement national avec 136 à 185 sièges. Cela avant l'annonce des désistements des candidats du camp présidentiel.

La France insoumise et ses dissidents en tête

Selon les estimations de l'institut Elabe pour BFMTV, RMC et La Tribune Dimanche, entre 120 à 140 sièges seraient gagnables par le Nouveau Front populaire et entre 11 à 12 sièges pourraient revenir aux candidats de gauche dissidents.

Selon une autre projection Ipsos, plus optimiste pour la gauche, 125 à 165 sièges reviendraient aux différents partis de la gauche unie. À cette deuxième estimation, il faut ajouter entre 11 à 19 sièges pour les candidats dissidents du NFP. À l'issue du deuxième tour des législatives de 2022, le bloc de gauche uni sous la bannière de la Nupes avait réussi à obtenir ensemble 151 sièges.

Dans le détail, entre 58 à 72 sièges reviendraient à LFI (contre 75 en 2022) au soir du 7 juillet. Entre 33 à 43 sièges deviendraient socialistes (contre 31 en 2022) et de 28 à 38 sièges pour EELV (23 en 2022). Et enfin 6 à 12 pour le Parti communiste (ils étaient 22 dans le groupe gauche démocrate et républicaine) qui sort affaibli après ce premier tour à l'image de la défaite dès le premier tour de son secrétaire national Fabien Roussel. Cependant parmi les dissidents, une majorité de bien placés est issue de La France insoumise.

Le parti de Jean-Luc Mélenchon -qui a précisé, de cœur avec les autres forces de gauche, que le sujet pour l'instant n'était pas de placer le tribun à Matignon en cas de victoire au second tour- sortirait donc en tête à gauche.

Contrairement aux européennes

Ce premier tour des législatives montrent une tendance différente à gauche que celle des élections européennes, trois semaines plus tôt. Dimanche 9 juin au soir, c'est les socialistes qui arrivent largement en tête à gauche, derrière le camp présidentiel et l'extrême droite. Avec 13,8% des voix, le candidat PS-Place publique, Raphaël Glucksmann a été réélu haut la main au Parlement de Strasbourg.

Derrière lui, La France insoumise était à la peine, n'arrivant pas à franchir la barre symbolique des 10%, avec 9,87% des voix, suivie de justesse par EELV (5,47%) qui a bien failli ne pas envoyer de députés français verts dans l'hémicycle européen. Le PCF quant à lui, n'a pas réussi à être représenté après avoir obtenu seulement 2,37% des voix, loin sous la barre des 5% nécessaires pour espérer un siège.

Des députés LFI très soutenus à Paris

Plusieurs facteurs expliquent cette adhésion locale aux candidats LFI dans leur circonscription. En premier lieu, le vote urbain (et notamment parisien) qui a permis à certains députés sortants d'être réélu dès le premier tour.

Sur les 18 circonscriptions de la capitale, la moitié a vu les candidats du Nouveau Front populaire élus dès le premier tour. Sans surprise, c'est dans l’Est parisien que les résultats ont été les plus spectaculaires. Dans ce bastion de la gauche, LFI s’était taillé la part du lion en 2022, avec six députés sur neuf de gauche.

Tous (Aymeric Caron, Danièle Obono, Sarah Legrain, Sophia Chikirou et Rodrigo Arenas) ont été réélus, à l'exception de la dissidente Danielle Simonnet, qui fait face à une candidate du NFP et qui reste cependant en ballottage favorable. Les écologistes ont également reconduit trois députés dès le premier tour: Eva Sas et Sandrine Rousseau, sortantes, et Pouria Amirshahi.

Et en Île-de-France

En banlieue parisienne, les députés sortants LFI ont également été largement plébicités. Ainsi en Seine-Saint-Denis, 6 candidats NFP élus dès le premier tour. Avec des scores très largement au-dessus de leurs adversaires. Bastien Lachaud a emporté 71,7% des suffrages, Éric Coquerel 65,3% des voix, Aurélie Trouvé 62,9% des voix, Clémentine Autain qui remporte 62,7%, Nadège Abomangoli 52,6% des suffrages.

Dans le Val d'Oise, deux candidats LFI ont été réélus au premier tour. Il s'agit de Paul Vannier (56% des voix) et Carlos Martens Bilongo (58,3%). Dans le Val-de-Marne, Mathilde Panot emporte 59,2% des voix et Clémence Guétté 55%.

Lors des précédentes législatives, seuls cinq candidats avaient été élus dès le premier tour. Parmi eux, quatre venaient de Nupes: Alexis Corbière (62,9%) dans la 6e circonscription de Seine-Saint-Denis, Danièle Obono (57,1%) dans la 17e circonscription de Paris, Sophia Chikirou (53,7%) dans la 6e circonscription de Paris et Sarah Legrain (56,5%) dans la 16e circonscription de Paris.

Les députés réélus dès le premier tour du parti mélenchoniste bénéficient, en plus du vote urbain, d'une identification forte et de personnalités qui se sont illustrées lors de la dernière mandature. De manière générale, la parole des députés LFI, qu'ils soient déjà réélus ou non, ont bénéficié d'une parole particulièrement médiatisée à l'Assemblée nationale, faite de "bruit et de fureur", selon la volonté même du parti.

"À qui profite le plus le front républicain?"

Revers de la médaille d'un tel acharnement: générer peur et division parmi les appels au barrage républicain en vue du second tour. Édouard Philippe a ainsi considéré qu'il ne fallait ni voter pour le RN, "ni pour LFI". Yaël Braun-Pivet a appelé, elle, à faire le distingo entre un candidat LFI "républicain" et "responsable". Et un candidat LFI qu'elle considère comme antisémite et outrancier.

Parmi les différentes composantes du NFP, "la question qui va se poser maintenant [pour le second tour] est celle de savoir à qui profite le plus le front républicain", explique Bernard Sananès à BFMTV.com. Le directeur de l'institut de sondage Elabe anticipe ainsi une "différence dans le report des électeurs de Renaissance vers la gauche".

Concernant les rapports de force entre les uns et les autres, le PS "pèsera sûrement un peu plus" que lors de la précédente législature, anticipe-t-il, rappelant que les socialistes ont pu "négocier plus de circonscriptions" que lors des dernières élections législatives. Néanmoins, "on risque de se rendre compte que les circonscriptions les plus favorables sont celles déjà acquises à la La France insoumise", ajoute Bernard Sananès.

Difficile néanmoins de tirer à ce stade des conclusions plus détaillées pour les partis du NFP. En ce qui concerne la gauche, Bernard Sananès souligne cependant que si elle "progresse par rapport aux législatives de 2022", elle reste "très concentrée dans les grandes villes et les banlieues". Et relève ainsi une "difficulté à élargir ses zones de force", "symbolisée par François Ruffin", député sortant de la Somme devancé par l'extrême droite au premier tour dans une circonscription en partie rurale.

Article original publié sur BFMTV.com