Les nuages de sable du Sahara qui vont traverser la France ce week-end sont-ils dangereux pour la santé ?

Alors que ce phénomène spectaculaire est de plus en plus récurrent ces dernières années, quels sont les risques pour la santé humaine ?

Depuis quelques jours, Nice voit passer des nuages de sable en provenance du Sahara (Photo : Valery HACHE / AFP)

Une nouvelle fois, les paysages français se teintent d'ocre. Depuis plusieurs jours, un vent venu du Sahara, apporte, dans le sud de la France, un nuage de sable provenant directement du plus vaste désert du monde. D'après les prévisions météo, l'épisode devrait d'ailleurs s'intensifier au cours du week-end du 6-7 avril, au point de concerner tout le pays.

Particulièrement spectaculaire visuellement, en raison des dépôts de poussière jaune-orangée qu'il laisse derrière lui, le phénomène est loin d'être inconnu dans l'Hexagone et a par exemple pu être observé en avril 2022, en février 2023, puis à nouveau en septembre 2023.

Un phénomène atmosphérique en deux temps

Ce type d'épisode est produit par une interaction physique entre les masses d'air et la surface du Sahara. "Il y a du vent très fort, très intense au niveau du désert qui arrache des poussières désertiques tellement fines qu’elles ne retombent pas tout de suite et peuvent rester en l’air sur des milliers de kilomètres", décrit Béatrice Josse, spécialiste en modélisation de la chimie atmosphérique à Météo France, dans un podcast de France Inter.

"Le phénomène se décompose en deux temps, précise dans la même émission Benoît Laurent, du laboratoire interuniversitaire des systèmes atmosphériques. D’abord des vents forts à proximité du sol qui viennent balayer la surface et arrachent les particules qui sont ensuite en suspension dans l’atmosphère, puis ces particules se retrouvent prises dans des grandes masses d’air qui se déplacent sur de grandes distances, comme le Sirocco par exemple."

Des particules fines qui "se rajoutent à la pollution des villes"

En retombant ensuite à la surface, ces particules présentent-elles un danger pour la santé humaine ? La réponse est malheureusement plutôt positive, car ces poussières "se rajoutent à la pollution des villes", comme l'explique l'astrophysicien de la NASA Thomas Fauchez dans un podcast réalisé par les élèves du collège Guillaume de Lorris (Loiret), et détériorent donc encore la qualité de l'air, notamment dans les zones urbaines.

"Lorsque ces poussières désertiques se retrouvent dans les particules dites grossières (d'un diamètre inférieur à 10 micromètres), elles pénètrent dans l’organisme. Leur quantité peut engendrer des effets sanitaires et affecter gravement la santé", alerte ainsi dans les colonnes de Sud Ouest Atmo Gironde, l'observatoire départemental de la qualité de l'air.

Un lien établi entre poussière du Sahara et mortalité infantile

Plutôt que de l'impressionnante poussière ocre qui vient se déposer sur les voitures et les toits des maison, le problème vient donc surtout de particules invisibles à l'œil nu, également charriées par ces vents sahariens. En 2016, une étude publiée dans la revue Atmospheric Chemistry and Physics avait d'ailleurs démontré qu'en s'éloignant du point de départ, la taille des particules contenues dans la masse d'air a tendance à diminuer progressivement.

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La nocivité de la poussière du Sahara sur la santé humaine a ensuite été documentée dans un article publié en 2020 par Nature Sustainability. Comme le résume le National Geographic, les chercheurs "ont établi un lien étroit entre la quantité de poussière présente dans l’air et la survie d’un nouveau-né. En Afrique de l’Ouest, si la poussière augmente de 25 % dans les airs – dix microgrammes de poussière de plus dans chaque mètre cube d’air – la chance de survie du nouveau-né est réduite de 18 %."

Néfaste pour l'homme, mais bénéfique pour certains écosystèmes

La proportion fait froid dans le dos et explique notamment pourquoi l'Organisation Mondiale de la Santé préconise de "ne pas s’exposer à ces poussières lorsqu’elles dépassent le seuil de 45 microgrammes/m³ en moyenne quotidienne", selon Sud Ouest. Pour le week-end du 6-7 avril, des messages de prévention devraient donc accompagner le passage du nuage de sable du Sahara, à l'instar de celui d'Atmo Gironde qui recommande aux personnes sensibles de limiter leurs sorties et de garder les fenêtres fermées.

Pour conclure, notons que si la poussière du Sahara est néfaste pour la santé humaine, elle peut paradoxalement se révéler vertueuse pour d'autres formes de vie. "Ces poussières désertiques sont composées de différents minéraux parfois riches en nutriments tels que l'azote ou le phosphore et lorsque ça retombe, cela peut devenir un apport pour certains écosystèmes qui en seraient limités", indique ainsi Benoît Laurent dans le podcast de France Inter.