Avec le sable du Sahara attendu ce week-end, ce n'est pas la radioactivité qui est dangereuse

POLLUTION - Le ciel va une fois encore se parer d’une étrange couleur dans les jours qui viennent, mais le phénomène commence à devenir familier pour les Français. Un nuage de sable venu du Sahara doit traverser la France ces samedi 6 et dimanche 7 avril. Et pourrait déclencher localement un épisode de pollution aux particules fines.

En parallèle du pic de chaleur attendu ce week-end sur toute la France, avec des températures atteignant parfois les 30 °C, un amas de poussière désertique va se détacher de l’Afrique du Nord pour remonter vers la France et poursuivre vers le reste de l’Europe sur les trois ou quatre prochains jours, comme le montrent les modélisations.

Si l’effet visuel est original pour les photos, il l’est moins pour la santé. Car la poussière n’est pas le seul élément transporté dans ces nuages, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article, diffusée en avril 2022 à l’occasion d’un phénomène similaire.

Des résidus radioactifs dans le sable du Sahara ?

À chaque épisode du genre, il est fréquent d’entendre que : “le nuage de sable venu du désert du Sahara est radioactif” : De fait, les poussières qui sont charriées par ce type de tempête contiennent bien du césium 137, un élément radioactif. Néanmoins, sa concentration dans l’air est si faible qu’il ne représente aucun danger pour votre santé.

Le taux de particules radioactives est en effet jugé “négligeable” par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). “La radioactivité dans l’air en France va être un million de fois plus faible que ce qui avait été observé lors de l’accident de Tchernobyl”, explique Jean-Christophe Gariel, le directeur du département “Environnement” à l’IRSN pour Le HuffPost.

Une pollution aux particules fines beaucoup plus dangereuse

En revanche, le sable porté par les vents du Sahara entraîne une pollution aux particules fines, beaucoup plus dangereuse que sa radioactivité. Les poussières se rajoutent en effet à un air déjà pollué notamment dans les grandes villes. “On respire déjà des particules fines issues du trafic routier ou de l’industrie, c’est une pollution en plus, donc ce sera toujours une pollution toxique car elle est de trop”, détaille Thomas Bourdrel, chercheur à l’Université de Strasbourg.

Ces particules peuvent, comme lors des pics de pollution dus à la circulation automobile, s’infiltrer dans les poumons et être un vrai risque pour les personnes fragiles (personnes âgées, asthmatiques, jeunes enfants…). “Les particules de sable inhalées peuvent servir de véhicules aux bactéries, virus pathogènes (...) Elles favorisent aussi l’inflammation des voies respiratoires inférieures, ce qui peut compliquer des infections respiratoires ou pneumopathies chroniques”, alerte le biologiste Claude Gustave le 15 mars sur Twitter.

Pour prévenir des maladies respiratoires, le scientifique conseille de porter le masque lors des épisodes de nuages de sable. Habituellement inefficace pour filtrer les particules ultra-fines de l’air, le masque chirurgical retient les poussières de sables plus grosses. Le mieux reste de “réduire les activités sportives intenses” et “d’éviter les zones à fort trafic routier, aux périodes de pointe”, conseille le ministère de la Santé.

Ces pics de pollution engendrés par des phénomènes naturels, comme les vents de sable du Sahara, restent rares. La grande majorité est due à la pollution des activités humaines, précise le ministère de la Santé. L’agence Santé publique France évalue à au moins 48 000 personnes mortes à cause de particules fines de l’air chaque année, soit 9 % de la mortalité nationale.

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