"L'audace a des limites": pourquoi Attal ne sollicite pas la confiance après son discours de politique générale

Un pari risqué que ne relève pas Gabriel Attal. Le Premier ministre qui tient son discours de politique générale ce mardi devant les députés ne sollicitera pas la confiance de l'Assemblée nationale.

Très concrètement, cela signifie qu'à l'issue de son discours, les oppositions pourront monter à la tribune donner leurs points de vue sur la feuille de route présentée par le locataire de Matignon. Mais elles ne seront pas amenées à voter pour soutenir son action.

"Ça aurait eu un certain panache de prendre ce risque"

En l'absence de majorité relative, le Premier ministre ne veut prendre aucun risque. S'il sollicitait la confiance des députés mais qu'il ne récoltait pas 289 voix, il serait alors contraint de présenter sa démission à Emmanuel Macron.

Autant dire que pour Gabriel Attal, qui ne peut compter de façon certaine que sur les 250 députés de la majorité présidentielle, le choix a été rapide.

"Ça aurait eu un certain panache, je le reconnais, de prendre ce risque mais bon, l'audace a des limites quand même", sourit un député macroniste auprès de BFMTV.com.

La gauche en colère

Dans la même configuration en juillet 2022, Élisabeth Borne avait elle aussi choisi de ne pas solliciter le vote de confiance des députés, tout en évoquant publiquement ses hésitations.

Si la méthode choisie par l'exécutif n'est pas nouvelle, elle agace à gauche. "C'est une tradition républicaine qu'un Premier ministre vienne chercher l'onction du Parlement", s'est agacé le patron des socialistes Olivier Faure sur X (anciennement Twitter).

"Il faut un vote de confiance. Il est quand même responsable de la politique de la Nation devant l'Assemblée nationale", a jugé de son côté le député insoumis Éric Coquerel sur BFMTV.

"Tout le monde fait pareil dans ce cas-là"

Avant Gabriel Attal et Élisabeth Borne, quatre Premiers ministres n'avaient pas non plus sollicité la confiance de l'Assemblée nationale après leur déclaration de politique générale. Les socialistes Michel Rochard, Édith Cresson et Pierre Bérégovoy, tous deux confrontés à l'absence de majorité absolue n'avaient pas osé se soumettre à l'exercice.

"Évidemment que tout le monde fait pareil dans ce cas-là. Et c'est de bonne guerre de crier au scandale quand on est dans l'opposition", remarque un élu Renaissance.

Maurice Couve de Murville, le tout premier des locataires de Matignon à ne pas se soumettre au vote de confiance, avait, lui, fait ce choix pour une raison de pur affichage politique en 1968. Il cherchait à montrer que sa légitimité dépendait directement de Charles de Gaulle, qui l'avait nommé, et non des députés.

"Il pourrait être renversé"

C'est d'ailleurs là que le bât blesse. Si le vote de confiance n'est pas écrit noir sur blanc dans la Constitution, elle prévoit bien que le Premier ministre engage sa responsabilité sur une déclaration de politique générale.

Le gouvernement juge cependant que l'esprit de la loi fondamentale est bien respecté, puisque les députés vont se prononcer sur une motion de censure déposée par la gauche.

"Il y aurait un problème si le Premier ministre n'était pas responsable devant le Parlement. Ce n'est pas le cas puisqu'il pourrait être renversé", observe un parlementaire de la majorité présidentielle.

"Chercher des voix dans les oppositions"

Pour ce faire, il faudrait cependant que la motion de censure récolte 289 voix. Le calcul semble cependant très peu probable sans le soutien de la droite.

"On n'a pas vraiment un enjeu de confiance en réalité. On est en majorité relative, on le sait tous. La question est plutôt de convaincre dans les prochains mois et d'aller chercher des votes dans les oppositions. C'est ça le mandat du Premier ministre", décrypte un conseiller parlementaire.

Gabriel Attal a dès la nomination de son gouvernement promis "de l'action, de l'action, de l'action" et "des résultats, des résultats, des résultats".

Article original publié sur BFMTV.com