Législatives: Raphaël Glucksmann appelle la majorité à "sortir du ni-ni"

L'eurodéputé Raphaël Glucksmann à Blanquefort, dans la Gironde, le 22 juin 2024 (Thibaud MORITZ)
L'eurodéputé Raphaël Glucksmann à Blanquefort, dans la Gironde, le 22 juin 2024 (Thibaud MORITZ)

L'eurodéputé Raphaël Glucksmann a appelé jeudi le camp macroniste, qui renvoie dos à dos le Rassemblement national et la gauche dans la campagne des législatives, à "sortir du ni-ni" qui est selon lui "un consentement à la prise du pouvoir par le RN".

"Pour qu'il n'y ait pas de majorité d'extrême droite, la macronie a une chose à faire, c'est sortir du ni-ni", et à dire "très clairement que la priorité des priorités, c'est d'empêcher le RN d'avoir une majorité absolue", a déclaré à la presse M. Glucksmann, venu soutenir le candidat de l'alliance de gauche Nouveau Front populaire (NFP), Aurélien Rousseau, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines).

M. Glucksmann a dénoncé une part de calcul électoral dans la rhétorique de la majorité: "C'est une stratégie de premier tour pour essayer de limiter la casse" dimanche en affaiblissant la gauche.

Mais cette stratégie est "extrêmement dangereuse pour la suite": "Avec toute cette propagande, il y a un risque fondamental qui est l'incapacité à faire barrage au RN dans quelques jours", a-t-il craint.

"Emmanuel Macron a joué à Néron en décidant de la dissolution de l'Assemblée nationale alors que rien ne l'y obligeait. Et maintenant, c'est Ponce Pilate qui s'en lave les mains", a-t-il fustigé.

Interrogé sur le fait qu'une partie de l'électorat estime La France insoumise (LFI) aussi dangereuse, voire davantage que le RN, M. Glucksmann a répondu que "la responsabilité dans un moment aussi grave, c'est d'établir quelle est la menace principale qui pèse sur notre République".

"Vous posez une équivalence, ça veut dire que vous n'identifiez pas de menace principale. (...) Cette équivalence qui est posée, c'est en réalité un consentement à la prise du pouvoir par le RN", a-t-il ajouté.

L'ancien ministre macroniste Aurélien Rousseau, désormais investi par le parti de M. Glucksmann Place publique, a lui aussi regretté ce "ni-ni", trouvant même les attaques de la macronie plus dures contre la gauche. "Si ce n'était que ni-ni... Mais c'est ni RN, ni NFP, ni surtout NFP", a-t-il ironisé.

Interrogé sur l'hypothèse d'une grande coalition des LR aux sociaux-démocrates mise sur la table par le camp présidentiel, M. Rousseau a trouvé la "manœuvre grossière", alors que la majorité n'est "même pas capable" de dire ce qu'elle fera au soir du premier tour en cas de triangulaire, tout en laissant la porte ouverte: "oui, peut-être, on aurait pu y réfléchir avant de dissoudre aussi".

En montant dans sa voiture, M. Glucksmann a été interpellé par la députée sortante de la circonscription, Nadia Hai (Renaissance), qui se représente. "J'espère que vous allez retrouver vos valeurs un jour", lui a-t-elle lancé, en lui reprochant de "se compromettre avec Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise".

"Je vous promets que si j'avais partie liée avec le camp qui a mis la France dans ce chaos, je ferais preuve de beaucoup plus d'humilité sur la question des principes", a-t-il répondu, selon les images d'un journaliste du Figaro.

Dans des documents de campagne, la coalition présidentielle invite à ne voter ni pour le RN ni pour la Nupes (ancien nom de l'alliance de gauche). Mais elle pourrait se diriger à l'issue du premier tour vers un mot d'ordre "ni RN, ni LFI", distinguant le mouvement de Jean-Luc Mélenchon des autres partis de cette alliance.

sl/pab/ dch