Législatives: ce que l'on sait des craintes de débordements en marge des élections

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a évoqué mardi la crainte de "troubles à l'ordre public" à l'issue des élections législatives le 30 juin et le 7 juillet. Sont notamment redoutés des affrontements entre des membres de l'ultra-droite et de l'ultra-gauche.

Un moment politique historique que les forces de sécurité scrutent de près. Alors que la France est appelée à voter aux élections législatives les 30 juin et 7 juillet, le pays pourrait changer de majorité à l'Assemblée nationale.

Les deux blocs qui arrivent en tête dans les sondages sont celui du Rassemblement national suivi du Nouveau Front populaire, l'alliance des partis de gauche. Le renseignement anticipe de possibles débordements en fonction des résultats du scrutin.

Dès le 14 juin, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a adressé un télégramme aux préfets et aux différents patrons de police et gendarmerie. Il y affirmait que "les premières réactions constatées, notamment de l'ultra-gauche, conduisent les services de renseignement à considérer la période pré-électorale et celle suivant le scrutin comme extrêmement sensibles".

Sont notamment redoutés de "violents affrontements entre ultra-droite (2.700 personnes suivies) et ultra-gauche (5.500 personnes suivies)". Le ministre de l'Intérieur demandait aux préfets d'être "attentifs à la protection des personnes et des biens pour garantir, avec tact mais fermeté, l'ordre républicain".

Sur CNews mardi, Gérald Darmanin a évoqué "des notes du service de renseignement" relatant "de possibles troubles à l'ordre public le 30 juin et plus certainement le 7 juillet, le jour du second tour". Le ministre de l'Intérieur a expliqué "se préparer" pour ces deux dimanches d'élections avec des policiers et gendarmes "en nombre" afin que "les Français puissent voter librement et que chacun accepte les résultats". Gérald Darmanin a mentionné des quartiers et villes "particulièrement connus pour être des foyers d'ultra-gauche ou d'ultra-droite".

Selon les informations de BFMTV, les services de renseignement travaillent en effet sur les différents cas de figure pour les deux tours des législatives. D'après une source policière haut placée, le calme relatif observé jusqu'à présent est lié à une volonté de l'ultra-gauche et de l'ultra-droite de ne pas créer un contexte défavorable à leur cause politique dans les urnes.

Les services de renseignement observent des deux côtés des appels à la retenue pour ne pas favoriser le camp adverse. Sur les réseaux sociaux, seule une partie très marginale de comptes apparentés à l'ultra-gauche prônent déjà l'insurrection. Pour l'heure, il n'y a pas de risque réellement identifié après le premier tour, même si une vigilance va s'exercer sur toute une série d'agglomérations.

Les risques sont en revanche identifiés comme plus importants après le second tour, selon nos informations. En cas de victoire du Rassemblement national le 7 juillet, les services de renseignement anticipent déjà des actions coordonnées de l'ultra-gauche et des risques de débordements dans certains quartiers sensibles.

Des affrontements entre ultra-droite et ultra-gauche ne sont pas à exclure, notamment dans des villes comme Lyon ou Strasbourg, a estimé une source policière auprès de BFMTV. Les policiers seront par ailleurs vigilants à la marche prévue samedi à Nanterre pour les 1 an de la mort du jeune Nahel, qui a entraîné des émeutes l'été précédent. L'adolescent avait été tué d'une balle tirée par un policier lors d'un contrôle routier à Nanterre le 27 juin 2023.

À Paris, "on se prépare à gérer toutes les configurations. On peut avoir des manifestations de voie publique qui peuvent dégénérer", a déclaré le préfet de police, Laurent Nuñez, sur France Inter ce mercredi.

Depuis le 15 juin, et encore plus à partir du 1er juillet, la préfecture de police dispose de renforts policiers liés au Jeux olympiques, a appris BFMTV d'une source policière. Des renforts qui pourront servir à densifier les dispositifs dans cette perspective électorale.

Le préfet de police de Paris a rappelé que le soir des élections européennes, il y avait eu à Paris "des manifestations" suivies de "déambulations sauvages où il a fallu faire intervenir la force pour éviter des dégradations". "Les manifestations elles-mêmes n'ont pas entraîné de troubles à l'ordre public", a insisté Laurent Nuñez.

Quant à l'hypothèse d'une persistance de troubles politiques durant les Jeux olympiques, et notamment lors de la cérémonie d'ouverture le 26 juillet, le préfet de police a rappelé qu'"un effectif conséquent (de forces de l'ordre)" serait déployé en Île-de-France: "45.000 policiers et gendarmes, sans compter les 10.000 militaires de l'opération Sentinelle".

Article original publié sur BFMTV.com