Législatives : « Il faut empêcher le RN d’avoir la majorité absolue pour que le Nouveau Front Populaire puisse l’avoir », assure Éric Coquerel

Avec près de 200 désistements, l’entre-deux tours des élections législatives est marqué par le retour au premier plan du barrage républicain contre le RN. Si certains membres du camp présidentiel, comme Edouard Philippe, continuent de défendre le ni LFI ni RN, les désistements des candidats de gauche arrivés troisième au profit de candidats macronistes ont facilité le processus. « Il faut, à chaque fois que c’est possible, faire élire un autre candidat que celui du RN », affirme Éric Coquerel, réélu dès le premier tour dans la première circonscription de Seine-Saint-Denis. Au total 132 candidats du Nouveau Front Populaire (NFP) et 81 candidats de l’ex majorité présidentielle se sont désistés, mais rien ne garantit un report de voix suffisant pour faire barrage. 

« Il va falloir qu’ils aient les mots pour convaincre nos électeurs après avoir appliqué une partie du programme du RN » 

« Il y a plus de 300 circonscriptions où nos électeurs vont pouvoir voter et faire élire un candidat qui applique le programme du NFP et 125 où ils vont pouvoir voter pour éliminer le RN », résume Éric Coquerel. L’ancien président de la commission des finances trace une ligne claire entre le RN et le bloc central, mais reconnaît qu’il va falloir convaincre les électeurs de gauche de voter pour ceux qui ont porté la politique du gouvernement ces deux dernières années. « Peut-être qu’il va falloir qu’ils aient les mots pour convaincre nos électeurs après avoir appliqué une partie du programme du RN », tacle l’élu de la France insoumise en référence au vote de la loi immigration avec les députés du RN. 

Si plusieurs ministres sortants se sont retirés, plus ou moins rapidement, au profit de candidats du NFP, le bloc de gauche devrait aussi permettre de sauver quelques figures de l’ancienne majorité. Gérald Darmanin, qui dispose d’une très légère avance, et Élisabeth Borne, en ballottage défavorable, bénéficient du retrait des candidats du NFP. « Je conçois que c’est plus simple pour nos électeurs qui sont dans les 300 circonscriptions où nous sommes présents », concède Éric Coquerel. « Il n’y a aucun danger de retour d’un macronisme triomphant », poursuit l’élu LFI qui considère que la priorité est d’empêcher le RN de s’appuyer sur une majorité absolue dans l’hémicycle au lendemain du 7 juillet. « Monsieur Darmanin, Madame Borne ne peuvent plus gouverner », conclut Éric Coquerel. 

La perspective d’une Assemblée divisée

« Il y a une possibilité d’empêcher que le RN ait la majorité absolue et il y a en plus une possibilité de changer les choses dans ce pays », affirme Éric Coquerel qui perçoit une opportunité pour le NFP de remporter une majorité absolue. L’élu de Seine-Saint-Denis souhaite « empêcher le RN d’avoir la majorité absolue pour que [le NFP] puisse l’avoir ». Avec un peu plus de 300 candidats encore en lice, l’opération paraît compromise pour le bloc de gauche qui doit remporter au moins 289 sièges pour obtenir une majorité absolue. En l’absence de majorité absolue, Éric Coquerel écarte l’hypothèse d’une « assemblée plurielle » comme évoquée par Gabriel Attal. « Je ne vois pas très bien comment ceux qui sont arrivés en troisième pensent qu’ils vont pouvoir réunir une coalition autour d’eux. Je doute que [l’ancienne] majorité ait envie d’appliquer notre programme », tranche Éric Coquerel.