Législatives: Bruno Le Maire "ne met pas de signe égal entre le RN et LFI" mais "refuse de voter LFI"

Bruno Le Maire est-il prêt à soutenir tous les candidats du "front républicain" pour éviter une victoire du Rassemblement national (RN)? Après une charge lundi sur France inter contre LFI, au lendemain des résultats du premier tour des législatives, le ministre de l'Économie et des Finances nuance quelque peu sa pensée concernant le parti mélenchoniste.

"Je ne mets pas de signe égal entre le RN", arrivé en tête du premier tour des législatives dimanche, et LFI, "qui ont des histoires différentes", précise-t-il ce mardi 2 juillet dans un entretien au Figaro.

"Aucune voix pour le RN. Mais je refuse de voter pour LFI, dont le projet ouvertement communautariste et insidieusement antisémite, est contraire à notre nation, ajoute-t-il ce mardi sur son compte X. On combat le RN avec nos valeurs et nos convictions. On ne combat pas le RN avec les valeurs de La France insoumise".

"Arrêtons de tourner autour du pot: le RN est un danger pour la République. Sa remise en cause de la loyauté des binationaux est révoltante", a-t-il écrit quelques minutes plus tard. "Revenir sur le droit du sol pour le droit du sang est une insulte à notre esprit universel: faites donc le compte de tous ceux dont nous aurions ainsi perdu la contribution à la grandeur de la France. Pas une voix ne doit aller au Rassemblement national".

Le Rassemblement national, héritier du Front national créé en 1972, découle en effet du parti co-fondé le père de Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen, avec l'ancien Waffen-SS Pierre Bousquet. La leader actuelle du parti a expliqué qu'elle avait opéré une "séparation" avec ce passé depuis qu'elle est à la tête du mouvement, en 2011.

Bruno Le Maire remet toutefois en garde contre le vote en faveur du RN ou de LFI au second tour des législatives, qu'il assimile à "deux Frexit déguisés". Tandis que la gauche et plusieurs poids lourds de la macronie à l'instar de Gabriel Attal, ont appelé au désistement ferme face à la gauche et Les Républicains en cas de tringulaire au second tour. Pour faire barrage au RN.

Deux programmes de "Frexit"

"Soyons lucides: les extrêmes nous excluent de la construction européenne, en renégociant notre contribution européenne pour les uns, en bafouant les règles budgétaires de la zone euro pour les autres. Ce sont deux Frexit (sortie de la France de l'Union européenne, NDLR) déguisés", a asséné celui qui occupe Bercy depuis 2017.

Le président du RN Jordan Bardella affirme vouloir réduire "de deux à trois milliards" d'euros la contribution de la France au budget de l'Union européenne, tandis que le programme du Nouveau Front Populaire plaide pour "refuser" les règles budgétaires européennes.

Un comportement lâche pour Marine Tondelier

La veille, sur France inter, Bruno Le Maire avait appelé sur France Inter à voter au second tour pour "un candidat du camp social-démocrate" sans y inclure LFI, afin de contrer le RN.

Ses mots avaient provoqué l'ire de Marine Tondelier. Bruno Le Maire avait déclaré sur France inter, le 1er juillet, que s'il a assure "combattre" le RN, il appelle "ne pas voter" pour LFI. Et de citer "le communautarisme", "l'antisémitisme" ou "la violence" de la formation.

"J'appelle (...) tous nos électeurs, lorsque nos candidats ne sont pas au second tour, à voter pour un candidat du camp social-démocrate, c'est-à-dire un représentant du Parti socialiste, du Parti communiste ou des Verts", a déclaré le ministre de l'Économie dans la matinale.

La cheffe des Écologistes, véritable négociatrice de l'union de la gauche à ces législatives pour barrer la route du Rassemblement national l'avait alors qualifié son comportement de "lâche et privilégié".

La majorité divisée au coeur

La majorité sortante peine à s'exprimer d'une seule voix quand il s'agit de désistement pour soutenir un candidat insoumis entre ceux qui, comme Edouard Philippe ou Bruno Le Maire, ne veulent "ni du RN, ni de LFI", ceux qui font "du cas par cas" comme la présidente sortante de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet et ceux qui, à l'aile gauche, ne posent pas de conditions.

Concernant la suspension de la réforme de l'assurance chômage par Gabriel Attal, Bruno Le Maire s'est dit sur France Inter "très circonspect sur (...) les positions de circonstance".

"J'ai toujours dit qu'il fallait poursuivre la réforme de l'indemnisation du chômage, je ne vais pas changer de conviction là, en espace de 24 heures, parce qu'il faudrait que j'arrive à convaincre un tel ou un tel", a-t-il dit. "Une réforme (...) reste nécessaire pour atteindre notre objectif de 5% de taux de chômage à la fin du quinquennat", a-t-il insisté dans Le Figaro.

Le ministre ne s'est pas présenté aux législatives anticipées. Il n'avait pas non plus été candidat lors des précédentes législatives, en 2022.

Article original publié sur BFMTV.com