"Le symbole de cette équipe": comment Mike Maignan a mis tout le monde d'accord depuis le début de l'Euro

Vendredi 25 juin, 77e minute entre la France et la Pologne à Dortmund. Robert Lewandowski s’apprête à tirer le pénalty obtenu après vérification du VAR. Mike Maignan s’approche de lui, à l’intox. Il décide de reculer lentement vers sa ligne de but, les bras écartés et les mains tendues. La technique est bien huilée. Le portier de l'AC Milan se place sur sa ligne. Après deux petits sauts sur lui-même, il stoppe la tentative polonaise sur sa droite. Mais mauvaise nouvelle, Maignan ne s’est pas élancé avec un pied sur sa ligne comme le veut la règle. Le portier de 29 ans reste calme, dans sa bulle. Il observe brièvement le ralenti sur l’écran géant derrière lui, au Signal Iduna Park. La deuxième tentative finit par rentrer, grâce à l’aide du poteau droit. Mais de cette sérénité à toutes épreuves, "Magic Mike" en a fait sa force.

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"Je ne suis pas du tout étonné qu’il évolue à ce niveau. Il est aujourd’hui le symbole de cette équipe, en étant ultra solide, à l’image de la défense et du milieu. Il dégage beaucoup de sérénité", témoigne Hugo Lloris, l’ancien gardien numéro 1 des Bleus, après le match. "Il switche les jours de match. Il est déterminé et travaille beaucoup", précise son coéquipier Alphonse Areola.

Une attitude qui saute aux yeux vus du bord de terrain dès l’échauffement le jour de match. À l’inverse de Lloris, les discussions entre lui et l’entraîneur des gardiens Franck Raviot se font plus rares. Mike Maignan s’échauffe avec une rigueur impressionnante. Courses, étirements, longs dégagements qui terminent toujours dans les pieds de ses deux coéquipiers présents au milieu du terrain ou encore longues relances à la main. Une fois le coup d’envoi donné, il attend systématiquement qu’un kinésithérapeute lui apporte deux bouteilles de Powerade posées sous sa petite serviette blanche. Dernière attention pratiquée: Maignan demande à chaque fois au ramasseur de balle derrière lui un ballon, pour le tester et le faire rouler dans ses gants. Pendant deux longues minutes. "Il est simple et n'a pas vraiment de rituel avant les matchs. Il travaille en salle. C'est quelqu'un de déterminé et son visage change pour les matchs. Il veut tout arracher sur son passage", explique Brice Samba.

"Cette solidité, c’est lié à son travail"

Ce début de compétition irréprochable s’inscrit comme une suite logique après sa saison XXL à l'AC Milan. Mike Maignan a terminé le championnat avec 11 clean sheets en 29 matchs de Série A. Un bilan que le natif de Cayenne a réussi à obtenir malgré un enchaînement de pépins physiques. Des problèmes à une cuisse, une contusion au genou, une déchirure des adducteurs et dernièrement une blessure au doigt. Mais le numéro 16 de l’équipe de France s’est toujours relevé, en se réfugiant dans le travail.

"Il a toujours été performant et a travaillé pour arriver là. On est qualifiés et il a eu sa part de responsabilité avec trois clean-sheets en quatre matchs. Il a eu des arrêts importants à faire. On est à ses côtés pour le pousser. Il travaille énormément et cette solidité est aussi liée à ce travail. J'espère qu'il va continuer", ajoutent Alphonse Areola et Brice Samba. "Il peut être à la fois incroyable et usant pour ceux qui travaillent avec lui car il t’emmène avec lui dans le travail, la préparation, le professionnalisme, le détail", explique Éric Alibert, son entraîneur des gardiens à Lille de 2019 à 2021.

Au moment de rentrer dans le vestiaire, après le dernier succès contre la Belgique (1-0, huitième de finale), Mike Maignan s’est d’ailleurs empressé de tout de suite débriefer sa performance avec le portier de Lens. Son sourire est presque dans la retenue avant que Franck Raviot ne vienne féliciter celui qu’il surnomme le "maître du jeu".

Ses trois clean sheets depuis le coup d’envoi de l’Euro constituent déjà un record. Aucun gardien français n’a fait mieux durant un Euro. Mike Maignan rejoint dans les annales de l’équipe de France Joël Bats, Bernard Lama et Hugo Lloris.

Article original publié sur RMC Sport