Euro 2024: Mbappé, Griezmann, buteurs absents... Guy Stéphan se fait l'avocat des Bleus

En montant sur l’estrade, le premier regard est vif, accompagné d’un sourire. Guy Stéphan sait à quoi il va devoir répondre compte tenu des critiques exprimées sur le jeu des Bleus depuis le début de l’Euro. Même s’il rappelle d’emblée que l'équipe de France va jouer son cinquème quart en six phases finales d’un tournoi majeur (Euro ou Coupe du Monde) depuis que Deschamps est sélectionneur, Guy Stéphan est rapidement confronté à l’un des sujets crispants du moment: le niveau et le positionnement d’Antoine Griezmann. "Ça part fort", coupe-t-il au milieu de la question.

"Antoine ne mérite pas les critiques qu’il a eues"

"On a considéré qu’Antoine serait plus à l’aise sur le côté droit avec une occupation plus rationnelle de la largeur, justifie le premier adjoint de Didier Deschamps. Il était positionné sur ce côté mais avec la liberté de jouer dans l’axe. A la fin du match, j’ai félicité Jules Koundé pour sa performance. Il m’a tout de suite répondu: 'oui, mais je n'aurais jamais fait cette prestation si Antoine n’avait pas été là.' Antoine, c’est un joueur d’équipe, un joueur collectif."

"Je trouve qu’il ne mérite pas les critiques qu’il a eues, considère Guy Stéphan. On parle là d’un joueur qui a 133 sélections, qui a marqué 44 buts et qui, jusqu’au mois de mars avait enchaîné plus de 80 matchs d’affilée en équipe de France. Un joueur dont on a regretté l’absence au mois de mars quand on a perdu contre les allemands. On ne va pas le remettre en question aujourd’hui. Il est très subtil dans le jeu. C’est un joueur qui nous a apporté beaucoup et qui va encore nous apporter beaucoup."

"Je peux vous dire qu’il y a eu des buts hier"

On sent que les arguments sont préparés, prêts à être développés pour tenter de convaincre les journalistes présents. Deuxième dossier chaud du moment: l’inefficacité offensive. La France se retrouve en quart de finale de l’Euro sans avoir marqué un but dans le jeu validé par un de ses joueurs. Deux buts contre son camp de l’adversaire et un penalty de Mbappé ont permis aux Bleus de se hisser en quarts de finale. Les exercices devant le but aux entrainements laissent perplexes.

"J’ai regardé les images de l’entrainement à la télévision. Je n’ai vu que les tirs ratés. Je peux vous dire qu’il y a des buts hier", jure Stéphan. Selon nos décomptes factuels: 17 buts sur 96 tentatives. "Il y a eu aussi des ratés, c’est vrai. Et il y a eu aussi des arrêts exceptionnels de gardiens. Vous dire qu’il n’y a pas un déficit de but sur le nombre de tirs que l’on a effectués, ce ne serait pas vrai. Il y a un déficit", finit-il par admettre.

"Le préfère voir la bouteille à moitié pleine"

Une nouvelle question est posée sur le futur choix que devra faire le staff suite à la suspension d’Adrien Rabiot face au Portugal. Guy Stephan ne répond pas vraiment à la question. Il préfère défendre les performances globales de l’équipe de France, comme s’il voulait absolument que son message soit bien capté par l’assistance.

"C’est vrai qu’au niveau collectif, on peut mieux faire. C’est vrai qu’au niveau de l’efficacité, on doit mieux faire. On doit beaucoup plus cadrer et être en possibilité de marquer. Mais il y a aussi de bonnes choses. On a eu plus de possession que l’adversaire à chaque match. On a eu des occasions de buts à chaque match. On a 19 tirs sur le dernier match dont 14 dans la surface de réparation. Cela veut dire qu’à un moment donné, on a amené le ballon dans la surface, il n’est pas venu tout seul. Soit on voit la bouteille à moitié pleine, soit on voit la bouteille à moitié vide. Moi je préfère la voir à moitié pleine."

Guy Stephan pousse même son argumentaire en prenant exemple sur le but français contre la Belgique: "Sur ce but-là, on a fait 14 passes. Le ballon est parti de Saliba. On a fait 14 passes dont une à une touche d’Antoine et une autre de Kanté, ça s’est terminé par le but de Kolo Muani." Nous n’avons pas le temps de rectifier l’identité du buteur qu’il enchaine: "Vous allez me dire que c’est un but contre son camp, mais si Kolo ne provoque pas le défenseur, on ne marque jamais."

"On a une défense très solide"

Stéphan égrène les arguments. Le premier lieutenant de Deschamps distribue quelques bons points, à Jules Koundé notamment, dont il loue l'Euro "parfait". Il poursuit sa plaidoirie au moment de répondre à une question sur les critiques concernant la faible intensité du jeu des Bleus.

"On a jamais dit qu’on allait se balader. Je me souviens de ma réaction quand lors du tirage. J’ai dit attention. D’ailleurs on fait parti des groupes où il y a encore deux équipes qualifiées en quarts de finale. Mais oui, plus on pourra élever l’intensité mieux ce sera. Mais surtout qu’on retrouve cette efficacité qui nous fait défaut." Preuve que cela reste la préoccupation centrale au sein du staff. Mais que faire pour y remédier ?

"Peut-être qu’il faut frapper un peu moins fort, peut-être qu’il faut plus axer sur le fait de cadrer. On ne va pas se le cacher. On a un déficit à ce niveau-là." Mais très vite, de nouveaux arguments positifs viennent conclure les réponses de Guy Stephan.

"Ça n’empêche pas qu’on arrive à avoir des actions collectives. On a aussi une défense très solide. Dès la perte du ballon on a des joueurs qui travaillent, on quatre bons défenseurs, un grand gardien de but. Il y a beaucoup de positif. On n’a pas pris un but sur action de jeu. C’était sur penalty et encore il avait été arrêté une première fois. Il a fallu le retirer pour qu’on le prenne. Donc il y a également du positif."

"Kylian, c’est quasiment un but par match depuis l’Euro 2021"

Autre cas individuel que les journalistes veulent confronter à Guy Stephan: Kylian Mbappé. Moins fringant qu’au Qatar, le nouvel attaquant du Real Madrid prend moins la profondeur et pioche sans doute un peu physiquement. Mais là aussi, l’adjoint de Didier Deschamps s'empresse de soutenir le capitaine tricolore.

"Je pense d’abord qu’on a un peu tous minimisé sa fracture du nez. Cela n’explique pas tout, je suis d’accord. Mais le choc qu’il a eu est très traumatisant. Il joue avec un masque et c’est pas facile. Difficile pour la vision périphérique. Ensuite, il a eu une fin de saison un peu éreintante. Mais Kylian reste Kylian. Depuis l’Euro 2021, il est quasiment à un but par match avec nous. Il reste un joueur de top top top niveau. Et il y a des moments où ces joueurs sont un peu moins bons, un peu moins en mouvement. Ça arrive à tout le monde. Mais il est très présent, très rassembleur."

"Giroud a un comportement irréprochable"

Sur la frustration des remplaçants au faible temps de jeu, Guy Stephan révèle que Didier Deschamps leur a parlé avant la séance de la veille, réservée aux éléments qui n’avaient pas joué face à la Belgique. Le discours tenu par le sélectionneur avait pour but de les maintenir concernés, impliqués.

"Dans le passé, c’est arrivé que des joueurs qui n’avaient pas joué en phase de groupe se retrouvent à jouer en quarts et même après. Didier a notamment cité le cas de Nzonzi qui a joué la finale de la Coupe du Monde en rentrant à la 55e minute et qui n’avait pas beaucoup joué avant. Il ne faut rien lâcher. On ne sait jamais ce qui peut se passer."

Parmi ces joueurs qui patientent sur le banc de touche, Olivier Giroud ronge son frein depuis le début de la compétition. "Mais il a un comportement irréprochable précise Stephan. Après le but de Kolo contre la Belgique il était aussi content dans le vestiaire que s'il avait lui-même marqué."

"La finale de 2016 ? Pas un mauvais souvenir"

Guy Stephan termine sa prise de parole sur des notes positives, notamment lorsqu’il parle de la séance de la veille qu’il a animé. Il y a vu du "dynamisme", une bonne "énergie" et surtout de la "joie de jouer". Et même sur l’ultime question concernant le douloureux souvenir de la finale de l’Euro 2016 (1-0) face au Portugal il surprend tout le monde.

"Ce n’est pas un mauvais souvenir pour moi. Parce que je pense que s’il n’y avait pas eu ce match-là, on n’aurait pas gagné la Coupe du Monde 2018. On l’a gagné en partie parce qu’on a retenu ce qu’on n’avait pas fait de bien entre la demi-finale et la finale en 2016."

Après 20 minutes de conférence de presse où il a déroulé un argumentaire positif pour mettre en avant les qualités de l’équipe, Guy Stephan peut retrouver Didier Deschamps et se pencher sur la composition d’équipe qui affrontera le Portugal vendredi. En mettant toujours en avant les points fort des Bleus.

Article original publié sur RMC Sport