Législatives 2024 : des triangulaires annoncées dans 285 à 315 circonscriptions, un chiffre historique

Entre 285 et 315 circonscriptions comptent trois candidats qualifiés au second tour des élections législatives. Un chiffre historique, lié à la participation inédite pour ce premier tour. Les candidats qualifiés ont jusqu’au 2 juillet pour décider de se maintenir ou de se désister.

En raison du haut niveau de participation à ce premier tour des élections législatives, un nombre inédit de triangulaires est attendu. La forte mobilisation des électeurs permet effectivement à trois candidats de se qualifier au second tour dans 285 à 315 circonscriptions.

Selon Mathieu Gallard, directeur de recherche chez Ipsos, la majorité des triangulaires – entre 230 et 260 – auront lieu entre un candidat RN, un candidat Nouveau Front populaire et un candidat Ensemble. Dans 30 à 40 circonscriptions, les trois candidats qualifiés au second tour sont issus du Nouveau Front populaire, du RN et du camp des Républicains/Divers droite.

Un chiffre historique. À titre de comparaison, seulement huit circonscriptions avaient connu cette configuration pour le second tour des législatives il y a deux ans. Le chiffre est tout de même amené à évoluer, puisque les qualifiés ont jusqu’au mardi 2 juillet à 18 heures pour se déclarer candidats au second tour. Lors des législatives anticipées de 1997, suite à la dissolution provoquée par Jacques Chirac, 79 triangulaires avaient finalement eu lieu avec un taux de participation de 68 % au premier tour.

Pour bien comprendre la situation, il faut se pencher sur les règles particulières de ces élections législatives. Pour l’emporter dès le premier tour, un candidat doit réunir plus de 50 % des suffrages exprimés, sur un nombre d’électeurs représentant au moins 25 % des inscrits sur les listes électorales. Pour qu’un candidat ait le droit de se présenter au second tour, il doit avoir obtenu au premier tour un nombre de voix au moins égal à 12,5 % du nombre des électeurs inscrits.

En cas de forte participation, ce seuil des 12,5 % d’électeurs inscrits est plus facile à franchir, d’autant plus que la très courte campagne de ces législatives de 2024 réduit le nombre de candidatures par circonscription et donc la dispersion des voix. Lors des deux dernières élections législatives, en 2017 et 2022, l’abstention était telle que les candidats en troisième position devaient obtenir en moyenne 27 % des suffrages exprimés pour se maintenir dans une triangulaire.

Dans le cas d’une triangulaire opposant un candidat du Rassemblement national, du Nouveau Front populaire et de la coalition présidentielle, le second tour semblerait être à l’avantage du RN. Le parti profiterait en effet « de la division des deux autres partis qualifiés au second tour avec lui », expliquait Gaël Sliman, le président d’Odoxa, à Public Sénat avant le premier tour.

Toutefois, le scénario de plus en plus crédible d’une majorité absolue pour le Rassemblement national à l’issue du 7 juillet pourrait entraîner de nombreux désistements chez les candidats les moins bien qualifiés. Certains partis ont d’ailleurs déjà passé des consignes en ce sens. Du côté du Nouveau Front populaire, les candidats arrivés en troisième position sont appelés à se désister au profit du candidat opposé au RN, pour faire barrage au parti d’extrême droite. Une stratégie confirmée par Jean-Luc Mélenchon, à l’occasion de son allocution à l’issue des résultats de ce premier tour.

Du côté du parti présidentiel, les consignes ne sont pas encore aussi claires. Dans une déclaration écrite, Emmanuel Macron appelle à un « large rassemblement clairement démocrate et républicain » au second tour « face au Rassemblement national ». Le parti présidentiel Renaissance demande à ce que, dans les circonscriptions où leurs candidats sont arrivés en 3e position, il y ait un désistement au profit des candidats en mesure de battre le Rassemblement national. Edouard Philippe appelle lui les candidats de son parti Horizons arrivés 3ème à se retirer pour éviter l’élection de députés RN ou LFI. De leur côté, Les Républicains ont appelé à voter pour leurs candidats qualifiés au second tour, quel que soit le scénario.