Législatives 2024 : vers un nouveau Front populaire à gauche ? En 1934, ce n’était pas gagné non plus

POLITIQUE - « Léon Blum doit se retourner dans sa tombe. » Pour leurs détracteurs, le « Nouveau front populaire », qui rassemble écologistes, socialistes, communistes et insoumis pour les législatives à venir, n’a rien à voir avec la célèbre coalition qui a mené la gauche à la victoire en 1936.

Législatives 2024 : Un « nouveau front populaire » à gauche ? Toutes les questions qui restent à trancher

Et pourtant, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article, au début des années 1930 aussi, cette coalition était impensable tant il y avait de divergences entre les partis. Dans le paysage politique de l’époque, à gauche, on compte le Parti communiste, dirigé par Maurice Thorez, et les socialistes de la SFIO, la Section française internationale ouvrière, de Léon Blum. Le centre droit est incarné par le parti radical, mené par Édouard Herriot.

Communistes et socialistes plus divisés que jamais

Depuis 1920, et le fameux Congrès de Tours, communistes et socialistes sont en froid. Le parti communiste, est en effet né d’une scission au sein de la SFIO, entre ceux, majoritaires, qui souhaitent rejoindre l’Internationale communiste de Lénine, et les autres. En ce qui concerne les radicaux, c’est un parti de centre droit qui prend d’ailleurs part au gouvernement dit d’Union nationale en 1934, bien loin des idées communistes.

À l’époque, rien n’indique que ces trois partis peuvent s’unir. Au début des années 30, la IIIe République est à bout de souffle. La crise économique étouffe la France, les scandales de corruption se multiplient, la défiance envers les parlementaires gonfle et le fascisme, arrivé en Allemagne, menace l’Hexagone.

Crise économique et montée du fascisme

Un événement choc va bousculer les certitudes à gauche. Le 6 février 1934, plusieurs manifestations organisées par des ligues d’extrême droite marchent vers l’Assemblée nationale, le jour où Édouard Daladier est investi chef du gouvernement.

Des violences éclatent avec la police, bilan, 19 morts. Sonnée, la gauche y voit une tentative de coup d’État fasciste. La République est en danger, alors l’union s’impose, d’abord via les syndicats. Le 12 février 1934, c’est la grève générale, de grosses manifestations antifascistes sont organisées dans Paris et finissent par se rejoindre pour réclamer l’unité.

En juin de la même année, c’est Maurice Thorez, avec l’approbation de Moscou, qui appelle à l’union avec la SFIO. Les communistes et les socialistes mettent de côté une décennie de rivalité et de rancœurs et signent un pacte en juillet 1934.

Pour les radicaux, signer avec les communistes est un pas encore plus grand à franchir. Ils s’y rallient finalement un an plus tard, c’est la naissance du Front populaire. Son programme social lui permet de gagner les élections législatives de 1936 avec 378 sièges contre 220 pour la droite.

Pour la première fois, les socialistes de Léon Blum prennent la tête d’un gouvernement. L’expérience sera de courte durée, mais les avancées sont telles qu’elle reste un modèle d’unité marquant dans l’histoire de la gauche. La preuve en est encore aujourd’hui.

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