JO de Paris 2024: "J’y croyais dur comme fer", Lavillenie rate encore une fois la qualification olympique

Renaud Lavillenie, il y a de la déception ce soir?

Oui, c’est difficile d’être satisfait d’un zéro. Les conditions n’ont pas été si faciles que cela, ce qui a été perturbant c’est l’évolution entre l’échauffement avec pas mal de vent dans le bon sens mais derrière, un épisode de pluie qui nous interrompt. Le vent était complétement tombé. Mais ce sont les conditions, il faut s’adapter. C’est frustrant pour moi car je n’ai pas réussi à trouver les clés pour laisser la barre en haut à 5m60. Je ne suis pas à côté de la plaque, j’ai des sauts qui partent par trop mal, de la hauteur. Il m’a manqué de déplacements horizontaux pour être dans le coup. Je m’en veux d’avoir complétement raté mon premier essai, je n’ai pas les repères et je suis surpris. Derrière, je ne rate pas franchement le dernier essai mais la barre tombe. Ça fait partie du jeu. Il y a des choses positives, faut continuer d’avancer.

Vous ressentez toujours une gêne aux ischios?

J’ai eu un truc la semaine dernière au meeting de Pierre-Bénite sur mon saut à 5m70 qui paraissait assez anodin sur le coup, comme une crampe ou une contracture. J’ai fait des examens et c’était un peu plus grave que cela mais les délais de cicatrisation m’amenaient après les championnats de France donc après l’échéance des qualifications. Avec kinés et docteurs, j’ai décidé de tenter le coup. Malgré cela, j’ai réussi à sauter, à prendre des bonnes perches sans avoir de douleurs. Mais mon cerveau n’a pas déconnecté de la zone. La semaine a été un peu compliquée, il a fallu faire des choix qui ont évolué. Je suis un peu plus fixé, je sais que ça tient, qu’il n’y pas de risque d’aggravation. Il faut se tourner sur les quinze jours à venir.

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Dans votre tête, vous vous étiez dit que la qualification était pour aujourd’hui?

J’y croyais dur comme fer. Je savais que les conditions pouvaient être très bonnes, que par rapport à la physionomie de la saison, j’étais censé avoir plus de repères. Je le voyais vraiment bien. Je fais un échauffement qui me satisfait. Je suis presque encore plus frustré. J’aurais fait un échauffement catastrophique, je me serais fait une raison. Mais en faisant 5m70 la semaine dernière, je me disais que ça allait se mettre en place et non ! Il faut avancer, remettre cela sur la prochaine compet, ne pas avoir peur d’aller de l’avant et surtout d’aller haut.

Vous y croyez encore à cette qualification?

Bien sûr ! Je serais complétement à l’ouest, ce serait différent. J’ai de la hauteur, c’est une question de réglages. J’ai validé déjà deux fois 5m70 avant aujourd’hui. Il y a le côté rageant d’avoir manqué le petit truc pour faire avancer la perche. J’arrive à faire des choses que je n’arrivais plus à faire il y a deux ans. Le temps est toujours impactant, je sais que je me suis lancé dans une course contre la montre depuis mon opération. Il faut continuer et avancer. Je vais faire un debrief à froid avec le coach pour continuer de travailler.

La prochaine compétition est à Toulouse...

Oui. Si je fais 5m82, l’histoire serait incroyable car la dernière fois que j’ai passé les 5m80, c’était à Toulouse sur la même compétition. Ce ne sont clairement pas les conditions que je m’étais imaginées il y a quelques semaines mais je m’en rapproche. C’est un endroit où je sais que j’ai bien sauté, je connais l’organisation. Ce sera un bon repère une semaine avant les championnats de France.

Être sur la liste officielle des 14 candidats au porte-drapeau pour les Jeux, c’est un honneur?

C’est un honneur. Ce qui est frustrant c’est que tant que je ne suis pas qualifié, c’est une situation particulière. J’aurais aimé avoir les minima en poche pour cela. Ce qui est cool c’est que j’ai échangé avec Flo (NDLR: Florent Manaudou, aussi candidat officiel au porte drapeau), on disait en souriant qu’on se retrouvait encore en face à face dessus. L’opinion globale est en faveur de nous deux, ça fait toujours de bien. Mais tant que je n’ai pas décroché mon billet, ça ne changera rien. Si je veux me permettre de rêver grand pour Paris, j’ai mon destin entre mes mains ou plutôt entre ma perche.

Article original publié sur RMC Sport