Droits TV: "Ses décisions risquent de nous mener à un naufrage", le président du Havre allume Labrune

Il était l’un des premiers à rompre l’unité sur l’arrivée du fonds d’investissements CVC au sein de la société commerciale de la LFP. Jean-Michel Roussier, président du Havre, attaque aussi la Ligue de football professionnel (LFP) et son président Vincent Labrune sur la gestion des droits TV qui n’ont toujours pas trouvé preneurs pour la période 2024-2029. Il ironise sur le plan B de Labrune, la création d’une chaîne à la Ligue, mais surtout sur les projections de ce dernier qu’il juge complètement irréalistes. Et Roussier, homme de médias, connait la complexité du sujet puisqu’il était directeur de la chaîne Telefoot montée par Mediapro quand le groupe, incapable de payer, a arrêté la diffusion du championnat après seulement six mois en février 2021.

"Il y a une personne qui prend des décisions seule, le président de la Ligue"

Dans une interview à L'Equipe, Roussier rappelle que cette création de chaine est "un serpent de mer" qui n’a jamais abouti. Il attend d’avoir "un point sur les chiffres et de connaître le business plan ultra-précis de cette chaîne", lors du conseil d’administration de la LFP prévu vendredi.

"Quand j'avais critiqué à l'assemblée de novembre 2023 l'accord avec CVC j'avais pris une grande leçon de finances de certains présidents (Loïc Féry de Lorient et Joseph Oughourlian de Lens) et banquiers, mais là sur la création d'une chaîne et sa distribution je m'y connais un peu", rappelle-t-il. "Obtenir 2 millions d'abonnés en année 1 à 20 euros hors taxe (les projections de Labrune), c'est totalement illusoire. Vous pensez que si c'était aussi facile, Mediapro, qui diffusait la L1, la Ligue des champions et la Ligue Europa et avait un accord avec Netflix, n'aurait pas continué?"

Il s'amuse de cette option qui "doit bien faire rire" Canal+, en guerre ouverte avec la LFP, et prévient que Labrune sera le premier responsable en cas d’échec sur ce brûlant dossier des droits TV. Il lui reproche la personnification du pouvoir. "La Ligue porterait une responsabilité majeure", prévient-il. "Il y a une personne qui prend des décisions seule, le président de la Ligue. Sans faire d'analogie avec ce qu'il se passe en France actuellement, ses décisions ont entraîné de brusques changements de cap, qui risquent de nous mener à un naufrage."

Article original publié sur RMC Sport