Israël accusé d'utiliser du phosphore blanc à Gaza, de quoi s'agit-il ?

Human Rights Watch accuse Israël d'avoir utilisé du phosphore blanc sur la bande de Gaza. Zoom sur cette substance chimique mortelle.

En 2009, l'armée israélienne a tiré environ 200 munitions au phosphore blanc sur des zones peuplées de Gaza (Photo by Abid Katib/Getty Images)

Le conflit israélo-palestinien a pris un nouveau tournant dramatique le samedi 7 octobre et l'attaque surprise du Hamas. Depuis ce jour, les affrontements font rage et le bilan humain ne cesse de s'alourdir. En représailles aux attaques, Israël a décidé de faire pression sur le Hamas en ordonnant un "siège complet" de la bande de Gaza. Depuis lundi 9 octobre, le territoire palestinien se retrouve donc sans eau, sans électricité et sans gaz. Un siège total considéré comme "interdit" par le droit international humanitaire, a rappelé l'ONU. Jeudi, une nouvelle limite aurait été franchie selon des informations de Human Rights Watch.

L'ONG alerte sur l'utilisation de phosphore blanc sur la bande de Gaza, mais aussi au Liban. "L’utilisation par Israël de munitions au phosphore blanc lors de ses opérations militaires à Gaza et au Liban expose les civils à des risques de blessures graves et à long terme," a déclaré Human Rights Watch dans un communiqué.

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Pour justifier ces accusations, l'ONG a vérifié des vidéos enregistrées au Liban et à Gaza les 10 et 11 octobre dernier, montrant de nombreuses explosions aériennes de phosphore blanc au-dessus du port de Gaza et de deux zones rurales le long de la frontière israélo-libanaise. Les témoignages de deux personnes concernant l’une de ces attaques à Gaza a également permis à l'ONG d'affirmer qu'Israël avait bien utilisé du phosphore blanc. Mais de quoi s'agit-il exactement ?

Une réaction chimique dangereuse

Le phosphore blanc est une substance chimique qui s’enflamme spontanément au contact de l’oxygène. Cette réaction chimique produit une chaleur extrêmement élevée (jusqu'à 815°C), de la lumière et une épaisse fumée blanche.

Au contact de l'oxygène, le phosphore blanc va produire une intense chaleur, de la lumière et une épaisse fumée. (Photo by Ahmad Hasaballah/Getty Images)
Au contact de l'oxygène, le phosphore blanc va produire une intense chaleur, de la lumière et une épaisse fumée. (Photo Ahmad Hasaballah/Getty Images)

Dans un contexte militaire, le phosphore blanc est principalement utilisé pour masquer les opérations sur le terrain en créant un écran de fumée, de jour comme de nuit, pour cacher le mouvement des troupes. Capable de mettre le feu à des structures, le phosphore blanc peut également être utilisé comme arme incendiaire.

"Une vie de souffrance"

Au contact de l'homme, le phosphore blanc peut causer de graves brûlures, souvent jusqu'aux os, qui tardent à guérir et sont susceptibles de développer des infections. "Les brûlures au phosphore blanc sur seulement 10% du corps humain sont souvent mortelles, estime Human Rights Watch. Ceux qui survivent à leurs blessures initiales connaissent souvent toute une vie de souffrance"

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L’utilisation du phosphore blanc est-elle autorisée ?

Opérant principalement par la chaleur qu'elles génèrent et non leur toxicité, les munitions et bombes au phosphore blanc ne sont pas considérées comme des armes chimiques. Elles ne sont donc pas interdites par les traités internationaux. En revanche, leur utilisation contre les populations civiles est strictement prohibée.

"L’utilisation du phosphore blanc est illégale et indiscriminée lors d’explosions aériennes dans des zones urbaines peuplées, où cette substance peut incendier des maisons et causer des dommages considérables aux civils", rappelle Lama Fakih, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. "Chaque fois que le phosphore blanc est utilisé dans des zones habitées par de nombreux civils, cela présente un risque élevé de brûlures atroces et de souffrances permanentes", ajoute-t-elle.

Un précédent en 2009

Ce n'est pas la première fois qu'Israël est accusé d'avoir fait usage du phosphore blanc. En 2009, Tel-Aviv assurait avoir employé l'agent chimique de manière légale pour former des écrans de fumée, et non comme arme contre les civils. Une version formellement démentie par Amnesty International et Human Rights Watch qui s’étaient rendues sur place pour récolter des preuves et des témoignages.

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