La Hongrie veut mettre l'énergie géothermique sur le devant de la scène européenne

La Hongrie veut mettre l'énergie géothermique sur le devant de la scène européenne

La présidence hongroise de l'UE fera pression pour que l'ensemble du bloc approuve une initiative pour l'expansion de l'énergie géothermique d'ici la fin de l'année, afin de renforcer la confiance des investisseurs dans le secteur, a déclaré un fonctionnaire hongrois lors d'un événement à Bruxelles mercredi.

S'exprimant lors d'une conférence organisée par le Conseil européen de l'énergie géothermique (EGEC), Viktor Horváth, secrétaire d'État adjoint chargé de la transition énergétique en Hongrie, a mis l'accent sur le fait que cette énergie émanant de la croûte terrestre était disponible localement et qu'elle renforcerait la sécurité énergétique du continent.

Il a souligné l'importance de rendre publiques les bases de données géologiques dans tous les pays de l'UE afin de donner aux investisseurs la confiance dont ils ont tant besoin.

Des pays tels que l'Autriche, la Croatie, la France, l'Allemagne, la Hongrie, l'Irlande et la Pologne disposent de projets pour soutenir les investissements sur la géothermie et développer leurs bases industrielles, selon l'EGEC, qui estime qu'environ 60 millions d'Européens se chauffent et 10 millions consomment de l'électricité à partir de sources géothermiques.

Mettre l'énergie géothermique à l'ordre du jour européen

Viktor Horváth affirme que Budapest travaille en étroite collaboration avec le gouvernement polonais - qui prendra la présidence tournante du Conseil de l'UE à partir du 1er janvier 2025 - et qu'il souhaite mettre la géothermie à l'ordre du jour du Conseil.

La Hongrie possède un grand potentiel géothermique, mais seulement 10 % de celui-ci est actuellement exploré, selon le fonctionnaire.

Nous devons examiner comment investir dans ce secteur, comment investir dans le forage, faire avancer l'obtention des permis et partager les meilleures pratiques en matière de sécurité et d'acceptation par le public

"Nous voulons inscrire la géothermie à l'ordre du jour du Conseil et nous espérons qu'il y aura une forte impulsion", a déclaré Viktor Horváth au public, ajoutant que le marché de la géothermie a "un potentiel assez important en Europe" à la lumière des mesures récemment adoptées par l'UE, telles que la loi sur l'industrie nette zéro, le plan de l'UE visant à investir dans les technologies propres au niveau national.

"La Hongrie veut réduire ses émissions de gaz à effet de serre et, étant donné que nous dépendons fortement des importations de combustibles fossiles, nous aimerions réduire cette tendance. Ce faisant, nous renforçons la sécurité énergétique de la Hongrie", affirme Viktor Horváth.

Les défis liés à la main-d'œuvre, aux compétences et à la construction sont des obstacles à l'exploitation du plein potentiel de l'énergie géothermique, d'après le secrétaire d'État hongrois, qui a proposé la création d'un plan d'action européen pour la géothermie, afin de définir la politique future, suivie d'une alliance européenne pour la géothermie réunissant l'industrie, les décideurs politiques et la société civile.

"Avec la Pologne, nous aimerions mettre l'accent sur ce plan d'action afin de renforcer le potentiel géothermique dont nous disposons. En termes de réglementation et de financement, nous voulons rationaliser la production d'énergie géothermique avec l'exploitation minière, la gestion de l'eau thermale et la protection de l'environnement", explique-t-il.

Ces propositions seront ajoutées à l'ordre du jour des États membres afin d'être discutées au niveau du Conseil, ajoute Viktor Horváth.

"Nous devons inciter les États membres qui n'ont pas de programmes de financement à aller dans cette direction également", déclare-t-il, faisant allusion à un soutien financier similaire à la banque de l'hydrogène créée par l'exécutif de l'UE.

Comment rassurer les investisseurs ?

Pour Daniel Mes, du cabinet du commissaire européen au climat Wopke Hoekstra, les investisseurs sont clairement attirés par le potentiel de production de l'énergie géothermique, mais ils ont besoin de plus de visibilité.

"Nous devons examiner comment investir dans ce secteur, développer les forages, faire avancer l'obtention des permis et partager les meilleures pratiques en matière de sécurité et d'acceptation par le public", avance l'expert.

La sécurité du sous-sol et de l'octroi des permis fera l'objet d'approches différentes en fonction des caractéristiques géologiques du pays, ajoute Daniel Mes, citant des exemples tels que les Pays-Bas, où les forages doivent être plus profonds, et l'Islande, où le processus devrait être plus fluide.

"J'aime l'idée d'une alliance [géothermique européenne], c'est un bon endroit pour partager les meilleures pratiques et avancer en fonction des besoins de chaque État membre", conclut-il.