Guerre en Ukraine: qui sont ces volontaires russes combattants pour Kiev sur le sol de la Russie?

"Comme tous nos concitoyens, nous rêvons d’une Russie libérée de la dictature de Poutine. Mais nous ne nous contentons pas de rêver: [...] nous reprendrons nos terres centimètre par centimètre au régime". C'est par ces mots écrits sur X (ex-Twitter) que la Légion "Liberté de la Russie" a annoncé s'être infiltrée ce mardi 12 mars en Russie.

Une organisation composée de volontaires russes combattant au profit de l'Ukraine, et surtout, combattant contre Vladimir Poutine.

"Le village de Tiotkino, dans la région de Koursk, est entièrement contrôlé par les forces de libération russes", ont assuré sur Telegram les combattants de cette unité.

Mais la Légion "Liberté de la Russie" - qui s'est fait connaître pour la première fois en 2023 avec une attaque dans la région de Belgorod avant de se replier en Ukraine - n'est pas seule derrière cette incursion. Elle est épaulée par le bataillon de volontaires de Sibérie, appelé Sibir, et le Corps des volontaires russes, dit RDK.

"Ces unités sont très bien équipées"

Sur son site internet, la Légion "Liberté de la Russie" explique s'être formée au printemps 2022 face "à la volonté des Russes de lutter, aux côtés du peuple ukrainien, contre la bande armée de Poutine".

Cette organisation de volontaires russes combat "sous forme de petits groupes" et est composée d'une unité d'assaut, d'un renseignement ou encore d'un régiment d'artillerie.

"Ces unités sont très bien équipées, elles possèdent à la fois du matériel occidental, comme les Ukrainiens et des blindés d'origine russe", détaille le général Jérôme Pellistrandi auprès de BFMTV.com soulignant toutefois "qu'il est très compliqué d'avoir une image très précise de ces groupes".

Comme le rapporte France 24, l'uniforme de cette légion arbore, d'un côté, le drapeau blanc, bleu, blanc qui symbolise les forces de résistance à Vladimir Poutine en Russie assorti d'un écusson arborant un poing fermé, et de l'autre un emblème aux couleurs de l'Ukraine. Les membres du groupe ont également fait du "L" un signe distinctif, en opposition au célèbre "Z" des forces russes.

"Nous ne venons pas pour tuer, pour détruire, pour punir, nous venons pour vous libérer de la pauvreté, de la dictature d'une organisation terroriste qui s'est emparée du pouvoir. Pour donner à vos enfants un avenir normal, civilisé, sans sanction ni répression [...] sans guerre", affirment-ils dans une vidéo publiée sur X.

Leur objectif? "Déstabiliser la Russie"

Si l'armée ukrainienne a nié toute implication dans les raids transfrontaliers de ce mardi et tout lien avec ces organisations qualifiées "d'indépendantes", le bataillon de volontaires de Sibérie est quant à lui intégré aux forces armées ukrainiennes depuis octobre 2023, d'après le Kyiv Post.

Ce groupe est incorporé au sein de la Légion internationale, l'unité d'étrangers ayant rejoint l'Ukraine. Parmi ses recrues - une cinquantaine - se trouvent des Russes caucasiens ou des membres des minorités ethniques comme les Iakoutes et les Bouriates qui voient dans la victoire de Kiev une opportunité d'obtenir leur indépendance vis-à-vis de la Russie.

"Les autorités nient les soutenir et les appuyer mais les limites sont très floues", commente le consultant défense de BFMTV. "C'est quand cela les arrange".

Cette incursion - qui intervient après une importante attaque de drones ukrainiens en Russie dans la nuit de lundi à mardi et à trois jours du début de la présidentielle russe - est toutefois favorable à Kiev.

"Il y a une stratégie de harcèlement de la part de ces groupes qui visent à déstabiliser la Russie", explique Jérôme Pellistrandi.

Avant d'ajouter: "Il est clair qu'ils n'ont pas la capacité de renverser le régime de Poutine ou de faire une offensive jusqu'à Moscou mais ils obligent les forces russes à se mobiliser pour les contrer. Cela crée une incertitude au bénéfice de l'Ukraine".

Des groupes nationalistes

Le troisième groupe de paramilitaires russes anti-Poutine, le Corps des volontaires russes dit RDK, explique sur son site internet combattre aux côtés de l'Ukraine depuis 2014 et participer à la défense de ce pays depuis le 24 février 2022. Officiellement créé en août 2022, le RDK avait notamment des liens avec le bataillon d'extrême droite ukrainien Azov, désormais dissous.

"Les soldats du Corps des volontaires russes adhèrent à des opinions conservatrices et à des croyances traditionalistes", affirment-ils tout en se disant "ouverts à tous points de vue car la volonté de lutter contre le régime criminel est la principale qualité qui unit [leurs] combattants."

Selon le média Novaya Gazeta, ce groupe a été fondé par le néo-nazi Denis Kapustin, qui porte actuellement le nom de famille Nikitin. Le ministère allemand de l'Intérieur de Rhénanie-du-Nord-Westphalie l'a qualifié de "l'un des militants néo-nazis les plus influents" d'Allemagne.

Si la Légion "Liberté de la Russie" se dit nationaliste, elle "n’est pas d’extrême droite comme peu l'être le RDK", expliquait Stephen Hall, spécialiste de la Russie à l'université de Bath à France 24 en mai dernier.

“La Légion ‘Liberté de la Russie’ appelle à une Russie plus démocratique que sous Poutine, mais sans préciser les contours de cette démocratie”, abonde-t-il.

Article original publié sur BFMTV.com