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Guerre en Ukraine: comment le "Z" est devenu un symbole de ralliement à l'armée russe

La députée du parti Russie unie Maria Butina s'affiche sur son compte Instagram avec son équipe, tous portant un t-shirt floqué
La députée du parti Russie unie Maria Butina s'affiche sur son compte Instagram avec son équipe, tous portant un t-shirt floqué

Ce week-end, la guerre en Ukraine s'est exportée lors d'une compétition sportive internationale. Arrivé troisième à l'épreuve des barres parallèles ce samedi lors de la coupe du monde de gymnastique artistique qui se déroulait à Doha, au Qatar, le gymnaste russe Ivan Kuliak a décidé d'exprimer son soutien à l'invasion militaire que mène actuellement son pays contre son voisin ukrainien.

Comment? En collant sur son justaucorps un "Z" au niveau de son torse. Un geste perçu comme une prise de position politique, alors que la dernière lettre de l'alphabet est devenue depuis le début de l'invasion de l'Ukraine le symbole derrière lequel se regroupent les soutiens à l'armée de Vladimir Poutine. Plus tard, sur le podium, le gymnaste russe a d'abord refusé d'apparaître sur la photo officielle des médaillés, dont faisait partie l'Ukrainien Illia Kovtun, grand gagnant du jour.

Première apparition sur les blindés russes

Face à ce qu'elle a considéré être une provocation, la Fédération internationale de gymnastique a décidé d'ouvrir une procédure disciplinaire contre le gymnaste russe. Mais l'incident témoigne surtout de l'importance symbolique de ce "Z", moins de deux semaines après le lancement de l'attaque russe.

C'est à l'arrière de blindés de Vladimir Poutine rentrant sur le territoire ukrainien le 24 février que la lettre est apparue. Peinte négligemment à la peinture blanche ou à la bombe, elle a d'abord suscité l'interrogation des observateurs internationaux. Que vient donc faire une lettre de l'alphabet latin sur des véhicules appartenant à l'armée d'un pays utilisant l'alphabet cyrillique? Plusieurs hypothèses sont avancées par les spécialistes, aucune ne fait consensus pour l'heure.

Une ancienne espionne au service du "Z"

En tout cas, le Kremlin a rapidement compris la force de son "Z", n'hésitant pas à l'ériger en symbole de ses forces armées et de son opération militaire. La chaîne de télévision financée par le Kremlin Russia Today (RT), interdite de diffusion depuis le 2 mars dans l'Union européenne, a ainsi lancé sur son site web la vente de t-shirt floqués avec ce fameux "Z".

"L'intégralité des bénéfices des ventes de ces t-shirts ira aux réfugiés du Donbass (la région séparatiste pro-russe située à l'est de l'Ukraine, NDLR) et les héros du projet de RT 'Enfant de la guerre'", écrit le média sur son site.

Sur les réseaux sociaux, la mobilisation à l'aide du fameux "Z" s'organise également. Il suffit de regarder le compte Instagram de Maria Butina. Condamné en 2019 par un tribunal américain pour espionnage au profit de la Russie, celle qui s'est fait élire députée à la Douma russe en 2021 sous les couleurs du parti de Vladimir Poutine n'a de cesse depuis le début de l'invasion de l'Ukraine de multiplier les références à la lettre.

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Aux côtés de son équipe, elle s'est affichée mardi 1er mars portant un t-shirt avec la fameuse inscription. Deux jours plus tard, c'est dans une vidéo qu'elle se met cette fois en scène, en train d'écrire au marqueur blanc un "Z" sur le col de sa veste.

En dehors des plus fidèles soutiens de Vladimir Poutine et de son opération militaire, le "Z" gagne progressivement les membres de la société russe en accord avec l'opération militaire. Ainsi, sur Twitter, l'universitaire Kamil Galeev a partagé de nombreuses photos de véhicules appartenant à des particuliers russes, où ont été placés à l'arrière un "Z" blanc.

Dans cette avalanche d'images de propagande, difficile de déterminer la popularité réelle de la lettre parmi la population russe. Les événements qui sont déroulés ce week-end en Russie permettent néanmoins de la nuancer. D'après l'ONG OVD-Info, 5000 personnes ont été interpellés en Russie dimanche par les forces de l'ordre, dans le cadre de manifestations contre l'opération militaire russe en Ukraine.

Article original publié sur BFMTV.com