Le Graët, Laporte, Martini... Les instances du sport français cernées par les affaires

Bernard Laporte assis en tribunes pendant un match en juin 2022 - Icon Sport
Bernard Laporte assis en tribunes pendant un match en juin 2022 - Icon Sport

Le Graët, Laporte, Martini, Henriques… quatre dirigeants dans la tourmente. Sans aucun lien entre elles, plusieurs affaires secouent certaines fédérations majeures du sport français depuis quelques semaines ou mois. Entre accusations de harcèlement moral et sexuel, gestion chaotique et autres questions financières ou faits divers, les instances du football ainsi que du rugby, de l’olympisme et du handball traversent des crises importantes.

"C’est incontestable que l’on est aujourd’hui face à une conjonction de crises qui sont visibles et sur des fédérations qui sont très importantes, a estimé jeudi la ministre Amélie Oudéa-Castéra en marge de ses vœux au sport français. Mais la crise dans le handball, ce mercredi a été très bien gérée. Elle l’a été dans un esprit de responsabilité avec beaucoup de rapidité, de manière très claire et très tranchée. Je salue cette résolution de la crise qui montre que le mouvement sportif est capable d’apporter les réponses. Le mouvement sportif est fait de 110 fédérations, donc il y a beaucoup d’autres acteurs que celles mentionnées et eux vont bien et se trouve, au contraire, en pleine réussite sur le plan sportif ou sur le plan du développement de la pratique dans les territoires […] Ces fédérations sont aussi en train de réformer leur gouvernance."

· Le rugby français au cœur d’une crise sans précédent

A neuf mois de la Coupe du monde organisée en France, le rugby français connait une crise sans précédent. Ancien sélectionneur du XV de France et figure emblématique de l’ovalie, Bernard Laporte a démissionné ce vendredi de son poste de président de la Fédération française de rugby. Condamné par la justice le 13 décembre 2022, aux côtés de l'homme d'affaires Mohed Altrad, pour un pacte de corruption lié notamment au parrainage du maillot de l'équipe de France, Bernard Laporte a fait appel de la décision du tribunal. Après une première mise en retrait, le désormais ex-patron du rugby tricolore a adoubé Patrick Buisson pour assurer l’intérim en qualité de président-délégué. Mais ce choix a été désavoué par les clubs.

Entre temps, Bernard Laporte a une nouvelle fois eu affaire avec la justice française en janvier 2023. Soupçonné de blanchiment de fraude fiscale aggravé, il a été placé en garde à vue puis relâché sans poursuite à ce stade. Là encore, aucun lien direct avec ses déboires autour de la fédération, mais le timing de cette nouvelle affaire est tombé en plein pendant le référendum à la FFR concernant la nomination de Patrick Buisson.

En parallèle de toutes les affaires liées à Bernard Laporte lui-même, la France continue d’organiser la Coupe du monde 2023 via un groupement d'intérêt public (GIP). Mais là encore, ce n’est pas de tout repos. Claude Atcher, a ainsi été démis de ses fonctions de Directeur général de France 2023 après des enquêtes sur ses pratiques managériales inquiétantes à la tête du GIP. Il fait aussi l'objet d'une enquête judiciaire.

>> Toutes les infos sur la crise à la FFR

· La FFF et Le Graët suspendus à un audit ministériel

Le beau parcours de l’équipe de France lors du Mondial 2022 n’a pas effacé tous les problèmes au sein de la Fédération française de football et la gestion de l’instance par Noël Le Graët. Là encore, le management et les conditions de travail au sein de la FFF interrogent. Surtout, le comportement du patron du football français est clairement remis en question et fait même l’objet d’accusations de harcèlement moral ou sexuel. Poussé à se mettre en retrait après une sortie maladroite sur Zinedine Zidane et suite aux révélations de l’agent Sonia Souid, Noël Le Graët et la FFF font l’objet d’une mission d'audit lancée il y a plusieurs semaines par la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra.

Noël Le Graët est également visé par une enquête de la justice pour harcèlement sexuel et moral. Cette enquête fait suite au signalement pour "outrage sexiste" effectué par les auditeurs chargés par le ministère des Sports d'éclaircir les dysfonctionnements au sein de l'instance. Noël Le Graët refuse de démissionner et espère toujours une issue favorable après les conclusions de l’audit ministériel alors que Philippe Diallo dirige actuellement la FFF en tant que président par intérim. Un rapport provisoire doit être partiellement remis à chaque membre de la FFF concerné lundi prochain.

Après une période ou des éléments contradictoires pourront être présentés, les résultats définitifs de l’audit seront connus autour du 15 février. Le rapport définitif, officiel et contradictoire sera envoyé au président de la FFF qui pourra alors le transmettre aux membres du Comex. Un comité exécutif spécialement dédié à ce rapport se réunira alors rapidement après pour statuer sur la situation de Noël Le Graët et sur la gouvernance de l’instance.

· Turbulences au CNOSF

Pendant l’été 2024, la ville de Paris sera le centre du monde sportif avec les Jeux olympiques. Outre les différentes questions liées à l’organisation pratiques du rendez-vous Paris 2024, le CNOSF traverse une grosse période de turbulences. Depuis des mois, le Comité national olympique et sportif se déchire. Sa présidente Brigitte Henriques élue en juin 2021, a porté plainte pour "violences psychologiques" contre son ex-bras droit Didier Séminet. Lui a saisi la justice pour "dénonciation calomnieuse" et "abus de confiance".

En retrait pendant près de deux mois pour se reposer, Brigitte Henriques a effectué son retour à la tête du CNOSF mais un audit interne a mis en lumière des dépenses injustifiées. Après les avoir imputées à une erreur de sa fille au moment de choisir entre compte professionnel et personnel pour un chauffeur VTC, l'ancienne vice-présidente de la FFF a remboursé un peu plus de 4 000 euros à l'instance olympique.

· Le handball confronté à l'affaire Martini

Une dernière affaire a défrayé la chronique cette semaine avec les révélations autour de Bruno Martini, président de la Ligne nationale de handball (l’organe professionnel). Comme l’a souligné Amélie Oudéa-Castéra, tout a rapidement été géré et les instances de ce sport ont pris leurs responsabilités.

Placé en garde à vue pour une corruption de mineur et enregistrement d'images pédopornographiques, Bruno Martini a plaidé coupable ce mercredi 25 janvier et a ensuite été condamné à un an de prison avec sursis, une amende de 2.500 euros et cinq ans d'interdiction d'exercer une activité impliquant un contact avec des mineurs.

Bien que d’ordre privé, cette nouvelle affaire liée à une enquête ouverte en 2020 a eu des conséquences directes sur le handball. Après sa condamnation, l’ancien gardien de l’équipe de France a démissionné de la présidence de la LNH et la Fédération française de handball a ouvert des poursuites disciplinaires à son encontre.

Article original publié sur BFMTV.com