En Grèce, la semaine de travail passe à six jours (avec fracas) pour certains employés

Des ouvriers travaillent dans une usine produisant des pêches en boîte fournies par les agriculteurs locaux à Veria, dans le nord de la Grèce, le 8 mai 2020.
SAKIS MITROLIDIS / AFP Des ouvriers travaillent dans une usine produisant des pêches en boîte fournies par les agriculteurs locaux à Veria, dans le nord de la Grèce, le 8 mai 2020.

GRÈCE - Si certains pays se tournent vers la semaine de travail à quatre jours, la Grèce, elle, va dans le sens inverse de l’histoire. Depuis le 1er juillet, certains employés et salariés doivent désormais travailler six jours par semaine pour un total de 48 heures, rapporte The Guardian.

Ce nouveau fonctionnement sur six jours ne s’applique qu’à certaines installations industrielles et de fabrication, ainsi qu’aux entreprises privées fournissant des services 24 heures sur 24. Dans les faits, les employés de ces entreprises doivent travailler deux heures de plus par jour sur cinq jours, ou huit heures de plus sur un sixième jour, moyennant une majoration salariale de 40 % lors du sixième jour travaillé. Si ce jour tombe un dimanche ou un jour férié, l’augmentation atteindra 115 %.

« Le noyau de cette législation est favorable aux travailleurs et profondément orienté vers la croissance », a commenté le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis avant que le Parlement grec n’approuve la loi.

Il affirme que cette initiative est rendue nécessaire par le double péril de la diminution de la population et de la pénurie de travailleurs qualifiés dans le pays. Dans un exode sans précédent, on estime qu’environ 500 000 Grecs, pour la plupart jeunes et instruits, ont émigré depuis le début de la crise de la dette, qui dure depuis près de dix ans.

Selon le gouvernement de centre-droit, cette mesure permettra de résoudre le problème des employés qui ne sont pas payés pour leurs heures supplémentaires, tout en s’attaquant au problème omniprésent du travail non déclaré. Elle entraînera aussi le soutien des entreprises ayant des difficultés à trouver du personnel pour les équipes tournantes.

Des travailleurs plus productifs sur quatre jours

Les syndicats ne l’entendent pas de cette oreille. « Cela n’a aucun sens », déplore auprès du Guardian Akis Sotiropoulos, membre du comité exécutif du syndicat de fonctionnaires Adedy, pour qui la mesure est « barbare ». « Alors que presque tous les autres pays civilisés adoptent la semaine de quatre jours, la Grèce décide d’aller dans le sens contraire. »

« Une meilleure productivité s’accompagne de meilleures conditions de travail, d’une meilleure qualité de vie [pour les employés] et, comme nous le savons maintenant, il s’agit de moins d’heures et non de plus », ajoute-t-il.

En Europe ces dernières années, les programmes expérimentaux de la semaine de quatre jours ont montré à plusieurs reprises une augmentation des niveaux de productivité des employés. Les chercheurs attribuent ce résultat à une meilleure concentration. En 2022, la Belgique avait ainsi légiféré pour donner aux salariés le droit légal de répartir leur semaine de travail sur quatre jours au lieu de cinq. Des programmes pilotes ont aussi été mis en œuvre dans des pays comme le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Islande, le Japon ou le Canada, avec plus ou moins de succès.

Pour les opposants grecs, qui sont déjà descendus dans la rue pour protester, la réforme érode les protections juridiques et fait reculer des droits des travailleurs établis de longue date au nom de la flexibilité.

Dans un pays où le salaire minimum est fixé à 830 euros brut par mois et le salaire moyen à 1 150 euros, les Grecs sont déjà ceux qui travaillent le plus longtemps en Europe, avec une moyenne de 41 heures par semaine selon l’agence de statistiques de l’UE, Eurostat.

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