Grèce: le chef du parti néo-nazi Aube dorée obtient sa libération conditionnelle

La justice grecque a accordé ce jeudi 2 mai une libération conditionnelle au chef du parti néo-nazi Aube dorée, Nikos Michaloliakos.Il avait été condamné en 2020 à 13 ans et demi de prison en tant que chef présumé d'une organisation criminelle, qui s'en prenait pendant des années aux immigrés et aux opposants politiques.

Parmi les crimes imputés à ce groupe néo-nazi figurent les meurtres en 2013 d'un rappeur antifasciste et d'un migrant pakistanais, ainsi que de sévères passages à tabac de pêcheurs égyptiens et de syndicalistes communistes.

Les magistrats de la ville de Lamia ont interdit à ce mathématicien de 66 ans, négationniste, de quitter la grande région d'Athènes et l'obligent à se présenter au poste de police une fois par mois.

Il n'est pas non plus autorisé à entrer en contact avec d'autres personnes condamnées dans cette affaire, ont indiqué les magistrats.

Plus en prison depuis 2022

L'agence de presse grecque ANA a indiqué jeudi que Nikos Michaloliakos n'était déjà plus en prison depuis 2022: il avait été transféré dans un centre de réadaptation à l'ouest d'Athènes après une grave crise de Covid-19.

Le leader du parti d'opposition Syriza Stefanos Kasselakis a dénoncé jeudi sur les réseaux sociaux une "décision provocatrice de la justice grecque".

"À partir d'aujourd'hui, le criminel Michaloliakos circule librement", s'est-il indigné avant d'ajouter: "cette justice de l'impunité doit changer".

La famille du rappeur assassiné Pavlos Fyssas a de son côté estimé que cette libération conditionnelle était "une insulte suprême aux victimes de l'Aube dorée et à leurs familles, ainsi qu'à l'ensemble de la société grecque".

Ancien élève-officier en disgrâce et fidèle du dictateur grec Georgios Papadopoulos, il avait déjà passé du temps en prison à la fin des années 1970 en lien avec une série d'attentats à la bombe.

Depuis sa prison, il écrivait régulièrement des articles pour le site internet d'Aube dorée, qualifiant sa condamnation de "persécution politique" et jugeant sans fondement les preuves retenues contre lui.

Aube dorée attire toujours des milliers d'électeurs

Aube Dorée, une organisation xénophobe et antisémite créée par Nikos Michaloliakos, a été pendant des décennies un parti marginal jusqu'à la crise de la dette du pays en 2010.

Le parti a alors capitalisé sur la colère de l'opinion face à l'immigration et à la politique d'austérité jusqu'à entrer au Parlement pour la première fois en 2012 avec un total de 18 sièges.

Au pic de son influence, il était le troisième parti du pays au Parlement. Le procès en appel du parti, qui a débuté en 2022, est toujours en cours. Malgré sa chute, Aube dorée continue d'attirer des dizaines de milliers d'électeurs grecs.

L'ancien porte-parole du parti, Ilias Kasidiaris, qui purge lui aussi une peine de 13 ans et demi de prison, a soutenu l'année dernière un parti jusqu'alors inconnu, les Spartiates, lors des élections nationales.

Cette formation a recueilli plus de 240.000 voix et remporté 12 sièges au Parlement. Son chef a remercié publiquement Ilias Kasidiaris d'avoir "favorisé" son ascension.

Article original publié sur BFMTV.com