En Nouvelle-Calédonie, Marine Le Pen plaide pour nouveau référendum (un revirement spectaculaire)

Marine le Pen, cheffe de fil du RN, en visite en Nouvelle-Calédonie le 28 février 2019
JACQUES DEMARTHON / AFP Marine le Pen, cheffe de fil du RN, en visite en Nouvelle-Calédonie le 28 février 2019

POLITIQUE - C’est ce qu’on appelle changer son fusil d’épaule. Interrogée jeudi 16 mai dans l’émission « L’Évènement » sur France 2, Marine Le Pen pose la question « peut-être faut-il un référendum de plus en Nouvelle-Calédonie ? ». Et ajoute : « mais il faut qu’il soit dans 40 ans ». Un important changement par rapport à la doctrine historique de son parti.

En Nouvelle-Calédonie, cette révision constitutionnelle qui embrase l’archipel

Alors que la présidente du groupe RN à l’Assemblée s’était faite plutôt discrète depuis le début de la crise calédonienne lundi 13 mai, elle a fini par prendre position. Celle-ci s’est montrée ouverte à enclencher un nouveau processus de long terme avec à son issue un nouveau référendum, malgré la victoire du camp non-indépendantiste lors des trois consultations prévues par les accords de Nouméa, en 2018, en 2020 et en 2021.

Hier, la triple candidate à l’élection présidentielle a épinglé « le calendrier » et « la méthode » choisis par le gouvernement sur ce dossier. Même si, pour rappel, son groupe a approuvé la révision constitutionnelle mardi 14 mai, aux côtés de la droite et de la majorité présidentielle. Ce qui revient à remettre en cause une méthode, qu’elle et ses troupes ont pourtant appuyée de leur vote. Comprendra qui pourra.

Marine Le Pen a aussi plaidé pour « une pacification » institutionnelle sur l’archipel. « Il faudra se mettre autour de la table car il n’y a pas d’autre solution (...) Je suis convaincue que les parties sont capables de le faire, même s’il est difficile de l’envisager maintenant au vu de la violence » a-t-elle affirmé.

« Moins dogmatique » que le FN

Plus tôt dans Le Monde, la députée du Pas-de-Calais justifiait cette prise de distance avec les positions traditionnelles du parti fondé par Jean-Marie Le Pen . Celui-ci a toujours affiché son hostilité vis-à-vis des indépendantistes. « Le Front national était beaucoup plus raide, le parti défendant une vision radicale, prenant fait et cause pour les loyalistes », a-t-elle reconnu.

« Je suis plus respectueuse, moins dogmatique, avec le souci de ne blesser personne » ajoute-t-elle. En cas de victoire en 2027, elle promet un « compromis gagnant-gagnant, en tenant compte des aspirations, des traditions des Kanaks et de leur attachement à leur terre ». On est alors très loin du ton qui était utilisé par le FN à l’époque. Comme le rappelle Le Monde, le député frontiste Jean-Pierre Stirbois était parti sur place, en compagnie de Yann Le Pen (sœur de Marine Le Pen), pour faire campagne contre « la chienlit kanak ». Un voyage au cours duquel l’élu frontiste avait trouvé la mort lors d’un accident.

Interrogé ce vendredi sur franceinfo, le député RN Jean-Philippe Tanguy a défendu la nouvelle proposition de sa patronne. Avec cette échéance de « 40 ans » comme « base de négociation », il estime que « Marine Le Pen donne une perceptive politique » même si, rappelons-le, lui-même a voté pour le dégel du corps électoral qui a embrasé l’archipel. « Nous sommes un soutien indéfectible à la Nouvelle-Calédonie dans la République », a-t-il ajouté.

Le territoire calédonien est en proie à d’importantes émeutes en réaction à la réforme électorale votée à Paris, bien que la situation soit « plus calme » ce vendredi 17 mai, selon le haut-commissaire de la République. Cinq personnes, dont deux gendarmes, sont mortes depuis l’irruption des violences.

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