Gabriel Matzneff au cœur de nouvelles accusations autour d’un ancien réseau de pédocriminalité

Inès Chatin, 50 ans, dit avoir été victime de sévices sexuels et de viols durant son enfance de la part de son père adoptif et d’amis, dont faisait partie Gabriel Matzneff.

Gabriel Matzneff au cœur de nouvelles accusations autour d’un ancien réseau de pédocriminalité (Gabriel Matzneff, ici en février 2020)

PEDOPHILIE - Une nouvelle victime, un nouveau récit de l’horreur. Libération a publié une enquête, ce jeudi 13 juin, qui met en cause un ancien réseau de pédocriminels composé de plusieurs intellectuels français, parmi lesquels Gabriel Matzneff. Les faits relatés par nos confrères ont pu être reconstitués grâce aux témoignages et à l’enquête menée par Inès Chatin, aujourd’hui âgée de 50 ans et qui se dit victime de sévices sexuels et viols durant une grande partie de son enfance.

Pour Vanessa Springora, le film « Le consentement » apporte « quelque chose que les mots ne peuvent pas atteindre »

Elle évoque des faits qui se sont déroulés pour la plupart dans « l’antre du malin », pour reprendre les mots de son mari, en l’occurrence le domicile de son enfance, situé au 97, rue du Bac, dans le VIIe arrondissement de Paris. Selon elle, ces faits ont eu lieu dans les années 1970-1980, et ont été commis de ses 4 à ses 13 ans. Ils auraient été perpétrés par les amis de son père adoptif, le médecin Jean-François Lemaire, « fasciné par les cercles de pouvoir et les sociétés secrètes », écrit Libération.

Pour rappel, Inès Chatin avait sollicité une audition auprès du parquet de Paris à l’automne 2023 pour dénoncer ces faits. Malgré la prescription, le parquet a ouvert une enquête préliminaire dès le 23 octobre, resitue le quotidien.

« Jeux » sordides et hommes masqués

Ces hommes qu’elle met en cause, la quinquagénaire les a connus toute son enfance et ont même assisté à son mariage, par volonté de son père. Parmi eux, elle cite le fondateur et directeur historique du Point Claude Imbert et l’écrivain et membre de l’Académie française Jean-François Revel, tous deux décédés, mais aussi l’avocat François Gibault et l’écrivain Gabriel Matzneff, accusé à plusieurs reprises de viols sur mineurs, et dont le comportement a été largement documenté dans Le consentement, l’ouvrage choc de Vanessa Springora récemment adapté au cinéma.

Dans cette enquête, Inès Chatin témoigne de séances où plusieurs enfants étaient rassemblés et étaient violés tour à tour avec des objets métalliques par les adultes masqués. « Si quiconque pleurait ou manifestait une résistance, c’est sur lui que les hommes se concentraient, insistaient », témoigne-t-elle. Puis, à mesure qu’elle grandit, ces « jeux » sordides comme elle les appelle, ont laissé place à des viols commis sur elle seule, par Gabriel Matzneff et Claude Imbert.

« Aller en prison n’aurait plus aucun sens »

Libération a contacté les hommes mis en cause, ou la famille de ceux décédés. Gabriel Matzneff n’a pas donné suite. Jean-Luc Imbert, avocat et fils de Claude Imbert a déclaré : « Mon père, il aimait les femmes, mais pas les petites filles. On est dans l’époque #MeToo, c’est notre maccarthysme. »

De son côté, François Gibault a assuré dans une lettre envoyée de son conseil Jérémie Assous « n’avoir jamais assisté au moindre acte criminel ». Quant aux enfants de Jean-François Revel, ils déclarent souhaiter « que la justice qui a été saisie puisse établir ce qui s’est réellement passé ». Et ajoutent : « C’est l’attente de la victime qui a déposé plainte et dont nous ne doutons d’aucune manière de la sincérité et de la douleur. C’est aussi notre attente, car ces accusations nous plongent dans une incrédulité d’autant plus profonde. »

Inès Chatin dit aujourd’hui ne pas chercher la vengeance, mais la justice : « Aller en prison n’aurait plus aucun sens. Je veux que la justice les confronte à la gravité de leurs actes. S’en prendre à des enfants est inqualifiable. » Et espère contribuer à mettre fin à la « reproduction » des comportements pédocriminels.

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