Des frappes de l’Iran contre Israël ? Pourquoi la crainte d’une riposte de Téhéran est prise au sérieux

Des troupes de l’armée israélienne dans une zone située le long de la frontière avec la bande de Gaza, dans le sud d’Israël, le 10 avril 2024.
JACK GUEZ / AFP Des troupes de l’armée israélienne dans une zone située le long de la frontière avec la bande de Gaza, dans le sud d’Israël, le 10 avril 2024.

INTERNATIONAL - Alors que les forces israéliennes ont mené de nouveaux raids meurtriers dans la bande de Gaza ce vendredi 12 avril, c’est l’ombre d’un acteur tiers qui plane au-dessus du conflit au Proche-Orient. Et pour cause : jour après jour, les craintes d’une riposte menée par l’Iran à une frappe attribuée à Israël contre le consulat iranien à Damas, en Syrie, s’amplifient.

Les risques d’un débordement du conflit ont en effet redoublé depuis cette offensive attribuée à l’armée israélienne qui a détruit le 1er avril le consulat iranien à Damas, faisant 16 morts, selon une ONG, parmi lesquels sept membres des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de l’Iran.

« Le régime maléfique a fait une erreur (...) il doit être puni et il sera puni », a répété mercredi 10 avril le guide suprême d’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei. Le même jour, Joe Biden a annoncé que l’Iran « menace de lancer une attaque importante contre Israël ». Preuve de la réalité de la menace.

• Quelle date pour cette attaque ?

Selon une source du Wall Street Journal ayant connaissance des derniers développements dans ce dossier, l’offensive pourrait se dérouler dès ce vendredi 12 ou samedi 13 avril.

Le journal américain nuance toutefois en indiquant qu’une autre source, informée cette fois directement par les dirigeants iraniens, déclare que les plans sont en cours de discussion au sommet de la République islamique, mais qu’aucune décision définitive n’a été prise concernant cette attaque.

Cette seconde source a également indiqué que l’attaque, si elle venait à avoir lieu, ciblerait l’intérieur des frontières d’Israël, par opposition aux intérêts israéliens pouvant être situés ailleurs dans le monde.

• Une offensive « contrôlée » et sans « escalade »

Des sources iraniennes ont déclaré à l’agence de presse Reuters que cette possible attaque serait d’une ampleur « contrôlée » et qu’elle serait orchestrée de manière à éviter une escalade majeure dans la région, comme le rapporte Sky News. À l’inverse de l’attaque du 7 octobre perpétrée par le Hamas qui avait visé essentiellement des civils, on peut imaginer des frappes tactiques contre des objectifs militaires symboliques.

• Comment se prépare Israël

Israël et les États-Unis se tiennent « côte à côte » pour faire face à l’Iran, a déclaré ce vendredi le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant. « Nos ennemis pensent qu’ils peuvent séparer Israël et les États-Unis, mais c’est le contraire qui est vrai : ils nous rapprochent et renforcent nos liens », a assuré le ministre dans un communiqué après un entretien avec le général américain Michael Erik Kurilla, en déplacement en Israël.

« Israël ne tolérera pas une attaque iranienne sur son territoire », avait affirmé Yoav Gallant la veille. « Si l’Iran mène une attaque depuis son territoire, Israël répondra et attaquera l’Iran », avait prévenu avant lui le chef de la diplomatie israélienne, Israël Katz. D’où les précautions et le temps pris par les Iraniens pour organiser la réponse à la frappe contre leur consulat de Damas.

• Quel positionnement pour les États-Unis ?

Les menaces d’attaque iranienne contre Israël sont « crédibles » et « réelles », a dit ce vendredi un porte-parole de la Maison Blanche, qui n’a pas voulu donner plus de détails sur le moment ou les cibles. Joe Biden « a été informé à de multiples reprises par son équipe de sécurité nationale » et les États-Unis entendent « faire tout ce qui est possible pour assurer qu’Israël puisse se défendre », a aussi déclaré John Kirby, porte-parole de la Maison Blanche.

La veille, Washington avait réitéré son « soutien inébranlable à la défense d’Israël », en dépit des tensions entre Joe Biden et Benjamin Netanyahu autour de la conduite de la guerre contre le Hamas.

Un général américain chargé du Moyen-Orient, Michael Erik Kurilla, se trouve par ailleurs actuellement en Israël, et les États-Unis ont restreint les mouvements de leur personnel diplomatique dans le pays.

• Que disent les experts géopolitiques ?

Le fait qu’aucun des acteurs impliqués n’ait intérêt à provoquer l’escalade ne protège pas d’une crise à grande échelle, explique à l’AFP David Khalfa, analyste pour la Fondation Jean Jaurès à Paris. « Les erreurs de calcul sont tout à fait possibles. La dissuasion comporte un aspect éminemment psychologique », relève-t-il : « les belligérants sont à la merci d’une erreur et d’un dérapage qui peut occasionner ensuite des conséquences en cascade ».

« La frappe aérienne israélienne » signifiait à Téhéran « qu’il sera tenu pour responsable des actions du Hamas et d’autres alliés non-étatiques comme le Hezbollah libanais et les Houthis au Yémen », analyse de son côté le Soufan Center à New York, spécialisé dans les questions de sécurité.

La posture des gouvernements américains et israéliens « suggère qu’ils s’attendent à ce que Téhéran utilise son arsenal de missiles de croisière et balistiques ainsi que des drones armés similaires à ceux que l’Iran a vendus en grandes quantités à la Russie », estime par ailleurs le Soufan Center.

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