Face à la sécheresse, les villes s’organisent pour s’approvisionner en eau potable

Thirsty teenage girl drinking tap water outdoors in field
triloks / Getty Images Thirsty teenage girl drinking tap water outdoors in field

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La sécheresse et le manque d’eau contraignent certaines villes à trouver des solutions pour fournir de l’eau potable à leurs habitants. (image d’illustration)

SÉCHERESSE - Un jour de grande chaleur, complètement déshydratés, vous ouvrez le robinet pour remplir un verre d’eau, mais pas une seule goutte ne tombe... Ce scénario catastrophe n’est plus une hypothèse lointaine. À cause des fortes chaleurs et du manque de pluie, les réserves d’eau potable ont largement diminué dans toute la France. Ce mardi 2 août, les 96 départements de l’Hexagone sont concernés par le « plan sécheresse » et sont appelés à limiter leur consommation d’eau. 46 sont en « crise », c’est-à-dire en alerte rouge.

Ce problème est loin d’être nouveau. Dans des communes notamment dans le Sud, ou dans les destinations touristiques prisées, chaque été est devenu un casse-tête pour garantir l’accès à l’eau potable pour tous, et la situation s’aggrave avec le changement climatique. C’est pourquoi certaines ont décidé de prendre le problème à bras-le-corps.

C’est le cas de Beaumont, dans l’Ardèche. Ce petit village de 250 habitants à l’année voit sa population multipliée par cinq l’été. Entre ce phénomène et la sécheresse, « on est vraiment juste durant trois semaines », confie à France 3 Auvergne-Rhône-Alpes la maire Agnès Audibert. Son prédécesseur, Paul Waldschmidt, a donc décidé il y a trois ans de construire une « nappe phréatique artificielle » afin de répondre aux besoins.

Gérardmer va pomper l’eau de son lac

Il a eu cette idée après avoir trouvé les travaux de Thierry Labrosse, récompensé par le concours Lépine en 2011 grâce à son invention baptisée REEPS ou « réservoir d’eau enterré plein de sable ». Le système est breveté et déjà déployé à Madasgacar, où l’ingénieur habite depuis plusieurs années.

Il consiste en un bassin enterré et tapissé d’une bâche étanche. De la pouzzolane (roche volcanique) est déposée pour servir de filtre, puis le bassin est rempli d’eau. Celui de Beaumont, le premier REEPS de France, peut accueillir jusqu’à 200 mètres cubes d’or bleu. Le projet a coûté 84 000 euros, financé par la commune, le département ainsi que l’État, et a été inauguré le 1er juillet dernier.

Autre initiative cette fois à Gérardmer, dans les Vosges. À partir du mercredi 3 août, l’eau du lac de la ville va être pompée pour fournir en eau les locaux face à l’assèchement accéléré de la nappe phréatique de Ramberchamp, qui fournit 80 % de la commune des quelque 8 000 habitants.

Dessaler l’eau de mer

« Comme c’est une nouvelle ressource en eau, il va falloir faire des analyses complémentaires pour la sécurité de toutes et tous. Durant ces analyses, qui risquent de durer au moins 48 heures, l’eau sera déclarée non potable », précise à France 3 Grand Est le maire Stessy Speissman. Elle peut être utilisée pour tous les autres usages, comme les douches.

Cette solution avait déjà été utilisée par le passé, en 2003, 2015 puis 2020. L’édile s’inquiète et reconnaît dans Vosges Matin que « le pompage dans le lac est une solution extrême et doit rester exceptionnel ». Des travaux sont déjà engagés pour trouver une solution plus pérenne « car nous sommes persuadés que ces épisodes vont perdurer. Si on ne trouve pas de solutions dans le temps, ça va poser de réels problèmes », alerte-t-il encore sur France 3. Surtout que la manœuvre nécessite de pêcher les truites et de les relâcher dans un autre ruisseau.

L’île de Molène, dans le Finistère, a, elle, opté pour le dessalement de l’eau de mer. « La moitié de l’eau potable produite sur l’île, soit environ 6 000 mètres cubes, provient de la récupération des eaux de pluie », explique à Ouest-France le maire Didier Dehalle. « Cette année, en raison d’une très faible pluviométrie, nous enregistrons un déficit d’environ 1 500 mètres cubes, le risque de pénurie d’eau potable avant la fin de l’été est très préoccupant » alors que la population triple en juillet et août, poursuit-il.

Camions-citernes et distribution de bouteilles d’eau

C’est pourquoi une unité de dessalement de l’eau de mer a été installée sur l’île mi-juillet. 30 mètres cubes d’eau sont dessalés chaque jour, « ce qui permet de produire 60 % des besoins quotidiens de l’île sachant que la consommation d’eau en juillet et août approche les 1 000 mètres cubes de plus par mois », détaille l’édile. Le système est prévu pour rester en place jusqu’à septembre.

Cette idée est toutefois remise en cause par l’ONU, dont plusieurs experts s’inquiètent du rejet de la saumure (très concentrée en sel) et de son impact sur la biodiversité. Interrogée par le Huffpost, Marillys Macé, directrice générale du Centre d’Information sur l’Eau estime aussi que ce système « peut permettre de soulager un gros point de tension mais de façon locale. Lorsque l’on regarde le niveau inquiétant des mers et océans, je n’opterai pas pour cette option ».

Enfin, certaines communes sont parfois prises de court face à l’épuisement de plus en plus rapide des réserves et n’ont pas encore trouvé de solution de moyen ou long terme. À Miribel-les-Échelles dans l’Isère, au Noyer dans les Hautes-Alpes, à Seillans dans le Var... toutes comptent ou ont compté il y a quelques semaines sur des camions-citernes pour remplir les réservoirs.

Cas encore plus extrême, en attendant l’arrivée des camions-citernes, Bargemon, dans le Var, a dû approvisionner sa population et les touristes en bouteilles d’eau pendant trois semaines, le temps de rendre l’eau propre. Une solution d’urgence qui pourrait devenir récurrente un peu partout en France face à l’étendue et la gravité de la sécheresse.

À voir également aussi sur le Huffpost : Les requins vont-ils se multiplier près des plages françaises ?

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