Européennes : Hayer, sous la pression de Glucksmann, réagit à ses alliés qui frayent avec l’extrême droite

Sous pression, notamment de Raphael Glucksmann, Valérie Hayer réagit à ses alliés qui pactisent avec l’extrême droite. Photo d’illustration prise lors d’uen rencontre devant le Medef.
GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP Sous pression, notamment de Raphael Glucksmann, Valérie Hayer réagit à ses alliés qui pactisent avec l’extrême droite. Photo d’illustration prise lors d’uen rencontre devant le Medef.

POLITIQUE - Les alliés de Marine Le Pen et ceux d’Emmanuel Macron, dans un même gouvernement ? C’est ce qui est en train de se passer aux Pays-Bas. Mercredi 15 mai, le leader de l’extrême droite néerlandaise Geert Wilders, sorti vainqueur des dernières élections législatives, a effectivement annoncé un accord de gouvernement avec (entre autres) le parti VVD.

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Une nouvelle un brin embarrassante pour la Macronie à quelques semaines du scrutin européen, étant donné que cette formation libérale est son alliée à Bruxelles et Strasbourg. Les cinq eurodéputés du VVD sont membres du groupe « Renew Europe », présidé par Valérie Hayer, quand le seul représentant du Parti pour la liberté de Geert Wilders au Parlement européen siège aux côtés de Jordan Bardella au sein du groupe nationaliste.

Dans ce contexte, la candidate du camp présidentiel, mise sous pression par ses adversaires, n’a pas tardé à réagir pour condamner un tel pacte. Quelques heures plus tôt, le chef de file des socialistes et de Place Publique Raphaël Glucksmann lui demandait, sur Public Sénat, de « choisir », et d’être « ferme » face à l’extrême droite et leurs représentants en Europe.

« Tartufferie absolue »

« Ils doivent exclure (de leur groupe) les partis qui scellent des accords avec l’extrême droite », réclamait-il, « sinon nous surjouer le barrage à chaque élection en France, vouloir réinstaller en permanence ce matche entre Macron et Le Pen, Attal et Bardella, quitte à kidnapper les élections à chaque fois » revient à de la « tartufferie absolue. »

Pour celui que les sondages donnent en troisième position dans la course aux élections européennes, l’accord signé aux Pays-Bas « devrait interpeller l’ensemble des démocrates européens. » Car il donne une place dominante à un parti « extrémiste, pro poutine, xénophobe, islamophobe », avec le soutien de la droite classique et des libéraux.

« Nous sommes, les sociaux-démocrates, le seul grand groupe du Parlement européen définitifs : nous ne ferons jamais d’alliance avec l’extrême droite », martelait-il encore, expliquant que « toute forme de tergiversation, de compromission » revient selon lui à « encourager » la « vague » nationaliste qui menace de s’abattre sur le continent.

Une inquiétude partagée à gauche et exprimée par différentes chapelles. En France, le député insoumis Aymeric Caron estime que « le monde continue à basculer dans le pire, tandis que la France prend un chemin similaire. » « Dans les années 2000 j’étais allé interviewer Geert Wilders aux Pays-Bas, alors qu’il émergeait dans son pays et que son programme d’extrême droite inquiétait ici en France, raconte l’ancien journaliste dans une publication sur X, aujourd’hui, après avoir remporté les élections, son parti entre au gouvernement dans une coalition avec la droite et les libéraux. Personne ne semble plus vraiment s’en émouvoir. »

Valérie Hayer dit sa « désapprobation »

À l’échelle européenne, le parti Vert a également tiré la sonnette d’alarme en pointant du doigt le rôle des libéraux dans cette sorte de normalisation. « Renew continue de se définir comme une alliance de ’libéraux’ et de ’démocrates’, alors que leurs membres participent à des gouvernements aux côtés de l’extrême droite antieuropéenne et xénophobe », a par exemple fustigé l’eurodéputé néerlandais Bas Eickhout dans un communiqué commun.

En réponse à cette offensive suscebtible d’ébrécher l’argument du « barrage contre l’extrême droite » cher au camp Macron, la candidate Valérie Hayer - également présidente du groupe des libéraux européens - a elle aussi exprimé sa « vive inquiétude » et sa « désapprobation », dans un texte publié sur les réseaux sociaux ce jeudi à la mi-journée.

« Le PVV (parti de Geert Wilders) est à l’opposé de ce que nous défendons sur les valeurs, l’état de droit, l’économie, le climat, et bien sûr l’Europe », écrit-elle, en assurant qu’une « entente avec un tel parti revient à se mettre en dehors des valeurs » que son groupe porte. Valérie Hayer précise également qu’elle continuera de « s’opposer fermement » à une quelconque « compromission avec l’extrême droite. » De quoi laisser entrevoir une recomposition au Parlement européen après le 9 juin ?

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