Européennes: Bardella, Hayer, Glucksmann… Ce qu'il faut retenir du grand oral des européennes sur BFMTV

PS-Place publique, LFI, RN, PCF, Écologistes, Reconquête, Renaissance et LR… Les huit principales têtes de liste ont défendu leurs programmes sur BFMTV, pour un grand oral à une semaine des élections européennes.

Une quinzaine de minutes pour convaincre. Les huit principaux candidats aux élections européennes ont participé à un grand oral décisif, à une semaine des élections européennes. Raphaël Glucksmann, Manon Aubry, Jordan Bardella, Léon Deffontaines, Marie Toussaint, Marion Maréchal, Valérie Hayer et François-Xavier Bellamy se sont succédé ce dimanche 2 juin sur BFMTV pour défendre leurs programmes.

"Des millions de français veulent une autre voie", a insisté le candidat PS-Place publique. Troisième homme de cette campagne avec 13% des intentions de vote dans notre dernier sondage Elabe, Raphaël Glucksmann a été invité à plusieurs reprises à clarifier ses futures alliances au Parlement de Strasbourg.

Avec le bloc de gauche d'abord, en particulier La France insoumise. Il dit être soutenu par d'anciens électeurs de Jean-Lu Mélenchon à la présidentielle, aujourd'hui "pétrifiés par la stratégie du bruit et de la fureur permanente" des insoumis.

Le candidat PS a répété à plusieurs reprises qu'il ne "dérogera pas du cap clair" qu'il s'est fixé, "en rupture totale avec ce que fait LFI aujourd'hui", a-t-il assuré.

Quant à la macronie représentée par la candidate Valérie Hayer, Raphaël Glucksmann a rappelé sa volonté de faire "le mariage entre l'écologie et la démocratie" et son positionnement sur l'Ukraine dont il parle "depuis 20 ans". Sa position entre ses opposants à gauche et à droite, le candidat socialiste la consacre avec cette formule: il n'est "ni Jupiter ni Robespierre".

Interrogée sur les propos de Rima Hassan, septième sur la liste de LFI aux européennes, la candidate de La France insoumise Manon Aubry a repris le terme de sa co-listière qui avait qualifié Israël de "monstruosité" après les frappes à Rafah.

"Prendre pour cible un camp de réfugiés humanitaires, vous ne pensez pas que c'est une monstruosité?", a-t-elle questionné sur notre plateau, avant de préciser: "Je ne fais pas la confusion entre l'État d'Israël et la population." Quant à la médiatique Rima Hassan, la tête de liste lui a réitéré son plus grand soutien.

"Si vous voulez de la cohérence dans le droit international, vous avez la possibilité d'envoyer la première franco-palestinienne au Parlement européen", a-t-elle déclaré.

Bien qu'elle aurait préféré être questionnée sur le pouvoir d'achat, Manon Aubry a été appelée à réagir au projet de cessez-le-feu au Proche-Orient, suggéré par les États-Unis. Favorable, elle estime que "toutes les initiatives qui vont faciliter la fin des horreurs et des massacres dans la bande de Gaza sont bonnes à prendre".

"Dans cette campagne, on a porté la voix de la paix", a tenu à rappeler celle qui est créditée à 8,5% des intentions de vote dans le dernier sondage Elabe pour BFMTV et La Tribune dimanche.

Une nouvelle fois, le candidat RN a été amené à expliquer son activité au Parlement européen par rapport à ses opposants. Invitée à citer une qualité et un défaut de Jordan Bardella sur le plateau de BFMTV, la candidate LFI Manon Aubry a évoqué ironiquement ses qualités en natation. "Il doit bien aimer la piscine vu le peu de fois qu'il est venu au Parlement européen", a-t-elle lâché, raillant un "beau député fantôme".

"Toujours en très grande élégance Mme Aubry et la France insoumise", a fustigé en réponse Jordan Bardella. Va-t-il être prêt à "travailler un peu plus" s'il est élu? Selon nos calculs, arrêtés la fin mars, le candidat d'extrême droite est la tête de liste au taux de participation aux scrutins en séance plénière le plus bas, avec 91,10%. Sur les autres critères d'activité des eurodéputés, il est le plus souvent en deçà de la moyenne des eurodéputés français.

Jordan Bardella se targue toutefois d'un taux de présence de 94% et invoque sa première place dans les sondages.

"Je travaille, demandez-vous plutôt pourquoi je suis en tête des sondages", se défend celui qui caracole à 32,5% des intentions de vote. "Je serai l'avocat des Français", soutient-il encore.

Le président du RN s'est ensuite attaqué à son opposante de La France insoumise au bilan bien meilleur que le sien, selon nos calculs: "Si un Français qui nous regarde est capable de citer un amendement de Manon Aubry qui a passé 5 ans à changer des virgules...", s'est-il moqué.

Crédité à 3% dans les derniers sondages, Léon Deffontaines est-il un candidat de folklore? La question a été posée à la jeune tête de liste du parti communiste qui a défendu sa place dans la campagne des européennes. À 28 ans, il assure être le "vote de la différence", "le vote social, le pouvoir d'achat et le travail", "le vote de conviction". Le communiste a même été jusqu'à défendre "un vote efficace pour nous permettre de dépasser les 5%, 5 élus de plus pour la gauche et 5 élus de moins pour la droite".

Interrogé ensuite sur sa position sur la question migratoire, Léon Deffontaines se positionne contre les "no borders" et pour la régularisation des travailleurs sans papiers. "Les États ont toujours eu des frontières (...) On doit continuer à accueillir, mais mieux accueillir, pour cela il faut une régulation", a développé le candidat communiste qui souhaite "recréer un véritable service public des douanes".

Pro-nucléaire, celui qui a passé son oral en duplex depuis Marseille, où l'attend son dernier grand meeting de campagne, a ensuite été invité à parler d'écologie.

"Je fais partie de cette génération climat, mais on doit retrouver une écologie populaire, qui remet la science au cœur", a-t-il estimé.

Pour faire baisser les émissions carbone, Léon Deffontaines ne souhaite pas le modèle écologique du 100% renouvelable qui, d'après lui, amènerait à une baisse de la consommation et de la production. Il est favorable "au mix énergétique, à l'augmentation de la production de nucléaire et au développement des services publics de proximité comme le train", a expliqué le jeune candidat, qui a d'ailleurs jugé que le principal défaut de la candidate écologiste Marie Toussaint est son opposition au nucléaire.

C'est elle, la candidate de l'écologie dans cette campagne, insiste Marie Toussaint. À sa droite, le candidat PS-Place publique, Raphaël Glucksmann, six points au-dessus d'elle dans notre dernier sondage, n'est "absolument pas le candidat du climat", affirme la candidate écologiste.

Le troisième homme des européennes dans les enquêtes d'opinion n'est qu'un "produit sympa qu'on met en tête de vitrine", plus vendeur que la pensée écologiste plus "cohérente et constante", d'après elle.

Créditée de 7% d'intentions de vote à une semaine du scrutin, l'eurodéputée sortante des Écologistes veut y croire, rappelant l'élan des manifestations de défense du climat qui avait émaillé la campagne en 2019, poussant le vent dans le dos des écologistes.

"Je ne dis pas que je suis parfaite, ni que les écologistes sont parfaits, mais on n'est pas dans la même situation qu'il y a 5 ans", "on est dans une ère de grand recul": "Tout le monde mène la guerre à l'écologie, en particulier l'extrême droite."

Visée par Libération, qui a évoqué "un plagiat d'un vieux programme du RN", Marion Maréchal a démenti tout "copier-coller" entre le programme de Reconquête et celui de son ancienne formation politique. "Ce sont deux lignes de contexte" qui ont été copiées, a-t-elle insisté, assurant qu'à aucun moment, ça ne remettait en question les différences de son programme qui l'oppose au Rassemblement national.

La candidate assure au contraire avoir des "différences notables" avec les propositions du parti à la flamme. "Je pourrais en citer beaucoup", dit-elle, sans toutefois s'étendre dessus.

Elle assure aussi que son groupe est capable de renverser le groupe de la majorité présidentielle au Parlement européen. "Je n'ai pas la culture du parti unique, on doit assumer nos différences", y compris au sein des droites, dit-elle.

Interrogée sur la faible cote donnée à sa liste dans les sondages - elle est créditée à 5% des intentions de vote - la tête de liste de Reconquête Marion Maréchal souligne que "tous nous donnent des élus". "Je suis sûre qu'on en aura plus" que ce que prévoient les enquêtes d'opinion.

La tête de liste Renaissance Valérie Hayer assure que "rien n'est joué" pour les élections, tandis qu'elle est donnée à 16% dans notre dernier sondage Elabe. Loin, très loin de la liste RN qui obtient plus du double des intentions de vote.

"C'est le moment où tout commence et où les Français commencent à s'intéresser aux européennes", explique-t-elle, arguant que le "contexte politique est difficile". "Les votes vont se cristalliser pour les derniers jours", assure-t-elle.

Le traité de libre-échange commercial entre l’Union européenne et le Canada (CETA) voté en 2016, qui suscite aujourd'hui de nombreuses critiques - notamment depuis que la crise agricole s'est aggravée début 2024 - a ensuite occupé une partie de l'oral de Valérie Hayer.

Cette fille d'agriculteurs de Mayenne assure être "respectueuse du vote des parlementaires", alors que le traité de libre-échange CETA doit être soumis au vote des députés, après avoir été rejeté par les sénateurs. Je souhaite que "chacun sorte des positions dogmatiques", a-t-elle insisté.

François-Xavier Bellamy, représentant "conservateur" comme l'a décrit son opposante de la majorité Valérie Hayer quelques minutes plus tôt, a défendu le récent tweet de son parti appelant l'Algérie à "tout reprendre" - "les biens et le mal: criminels, délinquants, clandestins, OQTF..." Les propos et l'illustration choisie ont été jugés "indignes" par Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France.

"Ce qui me choque vraiment, ce n'est pas un tweet, c'est la politique de l'Algérie (...) qui refuse de reprendre des ressortissants algériens qui ont commis des crimes sur le sol français, un pays qui a ajouté dans son hymne national un passage menaçant pour la France", a répliqué François-Xavier Bellamy.

"Je n'aurais certainement pas utilisé ces mots", a-t-il toutefois précisé, mais d'après lui, ce qui fait "monter le RN", c'est bien de ne "pas dire les choses".

Crédité de 6,5% des intentions de vote dans notre dernier sondage Elabe, François-Xavier Bellamy a estimé représenter "la seule liste capable de représenter les Français dans la grande famille de la droite au Parlement européen". Le candidat plutôt actif au Parlement européen selon notre bilan, explique qu'il a "le courage d'être là, matin, midi et soir" et de "travailler sans relâche pour faire passer la voix des Français au Parlement européen".

Article original publié sur BFMTV.com