"Pas un discours de campagne": l'Élysée répond aux critiques sur la prise de parole de Macron sur l'Europe

À moins de deux mois des élections européennes, le chef de l'État tiendra un discours sur le thème de l'Europe ce jeudi 25 avril à la Sorbonne. L'Élysée conteste qu'il s'agisse d'un meeting politique comme le dénonce l'opposition.

L'opposition dénonce un meeting politique. L'Élysée dément. Alors qu'Emmanuel Macron doit tenir un discours ce jeudi 25 avril sur le thème de l'Europe depuis la Sorbonne à Paris, certains politiques de l'opposition dénoncent le timing de cette intervention qui vise à "donner le cap des années à venir". Les élections européennes ayant lieu en France le 9 juin prochain, les candidats ont débuté leur campagne.

"Il utilise encore son rôle de Président pour faire campagne, une grave atteinte à la démocratie. Le 9 juin, on démacronise l'Europe!", a dénoncé l'eurodéputée LFI Manon Aubry sur BFMTV.

L'Élysée nous l'assure pourtant ce mardi: ce n'est pas "un discours de campagne".

"C'est un discours de chef d'État devant une large assemblée, qui n'est pas une assemblée militante, qui engage la parole de la France. Lors du dernier Conseil européen, le président de la République disait qu'il pouvait être amené à s'engager, mais ce sont deux choses bien distinctes", nous ont-ils répondu.

Les services du président estiment aussi que la "très grande diversité de forces et de sensibilités" invitées à ce discours prouve qu'il ne s'agit pas d'un meeting politique.

"C'est un discours auquel ont été invitées toutes les personnes du décret de 1989. Anciens présidents, présidents des Chambres, eurodéputés...[...] Sauf erreur de ma part, il n'y a pas la même pluralité, dans les meeting politiques", ont-il souligné. "Il y aura aussi des entreprises, des étudiants, des intellectuels... Ce sera une assemblée très large et conforme à l'esprit de la Sorbonne. Les ambassadeurs de l'UE à Paris ont aussi été invités".

En réaction à la tenue de ce discours, le Rassemblement national va organiser une conférence de presse le jeudi 25 avril à 16h30 au siège du parti pour présenter sa vision de l’Europe et son projet, a appris BFMTV.

"On veut montrer que le discours du président est un événement de campagne et c’est un moyen de réinstaller le duel", déclare un cadre de la campagne.

Caroline Parmentier, responsable presse de la tête de liste RN nous avait également affirmé plus tôt que le président du parti Jordan Bardella "ne participera pas à cette mascarade qui n'est d'autre qu'un meeting politique aux frais du contribuable".

Autre point de tension: cette prise de parole aura lieu le même jour que la dernière séance plénière au Parlement européen. Des députés de l'opposition dénoncent ce choix.

Pour l'Élysée cela ne semble pas être un problème:

"Libres à eux de venir ou non en raison de leur agenda", répondent-ils.

Ce discours "de projection", qui s'inscrit "dans la continuité de celui qu'il a prononcé en 2017 " à la Sorbonne également - "lieu de naissance de l'idée européenne"- vise à ce que la France "apporte sa contribution" et "pèse" avant le Conseil européen du 27 et 28 juin prochains.

Et si ce discours survient si tôt, avant les élections européennes et près de deux mois avant ce Conseil européen qui survient tous les cinq ans, c'est parce qu'il faut "un temps d'infusion" justifie l'Élysée.

La majorité est également embarrassé par une vidéo postée par l'Élysée sur X (ex-Twitter), mercredi 17 avril dernier, dans laquelle Emmanuel Macron vante les mérites de Valérie Hayer, tête de liste Renaissance aux Européennes.

"On a la bonne candidate et je suis confiant", y déclarait le président de la République en arrivant à Bruxelles pour la traditionnelle réunion du groupe centriste Renew, avant l'ouverture d'un sommet européen. "Et surtout on a, pour moi, les bonnes idées et celles qui se sont mises en place en Europe ces dernières années", a-t-il ajouté lors de cette première apparition publique du chef de l'État et de la tête de liste de son parti depuis le début de la campagne.

En raison de cette vidéo, le coordinateur national de la France insoumise, Manuel Bompard, a annoncé ce même jour avoir saisi la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP).

Pour ce dernier, "l'utilisation des moyens de l’Élysée pour faire la campagne de la liste soutenue par le président de la République est contraire aux règles de financement électorales". La vidéo a depuis été supprimée par les services de l'Élysée.

Article original publié sur BFMTV.com