Les Etats-Unis mettent en garde Israël contre une guerre contre le Hezbollah

Un avion de combat F-16 de l'armée de l'air israélienne survole la zone frontalière entre le nord d'Israël et le sud du Liban, le 25 juin 2024 (JACK GUEZ)
Un avion de combat F-16 de l'armée de l'air israélienne survole la zone frontalière entre le nord d'Israël et le sud du Liban, le 25 juin 2024 (JACK GUEZ)

Les Etats-Unis ont averti mardi Israël qu'une guerre contre le Hezbollah libanais pourrait provoquer un conflit régional, après une escalade des échanges de tirs transfrontaliers et de la rhétorique belliqueuse entre les protagonistes ces dernières semaines.

Sur le front sud d'Israël, dans la bande de Gaza, l'armée israélienne a poursuivi ses bombardements sur le territoire palestinien dévasté par près de neuf mois de guerre, des agences de l'ONU s'inquiétant de la crise humanitaire majeure avec un demi-million de Palestiniens souffrant de faim à un niveau "catastrophique".

La guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre, a entraîné des violences quotidiennes à la frontière israélo-libanaise, entre le Hezbollah, un allié du mouvement islamiste palestinien, et l'armée israélienne.

"Une guerre entre Israël et le Hezbollah pourrait facilement devenir une guerre régionale, avec des conséquences désastreuses pour le Moyen-Orient", a averti le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, en recevant son homologue israélien Yoav Gallant au Pentagone.

"La diplomatie est de loin le meilleur moyen d'éviter une nouvelle escalade", a-t-il ajouté.

M. Gallant a déclaré que "nous travaillons en étroite collaboration pour parvenir à un accord, mais nous devons également nous préparer à tous les scénarios possibles".

En visite à Beyrouth, la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock a averti qu'une "erreur de calcul" pouvait provoquer à tout moment une guerre à grande échelle entre le Hezbollah et Israël.

- "Redéployer des forces au nord" -

Mardi, le Hezbollah a revendiqué trois attaques contre des positions militaires dans le nord d'Israël, en représailles à un raid israélien lundi sur ses positions dans la Békaa dans l'est du Liban.

La semaine dernière, le chef du mouvement libanais qui exerce une influence prépondérante au Liban, Hassan Nasrallah, a averti qu'"aucun lieu" en Israël ne serait épargné par les missiles de son mouvement, après que l'armée israélienne a annoncé que "des plans opérationnels pour une offensive au Liban" avaient été "validés".

Dimanche, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé que la phase "intense" des combats touchait à sa fin dans la bande de Gaza, affirmant qu'ensuite, Israël pourrait "redéployer certaines forces vers le nord", à la frontière avec le Liban, "à des fins défensives".

Le Hezbollah a ouvert le front avec Israël en soutien au Hamas au lendemain de l'attaque du mouvement palestinien le 7 octobre dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.195 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Sur 251 personnes enlevées durant l'attaque, 116 sont toujours retenues à Gaza, dont 42 sont mortes, selon l'armée.

Israël a juré de détruire le Hamas et lancé une offensive d'envergure contre Gaza qui a fait jusqu'à présent 37.658 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.

- 10 proches du chef du Hamas tués -

En annonçant que la phase "intense" des combats touchait à sa fin à Gaza, Benjamin Netanyahu a fait notamment référence à la ville de Rafah (sud) où l'armée a lancé le 7 mai une offensive terrestre.

Il a répété que "l'objectif" était "de récupérer les otages" et de "déraciner le régime du Hamas", en place depuis 2007 à Gaza et considéré comme terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.

Mardi, le Hamas a annoncé que la soeur du chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, ainsi que neuf autres membres de sa famille, avaient été tués dans une frappe israélienne sur le camp de réfugiés de Chati à Gaza-Ville (nord). L'armée n'a pas confirmé.

"Si l'ennemi criminel pense que cibler ma famille nous fera changer de position et affectera notre résistance alors il se berce d'illusions", a réagi M. Haniyeh, qui vit en exil au Qatar.

Selon des témoins, une frappe israélienne a en outre fait cinq morts, dont deux enfants, près de l'hôpital al-Chifa à Gaza-Ville.

- "Ils perdent une ou deux jambes" -

Au 9e mois de la guerre, l'armée israélienne maintient le siège de quelque 2,4 millions d'habitants dans le petit territoire palestinien, où existe un "risque élevé et soutenu" de famine selon un rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), sur lequel se base les agences de l'ONU.

Le rapport a précisé que 495.000 personnes souffraient toujours de la faim à un niveau "catastrophique" dans la bande de Gaza, tout en faisant état d'une légère amélioration de la situation humanitaire dans le nord du territoire.

Selon le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) Philippe Lazzarini, "en gros, nous avons tous les jours 10 enfants qui perdent une ou deux jambes en moyenne (à Gaza). Dix par jour, ça veut dire environ 2.000 enfants après plus de 260 jours de cette guerre brutale".

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